Publié par Samir MATHIEU le ven, 03/04/2015 - 19:46

C'est un fait très rare dans le monde de la montagne : suite à l'avalanche mortelle de Vallouise, deux personnes ont été placées en garde à vue par le Procureur de Gap. Raphaël Balland l'avait évoqué sur notre antenne il y a quelques semaines : "des poursuites pourraient être engagées à l'encontre d'individus ayant un comportement irresponsable en montagne". L'enquête devra déterminer si ce nouveau drame en montagne aurait pu être évité. Les deux guides autrichiens ont été relâchés sans aucune charge. L'enquête et les auditions ont permis de les mettre hors de cause à l'état de l'enquête.
Le communiqué du procureur de la République de Gap, Raphaël Balland :
Le jeune alpiniste autrichien hospitalisé à GRENOBLE est maintenu dans le coma mais son pronostic vital n'est plus engagé.
Les auditions les plus urgentes sont terminées : les rescapés, dont les deux guides, peuvent donc rentrer chez eux.
En l'état des auditions et constatations, il apparaît que :
- L'avalanche s'est déclenchée sous leurs pieds au moment où les onze alpinistes s'étaient tous rassemblés à une cinquantaine de mètres décalés du couloir qu'ils venaient de descendre en rappel ;
- A cet endroit, la neige était très dure et le vent soufflait fort ;
- Ils avaient été précédés dans la même zone par au moins un premier groupe de cinq randonneurs ;
- Chaque homme du groupe était doté du matériel technique adapté à ce type de sortie, notamment d'un ARVA qui a permis aux alpinistes indemnes de dégager le corps des victimes ensevelies avant même l'arrivée du PGHM sur place et de tenter de les réanimer, en vain pour trois d'entre eux.
Les investigations se poursuivent. Elles prendront encore plusieurs semaines. Ce n'est qu'au terme de l'enquête du PGHM de BRIANCON que le parquet de Gap prendra une décision sur les suites judiciaires qu'il conviendra de donner à cette affaire.
D'ici là, et sauf élément imprévu, il n'y aura pas d'autre communiqué de presse de la part du parquet.
Ce jeudi soir, les deux enquêtes ont été levées. Ecoutez ci-dessous, la réaction de Nicolas Charmasson, avocat des deux guides autrichiens.
Voici le communiqué du Procureur :
Le procureur de la République de Gap vient d'ordonner la levée de la garde à vue des deux guides de nationalité autrichienne. Assistés chacun par un avocat, ils ont pu indiquer aux enquêteurs dans le détail comment cette sortie avait été organisée et comment elle s'était déroulée.
Le capitaine Nicolas Colombani, lors de la conférence de presse à la gendarmerie de Briançon, a donné des précisions sur les circonstances du drame. Le groupe de sept personnes indemnes a passé la nuit dans le refuge des Écrins, accompagnés d'un secourisme du PGHM de Briançon. Récupérés ce matin par un hélicoptère de la gendarmerie, et transférés à l'hôpital de Briançon, ces sept personnes ont été prises en charge par des médecins spécialisés et des psychologues. Elles sont endeuillées et encore sous le choc de l'accident.
L'avalanche est une avalanche de plaques. Le vent a déplacé les quantités de neige et le passage des skieurs a déclenché la plaque. Une enquête judiciaire a été ouverte pour déterminer dans quelles conditions s'est déroulée la sortie, et si elle était encadrée ou si une erreur a été commise.
Communiqué de presse de Raphaël Balland, procureur de la République près le tribunal de grande instance de Gap :
Précision importante sur les nationalités des personnes décédées : il s'agirait en réalité de deux autrichiens et d'un italien.
Les identités seront confirmées dans la journée de demain, lorsque les autres membres du groupe auront été entendus après avoir passé la nuit dans un refuge situé à proximité de l'avalanche, qui est pour le moment inaccessible aux hélicoptères, en raison d'un vent trop fort.
Le Parquet de Gap a ouvert une enquête préliminaire pour homicide involontaire et la direction de l'enquête a été confiée au PGHM de Briançon.
Ce jour, le PGHM de Briançon a été alerté à 14 h 55 qu'une importante avalanche de type plaques à vent venait de se produire sous le col Émile Pic, dans le parc des Écrins, au dessus du glacier blanc, dans la région de la Vallouise.
