Hautes-Alpes: Crèche attaquée devant les tribunaux: Le coup de gueule de Mgr Di Falco sur la Laïcité

On pouvait s'y attendre; Dans sa chronique du Point cette semaine Mgr Di Faco évêque de Gap et d'Embrun revient sur le sujet de la laïcité à la faveur de l'affaire de la crèche de Vendée qui a fini devant les tribunaux. L'évêque "suggère à la Libre-pensée de passer un contrat avec la société Bouygues qui est bien équipée pour entreprendre la destruction de tout ce qui, de près ou de loin, peut rappeler la religion. Quel scandale de voir des clochers dans le moindre petit village, des croix au carrefour des routes. Et puis il va falloir aussi changer le nom de tous les villages, vous savez, ceux qui commence par « Saint »"… ajoute Monseigneur Di Falco.
Et l'évêque d'ajouter qu'un prêtre du diocèse a reçu "des lettres anonymes de personnes qui ont trouvé scandaleuse sa présence devant le monument aux morts pendant les commémorations du 11 novembre dernier alors qu’il y avait été invité par le maire ! "Les prêtres seraient-ils des citoyens de seconde catégorie ?" lance l' évêque de Gap et d'Embrun.

Voici sa chronique en vidéo:

http://www.diocesedegap.fr/chronique-mgr-jean-michel-di-falco-leandri-la...

et le texte complet de sa chronique:

Bonjour,

Je suis scandalisé, et je tiens à le dire ici haut et fort. Dimanche dernier je me suis rendu sur un marché de Noël organisé par une commune et quelle ne fut pas ma surprise, là, juste à l’entrée, devinez ce qui s’affichait sous nos yeux ? Une crèche vivante. Oui, oui, vous avez bien entendu : une crèche vivante, là, sur un marché communal ! Mais attendez, le scandale a été à son comble lorsque mes oreilles ont été agressées, littéralement agressées, par la sonorisation qui diffusait sur l’ensemble du marché, vous savez quoi ? L’Ave Maria de Gounod ! J’ai aussitôt demandé un siège pour m’asseoir. J’étais tellement bouleversé par un tel scandale que j’ai frisé la syncope. Vous vous rendez compte, une crèche vivante sur un marché communal ! On ne respecte plus rien, même pas la laïcité !

Dès que j’ai retrouvé mes esprits, je me suis empressé de dénoncer le maire de cette commune aux gardiens du temple de « Sainte Laïcité ».

J’espère que vous n’avez pas pris mes propos au sérieux, et s’ils vous font sourire vous avez bien raison tant ce type de débat sur les crèches dans les lieux publics est dérisoire, grotesque, pour ne pas dire un combat d’arrière-garde.

Les exemples ne manquent pas. La crèche installée dans le hall du conseil général de Vendée a fini devant les tribunaux. L’enfant Jésus n’était pas encore dans sa crèche, mais un couple et quelques animaux sur la paille ont suffi pour faire plier le tribunal administratif de Nantes. Soit dit en passant, certains pourront s’étonner de la rapidité de la justice dans cette affaire ce qui n’est pas toujours le cas. Le maire de Béziers a également eu l’idée saugrenue de concevoir Noël dans ses origines et avec ses traditions et malgré les pressions il maintient la crèche dans sa mairie en dénonçant, je cite : « les ayatollahs de la laïcité », visant ainsi la Fédération de la Libre-Pensée qui n’aime pas que l’on pense autrement qu’elle !

Continuons dans le grotesque. L’an dernier, à Nantes, un marché de l’Avant a été organisé. Tout en gardant son A majuscule, l’orthographe est passé de A. V. E. N. T à A. V. A. N. T. J’espère seulement que le Père Noël de l’affiche représente celui de Coca-Cola et non saint Nicolas.

Mais Jésus dans sa crèche n’est pas le seul attaqué. Sa mère, Marie, qui est à l’origine du rassemblement de millions de personnes autour du 8 décembre à Lyon, s’est fait censurée en 2010 par le journal 20 minutes. Le diocèse voulait publier une publicité dans ce journal pour rappeler l’histoire de la fête des lumières et la place centrale de Marie. Tout était prêt, tout était bon jusqu’à la veille au soir, quand le diocèse a essuyé un refus pur et simple de publication.

Jésus… Marie… et puis aussi des prêtres maintenant sont concernés. Un prêtre de mon diocèse a reçu des lettres anonymes de personnes qui ont trouvé scandaleuse sa présence devant le monument aux morts pendant les commémorations du 11 novembre dernier alors qu’il y avait été invité par le maire ! On est bien loin la fraternité des tranchées qui avait fait enterrer la hache de guerre entre laïcs et chrétiens. Les prêtres seraient-ils des citoyens de seconde catégorie ?

Alors dites-moi, dans une France qui compte 5,1 millions de chômeurs, avec 9 millions de personnes vivant sous le seuil de pauvreté, n’y a t-il pas mieux à faire que de se battre pour la présence ou non d’une crèche dans un lieu public ? Et puis qu’on croit que Jésus est Dieu ou non, la présence d’une crèche n’est-elle pas en elle-même un appel à s’occuper de ceux qui sont sans toit, qui sont rejetés de toute part, comme le furent Marie et Joseph en leur temps ? La crèche au cœur de l’hiver n’est-elle pas en elle-même un signe de lutte contre les inégalités et le consumérisme ? L’inverse en réalité du sapin sous lequel s’empilent les cadeaux ?

Je suggère à la Libre-pensée de passer un contrat avec la société Bouygues qui est bien équipée pour entreprendre la destruction de tout ce qui, de près ou de loin, peut rappeler la religion. Quel scandale de voir des clochers dans le moindre petit village, des croix au carrefour des routes. Et puis il va falloir aussi changer le nom de tous les villages, vous savez, ceux qui commence par « Saint »… Il faut sans tarder interdire toutes les œuvres musicales à sujet religieux, cacher dans des caves toutes les œuvres picturales d’inspiration religieuse.

Alors expliquez-moi. Est-ce que la laïcité consiste à nier l’existence des religions et des croyants ? Est-ce qu’il n’y a pas un peu d’Hérode dans ceux qui accusent les chrétiens d’être héritiers comme tous les autres Français d’une histoire et d’une tradition ? Que cela leur plaise ou non, c’est un fait !

À bientôt.

Mgr Jean-Michel di Falco Léandri Évêque de Gap et d’Embrun

Hautes-Alpes