Publié par Samir MATHIEU le jeu, 02/04/2015 - 19:48
Hautes-Alpes : Jean-Marie Bernard est élu, 16 voix contre 14 à Roger Didier. C'est la "ruralité qui l'a emporté face à la ville de Gap", ont commenté en substance ceux qui ont choisi cette nouvelle gouvernance, originale mais aussi, quelque part, bien contemporaine. En effet, au delà des clivages droite / gauche, il s'agit là d'une union pour l'avenir des Hautes-Alpes. Récit D!CI TV de cette journée hors du commun, signé Samir Mathieu.
Du côté des états majors politiques de droite (UMP et UDI), on est en pleine crise et on commence à trouver des explications à cette situation inédite : "On n'y peut rien, on a suivi les ordres de Paris, qui demandait de faire voter Didier" nous a-t-on expliqué. Pourtant s'agissant au moins de l'UDI, son président national, Jean-Christophe Lagarde nous a indiqué ne pas avoir donné de consignes dans ce sens.
Jean-Marie Bernard le maire du Dévoluy est donc élu, avec les huit voix de droite de sa sensibilité, complétées des deux voix des conseillers départementaux de Tallard, ajoutées aux six voix des trois binômes de gauche.
Du côté de Roger Didier, pas de réactions à ce stade. Il est vrai qu'il lui est difficile de critiquer un vote droite/ gauche alors que lui-même a construit son équipe à Gap sur ces bases.
Par ailleurs, et enfin on s'amuse dans une partie de la droite; En effet difficile comme le dit par exemple Arnaud Murgia de déclarer "je ne voulais pas être élu par des voix de gauche" alors même qu'il s'apprêtait à voter pour un ex-PRG qui indique à chaque occasion toujours être à gauche. Roger Didier qui a, à ses côtés, Bénédicte Férotin (ex PS) ou Francis Zampa (ex-PS).
Récit d'une journée sous haute-tension. Elle a débuté à 8 h 30 au sein même de hémicycle. Les vingt-deux élus de la majorité sont réunis à huis clos. Ils tentent de trouver un compromis. En vain. Au bout d'une heure, la séance plénière commence. Premier vote. Le rapport de force est favorable à Roger Didier. Le maire de Gap obtient 14 voix, contre 10 à Jean-Marie Bernard et 6 à Anne Truphème qui représente la gauche. La séance est alors suspendue pendant une heure pour réaliser des tractations. Nouvel échec.
Au moment de déclarer les candidatures, l'on sent la dernière crispation : Maryvonne Grenier présente ainsi Roger Didier, comme le candidat de l'union des 22 conseillers départementaux de la majorité. En vain. Chacun sait alors que les jeux sont faits. La gauche ne représente pas de candidat et met fin au suspense en tranchant dans le lard et vote pour Jean-Marie Bernard. Six voix. Six voix qui suffisent au conseiller départemental du Dévoluy pour être élu.
Mais ceci n'est que la première étape. Et le plus dur reste à venir : négocier les vice-présidences, neuf au total. Les négociations durent plus de quatre heures ! Les dents grincent. Les portes claquent. Roger Didier ne parle plus à Jean-Marie Bernard, ni à Marcel Cannat, et encore moins à Patrick Ricou. C'est Maryvonne Grenier qui est obligée de faire la médiatrice. L'adjointe au maire de Gap fait de nombreux allers-retours entre le premier étage et la salle de l’hémicycle. L'équipe de Jean-Marie Bernard accepte tous les compromis, y compris celui de prendre six proches de Roger Didier parmi les vice-président. Mais trois noms sont blacklistés : ceux des traîtres : Gérard Tenoux, qui avait assuré à Michel Roy son soutien à Jean-Marie Bernard, Marc Viossat, poulain de Chantal Eyméoud mais surtout Arnaud Murgia. Le conseiller départemental de Briançon 1 avait fait campagne avec l'équipe Bernard. Il avait même reçu le soutien, la semaine dernière, à sa demande, de Jean-Marie Bernard et Patrick Ricou, qui étaient montés à Briançon pour convaincre les électeurs d'élire le jeune trentenaire. La trahison leur a été insupportable. Arnaud Murgia sera obligé de céder dans la journée, et renoncera à obtenir une vice-présidence, après de violents échanges verbaux, y compris en public dans l'assemblée avec Jean Conreau ou encore avec Gérard Fromm.
Une fois le cas Murgia réglé, la liste a pu être constituée. Le maire de Gap, Roger Didier, est absent des vice-présidences, tout comme certains de ses très proches, Francis Zampa et Christian Hubaud. Seule Maryvonne Grenier tire son épingle du jeu et est élue, avec l'aval de toute la majorité, 2ème vice-présidente derrière Patrick Ricou.
La séance est levée. Mais l'amertume est sur toute les bouches. A droite, on n'est pas fier du spectacle donné. A gauche, on n'est pas fier d'avoir été obligé de voter pour une partie de la droite afin de permettre au département de fonctionner.
Au final, cette journée marque un véritable tournant dans la vie politique haut-alpine. Trois grands perdants : Roger Didier, le maire de Gap, qui ne peut ainsi réaliser ce que son père avait fait : être maire de Gap et président du Département. Roger Didier qui connait ainsi sa première défaite en politique depuis son élection à la mairie de Gap en 2008. Arnaud Murgia ensuite. Celui qui nourrissait les espoirs de prendre la députation à Joël Giraud, s'est carbonisé aux yeux du plus grand nombre, en retournant sa veste, au dernier moment, et en pariant finalement, sur le mauvais cheval. Les partis politiques enfin. Ils se sont décridibilés. L'UMP et l'UDI se sont livrés à des consignes de vote qui n'ont pas été suivies de faits. Pire ! Avec la majorité absolue au département, la droite n'a pas été capable d'élire son propre président ! C'est la gauche qui a éteint l'incendie. Au risque aussi de s'y brûler les ailes...
Les vice-présidents
1er vice-président : Patrick Ricou
2e vice-présidente : Maryvonne Grenier
3e vice-président : Marcel Cannat
4e vice-présidente : Marie-Noëlle Disdier
5e vice-président : Daniel Galland
6e vice-présidente : Bénédicte Férotin
7e vice-président : Marc Viossant
8e vice-président : Gérard Tenoux
9e vice-présidente : Marine Michel
Détails des votes :
Ont voté pour Jean-Marie Bernard
DVG : Anne Truphème, Florent Armand
SE : Rémy Oddou, Patrica Vincent
PRG : Valérie Rossi
PS : Aurélie Poyau, Joël Bonnaffoux, Gérard Fromm
UMP : Marcel Cannat, Jean-Marie Bernard, Patrick Ricou, Béatrice Allosia, Jean Conreau
DVD : Valérie Garcin, Marie-Noëlle Disdier, Bernadette Saudemont.
Ont voté pour Roger Didier :
UMP : Arnaud Murgia, Marine Michel, Gérard Tenoux, Françoise Pinet, Christian Hubaud, Carole Chauvet
DVD : Maryvonne Grenier, Daniel Galland, Francis Zampa, Ginette Mostachi, Roger Didier, Bénédicte Férotin, Brigitte Gaudin
UDI : Marc Viossat
10 h 46 : reprise de séance deux candidats : DIDIER/BERNARD ; la gauche arbitre le vote.
A l'issue du premier tour en vue de l'élection du Président du Conseil départemental, ce matin, Roger Didier obtient quatorze voix, Jean-Marie Bernard dix voix et Anne Truphème six voix.