Le risque avalancheux était de trois sur cinq. De nombreux randonneurs à ski étaient sur site, environ une quarantaine. Trois corps sans vie de nationalité allemande, italienne et autrichienne ont été retrouvés. Une quatrième personne de nationalité autrichienne a été évacuée vers l'hôpital de Grenoble.
Les secours mobilisés étaient formés des PGHM du 38, du 05 et du 73. Une enquête préliminaire a été ouverte par le Parquet de Gap pour homicide involontaire, et la direction de l'enquête a été confiée au PGHM de Briançon.
Les investigations auront pour finalité de déterminer dans quelles circonstances cette randonnée a été organisée et s'est déroulée, et notamment si elle a été encadrée par des professionnels. Les premières auditions seront effectuées dès demain dans la journée.
Réactions du Préfet des Hautes-Alpes, Pierre Besnard, sur l'avalanche.
Avalanche : le maire de Vallouise, Jean Conreau, dénonce le comportement "non responsable" des skieurs qui sont sortis malgré le vent.
Hautes-Alpes : une avalanche à Vallouise s'est déclenchée cet après-midi à 14 heures. Un groupe de onze personnes, de nationalité étrangère, était présent à 3 200 mètres d'altitude. Trois personnes ont trouvé la mort, une personne a été grièvement blessée, et sept autres en sont sorties indemnes, il s'agirait plutôt de jeunes personnes. Il s'agissait d'un groupe de jeunes. Plusieurs nationalités sont touchées. "Il n'y aurait, à priori, pas de Français" parmi les victimes selon le capitaine Nicolas Colombani, commandant du PGHM de Briançon. C'est le groupe de skieur qui a déclenché cette "très grosse avalanche". Ils ont été secouru dans un premier temps par d'autres skieurs qui se trouvaient à proximité sous le col Émile Pic. Les secours ont été rendus difficiles à cause des conditions météorologiques par un vent de nord très fort. Le couloir se situait en face sud. Il était donc très exposé. Le risque d'avalanche était marqué de 3 sur 5. Elles ont été prises en charge au refuge des Écrins. L'avalanche était massive : 80 mètres de large sur 250 mètres de long. A priori, cette avalanche serait liée à une plaque à vent. Soixante personnes ont été mobilisées, avec trois hélicoptères, dont ceux de la gendarmerie, du Samu et de la Sécurité civile. Un poste avancé a été mis en place et une chapelle ardente dressée à la maison de la Vallouise. Voilà qui porte à dix-neuf le nombre de morts en montagne dans les Hautes-Alpes depuis le 31 décembre.
Voici le communiqué du Procureur
Le 02 avril au matin, les 7 randonneurs indemnes ont été héliportés à l'hôpital de BRIANCON.
Parmi eux, deux hommes se sont présentés comme étant les guides ayant encadré cette randonnée. Ils sont de nationalité autrichienne.
Il a été décidé d'entendre ces deux hommes dans le cadre d'une garde à vue qui a débuté en fin de matinée, compte tenu des délais prévisibles des auditions et de la nécessité de recueillir dans le même temps de nombreux témoignages, et afin de leur faire bénéficier au maximum de leurs droits. En effet, le code de procédure pénale prévoit que lorsqu'il existe à l'encontre d'une personne "une ou plusieurs raisons plausibles de soupçonner" qu'elle a participé à la commission d'une infraction punie d'une peine d'emprisonnement, elle doit bénéficier d'un certain nombre de droits, dont celui d'être assisté par un avocat. En l'espèce le délit d'homicide involontaire fait encourir une peine maximale de 3 ans d'emprisonnement.
Le PGHM de BRIANCON, renforcé par la Brigade des recherches de la Compagnie de gendarmerie de BRIANCON, va procéder à de nombreuses auditions tout au long de la journée, y compris de personnes qui n'appartenaient pas à ce groupe mais qui ont assisté à l'avalanche.
Eléments d'identité des trois personnes décédées (dont les corps ont été déposés à la morgue de BRIANCON-05) :
- deux hommes de 23 et 22 ans de nationalité autrichienne,
- un homme de 24 ans de nationalité italienne.
Les famille des victimes sont arrivées à BRIANCON ou sont en cours d'acheminement.
La personne blessée est toujours hospitalisée à Grenoble. Son état de santé demeure incertain, étant toujours dans le coma.