Avalanche de Cervières : "une randonnée totalement déraisonnable", selon le procureur de la République de Gap, Raphaël Balland

Hautes-Alpes : ll n'y va pas par quatre chemins ; le procureur de la République de Gap met en cause directement les deux randonneurs grenoblois partis en randonnée dimanche matin, au dessus du refuge Napoléon, sur la commune de Cervières.

Les deux randonneurs ont péri dans une avalanche qui s'est produite dimanche en tout début d'après-midi, à 14 h 15. Ce mardi, Raphaël Balland évoque les premiers résultats de l'enquête. Et il s'avère, d'après le procureur de la République que "selon les premiers éléments, il apparaît que les conditions météorologiques, la difficulté du parcours et le risque élevé d'avalanches rendaient cette randonnée totalement déraisonnable."

Communiqué de presse de Monsieur Raphaël BALLAND, Procureur de la République près le tribunal de grande instance de Gap :

Les recherches ont repris ce matin à Cervières afin de tenter de retrouver dans l'avalanche le corps de la femme du couple qui avait disparu le 15 février 2015.

Les risques de sur-avalanche demeurent mais les conditions météorologiques se sont substantiellement améliorées, facililtant ainsi la tâche des 24 personnes mobilisées sous la direction de la CRS-Alpes renforcée par 4 gendarmes du PGHM et 3 pompiers du SDIS 05.

Les investigations téléphoniques ont permis de déterminer que le couple avait quitté le parking de Cervières le 15 février 2015 vers 10 heures 35 et qu'il avait été emporté par l'avalanche vers 14 heures 15.

Le couple n'était pas doté de système de détection ARVA.

En outre, selon les premiers éléments, il apparaît que les conditions météorologiques, la difficulté du parcours et le risque élevé d'avalanches rendaient cette randonnée totalement déraisonnable.

 

Rappel des faits :

Les recherches pour retrouver le corps de la deuxième victime ont recommencées comme prévu ce matin dés 9h . Une vingtaine de secouristes sont sur place  pour sonder l'avalanche par petits groupes pour limiter les risques.Il s'agit pour eux de retrouver le corps de Claire Deluchat sous cette avalanche survenue dans le col Perdu dimanche alors qu'elle effectuait une sortie en raquette avec son mari dont le corps a été retrouvé hier.

C’est en effet comme on pouvait s’y attendre depuis hier matin par un nouveau drame que s’est terminée la disparition de ces deux grenoblois de 52 ans au dessus du Laus près du refuge Napoléon au col d’Izoard dans le Briançonnais. Tous les deux sont décédé sous une avalanche impressionnante survenue à priori ce dimanche après-midi au col Perdu.
Un premier corps (celui du mari) a pu être récupéré par les secouristes de la CRS des Alpes, en début d’après midi de ce lundi après 12 heures de recherche. Le second puisqu'il n' y  a plus d'espoir, sera récupéré en fonction des conditions météo dans la journée de ce mardi. Les recherches ont en effet été interrompues ce soir en raison des risques après une nuit et une journée d'efforts remarquables des sauveteurs  qui ont pris beaucoup de risques depuis le début des recherches, dans la nuit de dimanche à lundi. . C'est ce que confirmait hier  soir le Procureur de la République de Gap (communiqué ci dessous).

Les CRS ont reçu le renfort du PGHM, et ce lundi après midi, d'un maître-chien des sapeurs pompiers, soit au total près de 25 hommes.
L'intervention a été sérieusement compliquée par les conditions météo et les chutes de neige qui ont empêché l'intervention de l'hélicoptère mais aussi par le risque d'avalanche fort puisque de 4 sur 5.
Cette avalanche très importante, ne semble avoir laissé aucune chance aux deux grenoblois, Éric et Claire Deluchat, tous les deux âgés de 52 ans.
L'avalanche  faisait 500 m de large en haut, au niveau de la cassure.
Depuis le milieu de la nuit,  les secouristes de la CRS de Briançon  recherchaient  ce couple qui n'avait  plus donné signe de vie après être parti faire de la raquette dans ce secteur du Laus, au pied du col d’izoard.
C’est leur fille qui a donné l'alerte hier soir, en ne les voyant pas rentrer. Les secouristes avaient, ce matin, lancé un appel à témoins.

Le communiqué de presse de Monsieur Raphaël BALLAND, Procureur de la République près le tribunal de grande instance de Gap :

Dans la nuit du 15 au 16 février 2015, le commissariat de police de Briançon était informé par une jeune femme de la disparition inquiétante de ses parents, âgés de 52 ans et domiciliés dans l'Isère, qui n'étaient pas rentrés d'une randonnée en raquettes programmée dans la journée du 15 février.
Avisé de ces faits à 23h45, le Parquet de Gap ordonnait l'ouverture immédiate d'une enquête aux fins de rechercher les personnes dont la disparition était inquiétante. La CRS ALPES de Briançon était saisie
La géolocalisation des téléphones permettait de retrouver le véhicule du couple sur le parking de la commune de CERVIERES (Hautes-Alpes) vers 02 h 40.
Sous la direction de la CRS ALPES de Briançon, il était immédiatement mis en place un important dispositif de recherche composé notamment de 9 équipes pédestres et de 4 chiens. Les conditions météorologiques difficiles n'ont pas permis d'utiliser l'hélicoptère.
Ce n'est que dans l'après midi que le corps de l'homme a été retrouvé enseveli par une importante avalanche survenue sous le Col Perdu, dans le versant situé au dessus du refuge de Napoléon en direction du col d'Izoard.
Les recherches ont été interrompues à la tombée de la nuit et reprendront demain matin pour tenter de retrouver la femme, dans des conditions jugées difficiles par les secouristes, notamment en raison des risques de sur-avalanche.

 

Soyez très prudents si vous allez skier dans les prochaines jours...Le risque d'avalanche est passé en niveau fort (4 sur une échelle de 5) sur les massifs du Champsaur et du Queyras. Le Préfet appelle de nouveau à la plus grande vigilance tous les usagers de la montagne et déconseille fortement la pratique du ski ou de la randonnée en hors-piste.

Depuis le 31 décembre 14 personnes ont trouvé la mort sous des avalanches dans les Alpes du Sud soit la moitié de ceux survenus dans la montagne française

Ecoutez, le capitaine Olivier Cousin, commandant des CRS de Briançon :

Notre envoyé spécial sur place Michel Toupet, nous raconte le déroulement des recherches ce lundi !

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A ce stade, l'hélicoptère ne peut toujours pas survoler le secteur, en raison des chutes de neige et de du temps bouché. Des renforts sont en train de se rendre sur place pour poursuivre les recherches, sachant qu'évidement, l'espoir s'amenuise d'heure en heure.

Les point d'hébergement potentiels ont été inspectés pendant la nuit et ce matin encore, mais sans succès.

Reste, à ce stade, l'hypothèse d'un abris de fortune où le couple grenoblois aurait pu trouver refuge.

A  Cervières, plus vraiment grand monde ne croit à une issue heureuse de ce drame

 

Michel Toupet sur place à Cervières