Publié par Jean Marc Passeron le ven, 21/06/2013 - 20:57

Hautes-Alpes: C'est après une première réaction d'énervement, par l'humour que la député Karine Berger a décidé de réagir suite à l'étonnant "buzz" qu' a généré son interview à la Provence: "Nous allons faire un pot pourri des tweets qui nous on fait le plus rire!".
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Une bonne idée pour sortir d'un incroyable déferlement de tweet suite à interview donnée à La Provence il y a quelques jours et qui a déclenché un flot inattendu de commentaires et de railleries sur le réseau social Twitter au point de la placer en tête des consultations vendredi! Les moqueries portent sur des phrases de cet interview où elle parait se présenter comme très influente et où certaines réponses apparaissent comme prétentieuses « j'ai le sentiment d'être extraordinairement influente », « ma voix a fortement pesé », « ma capacité à faire bouger les lignes a sans doute surpris », « beaucoup m'abordent en me disant, on parle énormément de vous »Ils sont nombreux du coup à rivaliser d'inventivité sur le sujet ...non sans s'éloigner bien souvent de l'ITV initiale. A vous d'en juger.
Voilà en tout cas un énième exemple de ce nouveau paramètre que les politiques doivent prendre en compte: les réseaux sociaux. En l'espace d'une journée le sujet à fait le tour de la toile. L'UMP s'est enfoncé dans la brêche par le bais d'un communique d'Arnaud Murgia candidat à Briançon: " Karine Berger, au lieu de se gausser de son prétendu talent, ferait donc mieux d'apprendre des montagnards haut-alpins, qu'elle ne voit sans doute pas beaucoup, leur humilité pourtant bien connue."
Quelques "tweets choisis":
Le pape remercie @Karine_Berger pour son élection : "sans KB je n'aurais pas eu la force " # Vatican
Karine Berger n'est pas égale à elle même... Elle est supérieure.
Quand Karine Berger va au Louvre, la Joconde prend une photo d'elle. Niki (@NikiShey)
L'ombre n'existe que grace à la lumière de Karine Berger. Ne la remerciez pas, c'est tout naturel. — Jean Christophe (@ssplio)
#EXCLUSIF Paul McCartney & Ringo Starr annoncent la reformation des BEATLES KARINE BERGER va remplacer John Lennon & George Harrison #SaveKB
Karine Berger ne porte pas de montre. Elle décide de l'heure qu'il est. #saveKB
Laurent Blanc vient de signer au PSG; Karine Berger avait donné son feu vert dans la matinée
Karine Berger peut compter jusqu'à l'infini deux fois de suite.
Ivre, Karine Berger aurait déclaré n'être qu'un personnage politique de second rang.
Pythagore enseignait le théorème de Karine Berger.
...tous les autres sont dans le même registre
Du coup La Chaîne Parlementaire a interviewé Maurice Fortoul, le journaliste de la Provence qui a réalisé cet entretien à l'origine de ce "buzz" étonnant:
"Elle n'est pas prétentieuse, elle est ambitieuse". Le journaliste qui a mené l'entretien revient sur cette "interview du dimanche" qui avait vocation à "mieux la faire connaître de ses électeurs".
Après le "buzz" autour de l’interview de Karine Berger dans la Provence, Maurice Fortoul revient sur les coulisses de cet entretien pour LCP.fr
LCP.fr - Comment s’est passée cette interview de Karine Berger dont on parle beaucoup sur internet ?
Maurice Fortoul : Ça s’est très bien passé. Je commence à la connaître un peu. Elle a très vite surpris tout le monde ici. Son élection a été une belle élection. Elle a beaucoup d’énergie, elle est intelligente, elle-même est surprise de son succès médiatique.
LCP.fr - Certains la trouvent "prétentieuse" après avoir lu cet entretien ?
Elle n’est pas prétentieuse, elle est ambitieuse. Pour une fois que quelqu’un montre de l’ambition dans notre département, c’est plutôt rassurant. Elle a d’ailleurs de grandes chances d’être au gouvernement. Du moins c’est ce qui se dit dans le petit monde politique haut-alpin. Elle veut faire bouger les lignes, l’ensemble des médias s’en rend compte.
LCP.fr - Où et comment s’est déroulé votre entretien ?
