Publié par Anonyme (non vérifié) le ven, 18/05/2012 - 17:03

Alain Durand, président du pays gapençais et adjoint au maire de Chorges qui envisageait de se présenter dans la 1ère circonscription de Gap et du Buëch a finalement décidé de jeter l'éponge considérant qu'il fallait privilégier l'union de la droite dans une élection qui s'annonce très difficile, tout en regrettant que la sensibilité de centre droit ne soit pas représentée. Ci-dessous le communiqué adressé par Alain Durand:
Communiqué de presse
Je vous suis reconnaissant de bien vouloir relayer dans la presse ma
prise de position eu égard aux élections législatives
C’est à la demande d’un certain nombre d’élus et de personnes civiles du bassin gapençais que la
question de ma candidature aux élections législatives a été évoquée pour la deuxième fois. Après
mure réflexion, ma décision est que je ne me présenterai pas à cette élection.
Je regrette que la sensibilité du centre droit ne soit pas suffisamment représentée dans le débat
qui s’est ouvert, mais j’ai considéré qu’il fallait favoriser l’union de toutes les sensibilités de
droites dès le premier tour de cette consultation.
Je compte bien, dans les années qui viennent, prendre une part active à la
recomposition du paysage politique départemental. J’aurai donc d’autres occasions
de faire partager aux haut-alpins mes propositions et ma volonté de faire avancer ce
département.
Cependant, cette décision ne me dispense pas d’une analyse sommaire de la situation politique de
la nation comme de notre département.
Tout d’abord j’observe avec attention que le nouveau Président de la République semble rentrer
rapidement dans le costume de ses fonctions, soutenu qu’il est par tout l’appareil d’Etat. La
composition de son gouvernement témoigne d’une volonté de renouveler le paysage politique
français comme l’a fait Nicolas Sarkozy en son temps. La parité, beaucoup de jeunesse : autant de
signes qui nous laissent espérer que sa volonté de changement n’est pas feinte.
C’est l’alternance qui s’applique, le fondement de l’expression démocratique de notre pays!
On peut espérer, pour le bien de tous, que ce nouvel exécutif saura faire face aux difficultés
et à la période de troubles qui nous attendent. Ce n’est pas un gouvernement de salut public
mais, en observant nos proches voisins européens, on voit bien que toute une partie de la classe
politique est discréditée (enfermée qu’elle est dans ses logiques d’appareil), et coupée de la réalité
quotidienne de la population. Le renouvellement a du bon de ce point de vue là au moins : il nous
laisse espérer une issue et l’émergence d’un projet pour la nation.
La financiarisation de l’économie, l’effondrement du système financier en 2008, la crise nucléaire
japonaise, la crise économique dont on subit encore une nouvelle vague, la dette de l’Etat,
un modèle de développement obsolète… ne sont pas des questions qui peuvent être traitées
fera les frais le premier s’il est incapable de réinventer son avenir. Aucune structure ne peut vivre
perpétuellement sous perfusion et à crédit. A moyen terme les enjeux sont fondamentaux et
touchent à notre subsistance : se loger, se nourrir, se déplacer et travailler et vivre autrement.
Cela signifie aussi que le bipartisme qui reste structurellement ancré dans les esprits (droite/
gauche, gauche/droite…) est cliniquement mort, c’est pourquoi tous ceux qui accèdent aux
responsabilités doivent le faire avec modestie et ouverture d’esprit.
Quelques remarques sur un projet la nation et pour le département
Notre département ne sera jamais pleinement concurrentiel en termes d’industrie, il a manqué
son entrée dans ce domaine au siècle dernier. Cela vaut, dans une certaine mesure aussi, pour
l’économie touristique, où il y a beaucoup à faire, en particulier aux abords du lac de Serre Ponçon.
C’est par des productions de qualité et une relocalisation de l’économie qu’il trouvera le salut:
autrement dit, réduire les circuits de conception / fabrication / commercialisation des produits,
créer de la valeur ajoutée sur place, innover et promouvoir intelligemment. De ce point de vue un
territoire comme le Champsaur, territoire d'expérimentation, offre des modèles à développer et
affiner sur le reste du territoire haut-alpin. Les nouvelles politiques territoriales de l’Etat (qui sont
en préparation) comme de l’Europe, sont très attendues.
Touchant les fondamentaux de la République, c’est la question de la cohésion sociale qui me
semble cruciale dans le 05: comment faire du lien entre les gens en période difficile? Les questions
de sécurité ou de discriminations, sont secondaires ici. En revanche, organiser la cohabitation
de différentes populations sur des problèmes ardus comme le transport, la santé, la garde des
enfants, l’utilisation des espaces (résidentiels, naturels, touristiques ou agricoles) n’est pas une
mince affaire.
