Publié par Anonyme (non vérifié) le lun, 03/12/2012 - 08:46

Hautes-Alpes : "Il est facile de juger dans le confort de sa vie parisienne". Ces mots ce sont ceux de l'ex-adjudant-chef Guy Rogel, ancien membre du 4e RC de Gap Il risque aujourd'hui jusqu'à trente ans de réclusion criminelle. Le gapençais et trois de ses hommes sont jugés devant la Cour d'Assises de Paris pour le meurtre de Firmin Mahé. L'affaire remonte à 2005, en Côte d'Ivoire. Firmin Mahé est alors un "coupeur de route", un bandit connu pour piller et tuer dans la zone d'action de l'adjudant chef Rogel. Arrêté, Firmin Mahé n'arrivera jamais à sa destination : Guy Rogel l'étouffe avec un sac plastique.
Le procès qui se poursuit aujourd'hui est donc exceptionnel. Des militaires sont jugés devant une Cour Civile pour des actes alors qu'ils étaient en service. Il doit surtout répondre a de nombreuses questions : qui a donné l'ordre de tuer Mahé ? L'éxécution d'un ordre est-il passible de la réclusion criminelle ? L'adjudant-chef Rogel a-t-il franchi la ligne rouge ? "Le contexte de guerre civile était opressant, nous n'avions pas le recul pour juger de la légalité de cet ordre", explique le principal accusé. "On a pas le droit de mettre les soldats dans de telles situations. Il n'y avait aucun autorité, pas de représentants gouvernmentaux... ces coupeurs de routes agissaient en toute impunité", s'emporte Guy Rogel estimant enfin : "A ce moment là, étant donné notre niveau d'implication, oui, la fin justifiait les moyens".
Les proches de Firmin Mahé, eux, devraient témoigner dès aujourd'hui, pour réaffirmer qu’il n’était pas le bandit que dépeignent les militaires français. A noter aussi, le témoignage, demain après-midi, de l’ancienne ministre de la Défense française Michèle Alliot Marie.
Demain c'est également le général Poncet qui doit témoigner. Il ne devrait pas être inquiété : il avait nié avoir donné l’ordre de l’exécution et a bénéficié d’un non-lieu. Un témoignage suscite pourtant beaucoup d’attentes, alors que les responsabilités dans cette affaire restent à déterminer, chacun rejetant à l’échelon supérieur la décision de l’exécution de l’ivoirien. Le colonel Burgaud, qui a comparu jeudi devant le tribunal, avait fini par reconnaître avoir donné l’ordre à ses hommes d’exécuter Firmin Mahé avec cette formule : «Roulez doucement, vous m’avez compris». Il avait, dans le même temps, expliqué pourquoi il avait nié avoir donné un tel ordre : « j’avais peur d’aller en prison… j’ai été lâche", tout en affirmant qu’il pensait qu’achever Firmin Mahé était « la moins pire des solutions".
Il a, ensuite, assuré une nouvelle fois qu’il avait reçu l’ordre d’exécution du général Poncet, alors commandant de la force licorne : « Je n’ai pas eu le courage de m’opposer au général Poncet », a-t-il regretté.
Guy Rogel :