Dans sa permanence de Gap, en tête-à-tête. J’ai pris des notes et j’ai enregistré. Je n’ai même pas eu besoin de réécouter. Peut-être que j’ai retranscris de manière simple, mais tout ce que j’ai écrit elle me l’a dit.
LCP.fr - A-t-elle demandé à relire l’interview ?
Je suis un vieux de la vieille ici, les politiques ne me demandent pas de relire l’interview. Quant à ma rédaction, personne ne m’a demandé de précision, ils ont relu le papier et l’ont mis en ligne.
LCP.fr - On parle beaucoup de votre interview sur le net, pas forcément en de très bon termes…
Si à Paris les médias s’y intéressent, j’en suis ravi, c’est tellement rare. Internet, c’est le lieu de prédilection pour les gens qui veulent se défouler, parfois de manière anonyme d’ailleurs. Je ne suis pas surpris, même Joël Giraud, l’autre député de la circonscription m’a dit qu’il en avait entendu parler. Ça fait le buzz !
LCP.fr - Certains critiquent une interview complaisante, qu’en pensez-vous ?
C’était dans le cadre de l’interview du dimanche, il n’était pas question d’avoir des questions agressives. Nous ne sommes pas Mediapart. Le but était surtout de mieux la faire connaître à nos lecteurs, un an après son élection.
Propos recueillis par Astrid de Villaines
L'interview de la Provence qui a déclenché ce flot de plaisanteries ou railleries:
L'entretien de la semaine
Karine Berger : femme pressée et ambitieuse, la députée de Gap brûle les étapes
Gap / Publié le dimanche 16 juin 2013 à 17H41
Il y a un an jour pour jour cette polytechnicienne obtenait son 1er mandat éléctif dans son département de coeur
Karine Berger : femme pressée et ambitieuse, la députée de Gap brûle les étapes
Premier mandat législatif pour Karine Berger, 40 ans. Respectée par ses pairs, elle a aussi l'oreille du président Hollande.
Toute jeune quadragénaire, Karine Berger avait effectué un premier galop d'essai lors des législatives en 2007. Son succès du printemps dernier lui offrit ni plus ni moins que son tout premier mandat électif et par la même occasion une belle entrée dans le monde politique. Elle succédait alors à une autre femme, Henriette Martinez (UMP) qui ne se représentait pas, peut-être guidée par son flair, car sûrement menacée par cette jeune challenger socialiste.
Élue Karine Berger est devenue membre de la Commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire de l'Assemblée nationale. Désignée secrétaire nationale du Parti socialiste à l'Économie, elle devient, en 2013, rapporteur du "Projet de loi de séparation et de régulation des activités bancaires."
Très vite placée en pleine lumière, Karine Berger a connu le succès médiatique. Un engouement dû à ses compétences en matière économique. D'ailleurs,l'économie n'a pas tardé à être en pointe du mandat de François Hollande dont elle est conseillère.
La députée des Hautes-Alpes est diplômée de l'École polytechnique, de l'École nationale de la statistique et de l'administration économique (Ensae) et de l'Institut d'études politiques de Paris. Une carte de visite enviable, à laquelle se sont donc ajoutés un mandat national et une écharpe tricolore. Un an après son élection, Karine Berger a volontiers répondu aux questions de La Provence.
- Trois cent soixante-cinq jours après votre élection, si c'était à refaire ?..
Karine Berger : Ah oui ! J'ai vraiment l'impression que tout ce que je pensais faire et réaliser, ça s'est passé. Aussi bien pour les dossiers locaux que nationaux dans lesquels j'ai plongé. Je peux vous assurer qu'être député sous la Ve République ce n'est pas être godillot ! Mais je suis épuisée physiquement au terme de cette année de mandat ; il faut être en bonne santé parce que c'est non-stop. Bien sûr, c'est aussi en raison de mon choix d'aller sur tous les fronts. Ce que j'ai délibérément fait pour émerger parmi les 577 députés.
- Votre engagement politique remonte à quelle époque ? Et pour quoi faire ?
K.B. : À l'âge de 14 ans, j'ai évolué autour des Jeunesses Communistes et du Mrap (Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples); ces deux mouvements étaient les plus percutants dans la lutte contre le racisme. Une fois mes études achevées, j'ai adhéré au Parti Socialiste, j'avais 27 ans, dans l'idée d'être élue un jour. Car l'élection est la vraie force de l'action, mais je ne pensais pas y arriver aussi vite. Je considère que dans notre démocratie, le vrai pouvoir est politique. Il peut tout s'il le souhaite et il possède la légitimité des citoyens. Quand j'ai opté pour le domaine économique, dans mon cursus d'études supérieures, je me suis préparée sans le savoir à mon métier de députée.