L’agriculture: voilà un sujet ancré localement. L’agriculture traditionnelle (polyculture/élevage),
à la veille de la renégociation des accords portant sur la PA C, comme l’arboriculture et le
pastoralisme, ont besoin d’un souffle nouveau et de nouveaux axes de développement. On ne
peut pas demander à un agriculteur de faire 36 métiers, mais il doit pouvoir vivre décemment
de son travail et participer activement à l’humanisation du quotidien haut-alpin. Des produits de
qualité, de beaux espaces, marqués par l’activité humaine, sur lesquels il travaille jour après jour,
forment le caractère de ce territoire d’accueil.
Une gouvernance participative : tous ceux participent à l'effort collectif, entre autres par l’impôt,
doivent pouvoir s’exprimer sur les décisions publiques.
Les désenclavements, pour la préservation et la mise en valeur d'un cadre de vie unique. Le
premier d’entre eux étant le désenclavement numérique, puis l’amélioration des transports
ferroviaires et des routes existantes.
Le poids spécifique d’un territoire de montagne: c’est la réserve d'eau et un lieu de ressourcement
des zones et des populations urbaines. La prise en compte de ce territoire, sur la carte nationale,
ne peut pas se faire sur le seul critère de la population sédentaire, mais également sur l’évaluation
des richesses qui bénéficient à tous.
La réforme territoriale doit être poursuivie sur deux axes : l’achèvement de la carte
intercommunale et simplification des normes administratives qui entravent l'action. Le prochain
gouvernement devra limiter la production inflationniste des textes pour laisser le temps aux
organisations territoriales (comme aux acteurs privés), de les digérer d’avancer sur les dossiers. La
création d'une agence de financement des collectivités est une bonne chose. La libéralisation du
marché bancaire des années 80 donne beaucoup trop de poids aux banques vis à vis des besoins
d'investissement des collectivités. Il faut une meilleure préservation de leur capacité à investir à
des tarifs compétitifs et neutraliser durement les dérives comme celles des emprunts toxiques. Ces
investissements font partie du patrimoine de la nation et ils doivent être considérés comme tels.
L’éducation est une question cruciale puisque c’est elle qui assure la transmission des valeurs, des
savoirs et des savoir-faire : pourquoi pas la valorisation et l’excellence des filières techniques et
professionnelles, en accord avec les principes de relocalisation. Des démarches innovantes sont en
marche, comme sur le pôle aéronautique de Tallard, il faut les reproduire dans d’autres secteurs de
l’activité et les développer.
L’habitat: tout ce qui pourra être entrepris dans le sens de l’accès au logement, du renouvellement
du parc immobilier (collectif ou individuel, sous maitrise privée ou publique), du maintien de prix
raisonnables du loyer, de l'accès à la propriété, est valable. Nous devons aussi renouer avec les
avantages fiscaux en vue de l’acquisition d’un bien immobilier.
Justice: on voit bien que les tribunaux sont engorgés, l'indépendance des magistrats a été pas mal
bousculée ces derniers temps et la question des jurys populaires est pressente. Mais ces questions
se posent de manière atténuée dans un département rural.
En ce qui concerne la santé : bien sûr que les questions de la dépendance, du handicap, de la carte
des établissements de santé, se posent de manière lancinante, mais la question qui conditionne
toutes les autres, pour les 20 ans à venir dans notre département, est celle sur vieillissement de la
population. A ma connaissance nous n’avons pas encore tiré toutes les conséquences pratiques de
ce qu’indiquent les courbes de la pyramide des âges.
La question de la famille est intiment liée a celle du système éducatif, mais je trouve intéressante
les initiatives de certains pays d’Europe du nord qui accordent une rémunération et une attention
toutes particulière à la mère de famille, pendant les premières années de l’enfant. Non pas
pour confiner les femmes aux soins domestiques, mais parce qu’il y a là une donnée biologique
incontournable et que les femmes doivent pouvoir ne rien perdre de leurs droits fondamentaux
lorsqu’elles deviennent mère, puis avoir les moyens de renouer avec l’emploi quand elles le
désirent. Ces politiques ont une importance plus décisive encore pour les familles recomposées et
les mères isolées.
La culture est le sel de la vie ou, plus exactement, le sens de la vie. De grands efforts ont été fait
dans l’après guerre pour bâtir des politiques culturelles nationales et, dans le même temps, une
décentralisation des structures (scènes nationales, etc.). Cet effort doit être poursuivi et augmenté
pour faire face à l’inflation de tous les produits de la subculture américaine qui envahissent les
ondes et nos écrans. Les collectivités locales ont leur part de responsabilité dans cet effort.
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