- Vous bénéficiez d'une grande notoriété et vous apparaissez comme une interlocutrice privilégiée des médias. Comment prenez-vous cette surexposition ?
K.B. : Effectivement, je suis l'un des députés les plus visibles. J'ai le sentiment surtout d'être extraordinairement influente dans l'équilibre croissance - austérité. Ma voix a fortement porté et le Président de la République l'a entendue. De même pour la loi bancaire. J'avoue que cette capacité à faire bouger les lignes dès la première année de mon élection a sans doute surpris... C'est aussi le fruit de ma motivation, de mon ambition et de mon énergie.
- Maintenant que vous partagez votre temps entre Paris et votre circonscription, il y a forcément une distorsion; quelle est-elle ?
K.B. : Il y a un grand écart, et pas seulement kilométrique. Mais être en permanence à prendre le pouls du pays, à l'Assemblée nationale et sur le terrain, c'est comme deux électrodes et je sais exactement ce que pensent les Haut-Alpins. Par contre, il y a un aspect négatif, c'est le temps législatif qui est long et, de plus, j'agis dans un domaine technique. S'attacher à réguler la finance mondiale d'un côté et traiter du local d'un autre, c'est bien différent. Mais passionnant.
- Que pensez-vous des Haut-Alpins ?
K.B. : Je me réfère notamment au débat sur le mariage pour tous pour étayer mon jugement. Dans les Hautes-Alpes, il a été apaisé, démocratique, républicain. Loin des invectives et des tensions quiont affecté d'autres endroits du pays. Finalement, les gens sont assez libéraux ici. Beaucoup m'abordent en me disant : "On parle énormément de vous." J'y vois une occasion pour les Haut-Alpins de se rabibocher avec le reste du pays puisque, au bout du compte, on parle des Hautes-Alpes.
- Une tentative visant à faire croire que vous étiez "parachutée" a été plus ou moins activée lors de la campagne législative. Quelles sont vos attaches avec les Hautes-Alpes ?
K.B. : J'ai un véritable ancrage haut-alpin du côté maternel. À Chorges, précisément, où la famille de ma grand-mère s'est établie après 1780, venant d'Embrun. D'ailleurs, pour l'anecdote historique, deux dauphins - du blason d'Embrun - figurent toujours sur la porte d'entrée de la maison familiale à Chorges, qui demeure le point de ralliement de la famille.
- Nos lecteurs auront compris que vous avez une vie trépidante. Avez-vous le temps de vivre à côté de la politique ?
K.B. : Cette année, franchement, non ! Au mois de novembre, je me suis aperçue que je n'avais plus dîné avec des amis depuis mon élection. Et ce soir-là, je suis appelée par Matignon et le Premier Ministre, j'ai dit non ! Cet été, je prendrai un peu de repos car j'en ai besoin. Il y a quelques jours, j'ai eu un malaise dû au surmenage sans doute...
- Dans la vie, qu'est-ce qui vous séduit le plus ? Vous irrite le plus ?
K.B. : Je suis une vraie intellectuelle, alors le plaisir de découvrir de nouvelles choses est enraciné en moi. En ce moment, je lis un livre en Italien (la langue de Dante lui est familière, ndlr) et, sur ma table de chevet, j'ai le mensuel "Tangente" consacré aux mathématiques. J'aime pouvoir découvrir les facettes du génie humain. A contrario, ce qui m'agace, c'est ce côté "on baisse les bras; de toute façon tout va mal." Ce "déclinisme" m'exaspère.
- Vous êtes élue d'un département dont le patrimoine naturel est une grande richesse. Vous devez y être sensible comme tous les Haut-Alpins. D'ailleurs, vous sentez-vous écologique ?
K.B. : J'ai une vision, une vie qui intègre l'écologie de manière pratique; tout ce qui peut être fait doit l'être, mais, quand l'écologie est amenée à bloquer le progrès il faut être vigilant. Pour moi, l'écologie, c'est de trouver des solutions pour faire de mieux en mieux.
Propos recueillis par Maurice Fortoul