Publié par Jean Marc Passeron le mer, 08/04/2015 - 18:06

"Je ne crois pas que, dans un conflit, il faille humilier celui qui a rendu les armes" ; tel est le sentiment donné par l'évêque de Gap et d'Embrun après la comparution ce mercredi matin de la RATP devant le tribunal, suite à sa volonté de retirer le bandeau "au profit des chrétiens d'Orient " pour le concert des Prêtres des Hautes-Alpes le 14 juin prochain à l'Olympia.
Depuis, vous le savez, la RATP est revenue sur sa décision et ce sont les affiches entières qui seront placardées dans le métro parisien à partir de mardi prochain.
La régie des transports parisiens comparaissait pourtant ce matin devant le tribunal de Paris en référé et à la demande de la Coordination des Chrétiens d'Orient (Chredo) pour avoir fait retirer ce fameux bandeau, même si elle a changé d'avis depuis. Le tribunal rendra sa décision ce lundi, à l'issue d'une audience où chacun s'est prévalu du soutient de Monseigneur Di Falco qui semble se désolidariser de ce procès en déclarant : «à partir du moment où nous avons obtenu satisfaction, je ne vois aucune raison d'aller plus loin". Pour lui, l'actualité est revenue à la suite de la tournée des Prêtres. Le père Bardet de Briançon, Troesch de La Batie-Neuve et Joseph ont déjà fait plus de 220 000 entrées et ils se produiront ce jeudi soir sur la terre natale de Mgr Di Falco au Dome de Marseille !
Le compte rendu d'audience du Figaro
La Coordination des Chrétiens d'Orient en Danger espère faire constater par la justice que le bandeau « pour les chrétiens d'Orient » avait été retiré illégalement. La RATP ne voit pas l'utilité de cette procédure, puisqu'elle a finalement accepté de l'apposer.
Entre la Coordination des Chrétiens d'Orient (Chredo) et la RATP, le dialogue de sourd s'est poursuivi, mercredi, au palais de Justice de Paris. Bien que la RATP ait finalement accepté, après une vive polémique et des pressions de tous bords, que la mention «pour les chrétiens d'Orient» figure sur une nouvelle campagne d'affichage annonçant un concert du groupe Les Prêtres, la Chredo a maintenu sa procédure en référé, espérant faire constater que le bandeau en question avait été retiré illégalement. «On demande tout simplement l'exécution du contrat, a plaidé l'avocate de la Chredo, Me Samia Maktouf. «Un communiqué de presse n'a aucune valeur juridique…». Mais puisque «totale et entière satisfaction a été donnée» avant l'audience, selon Me Jacques Henri Kohn, conseil de la RATP et de sa régie publicitaire Metrobus, cette affaire relève-t-elle encore de la compétence du juge des référés?
Mardi, une «tentative de conciliation qui a duré toute la journée» , s'était achevée «sur un désaccord total», raconte Patrick Karam, président de la Chredo . Comme le communiqué acceptant la mention«n'indiquait aucune raison» pour ce revirement , la Chredo demandait à la RATP et à sa régie publicitaire de reconnaître que les chrétiens d'Orient n'étaient pas «parties au conflit» mais bien «victimes». «L'invocation du principe de neutralité n'est pas appropriée à ce cas!», martèle Patrick Karam. Ce double jeu est inacceptable. La RATP maintient une position de refus qui est un véritable défi au gouvernement et aux Français».
«Une décision de justice sur le fond, si elle intervenait, entraînerait des demandes de toutes les confessions. On risque d'avoir des situations extrêmement délicates…»
Me Kohn, avocat de la RATP
Au tribunal, Me Maktouf brandit une photocopie de l'affiche originale. «C'est la RATP elle-même, à ses frais, qui a enlevé le bandeau mentionnant les chrétiens d'Orient!, fustige-t-elle. En se cachant derrière le principe de neutralité du service public. La RATP souhaiterait ne pas offusquer Daech? Ne pas prendre position contre le terrorisme, c'est en être complice!». Mais son confrère, Me Kohn, ne voit qu'«un problème plus juridique» et lui oppose trois points. «L'urgence n'existe pas», assure-t-il, notant au passage la «stratégie judiciaire habile» de ses contradicteurs de saisir la justice juste avant Pâques «pour donner plus de retentissement médiatique à cette affaire». La Chredo n'est pas l'annonceur, ajoute-t-il, «c'est TF1 Entreprises, qui a accepté le retrait du bandeau litigieux». Et poursuit: «c'est la première fois que je vois cela!, s'exclame-t-il. Par trois communiqués non équivoques, pleine et entière satisfaction a été donnée. Et voilà que la Chredo veut une jurisprudence, une condamnation!». Le geste de la RATP, «totalement gracieux», «ne doit pas être acté», insiste-t-il. Une décision de justice sur le fond, si elle intervenait, entraînerait des demandes de toutes les confessions. On risque d'avoir des situations extrêmement délicates…».
Et Les Prêtres, que pensent-ils de cette procédure? A l'audience, chacune des parties s'est targuée du soutien de Mgr di Falco Leandri, le créateur du trio musical. «A partir du moment où nous avons obtenu satisfaction, je ne vois aucune raison d'aller plus loin, répond ce dernier au Figaro. Je ne crois pas que, dans un conflit, il faille humilier celui qui a rendu les armes …»
La décision du tribunal sera rendue lundi 13 avril. La veille de la nouvelle campagne d'affichage promise par la RATP du 14 au 20 avril.
Retour en arrière
La RATP a fini par céder : voici la première réaction de Mgr Di Falco, après la décision de remettre les affiches initiales en place, ce que le patron de l'entreprise de transport lui a annoncé ce lundi après-midi.
La RATP a fini par céder devant la polémique qui s'est fait jour depuis que nous vous avons révélé cette affaire, mercredi dernier
Vous le savez, le bandeau annonçant que le concert des Prêtres Chanteurs des Hautes-Alpes au profit des Chrétiens d'Orient avait été censuré.
La marche arrière sera effective "dès demain", selon Jean-Vincent Placé. Contacté par France tv info, le sénateur EELV de l'Essonne a affirmé, lundi 6 avril, avoir obtenu de la RATP la garantie du rétablissement de la mention "au bénéfice des chrétiens d'Orient" des affiches pour un concert caritatif. Depuis plusieurs jours, la régie de transport était la cible de nombreuses critiques pour son application stricte du principe de laïcité.
Quelques instants plus tard, Jean-Michel di Falco, évêque de Gap, a confirmé sur Twitter avoir reçu la même garantie.
Jean-Michel di FALCO @proteus2013
Les #PRÊTRES, le président de la #RATP vient de m'annoncer que la mention "POUR LES #CHRÉTIENS D'ORIENT"serait apposée sur les affiches.
18:20 - 6 Avr 2015
L'ensemble du monde politique toutes couleurs confondues s'était mobilisé pour dénoncer cette décision motivée par le principe de la défense de la Laïcité se dont ce satisfait l'évêque de Gap et d'Embrun.
Les catholiques s'étaient aussi emparés des réseaux pour dénoncer ce qu'ils considèrent comme un «silence complice». Sous le mot-dièse #Chutontue ils ont été plusieurs à poster des photos sur Twitter d'autocollants «Au profit des Chrétiens d'Orient» collés dans le métro.
Des pages Facebook ont été créées dont "Pour que la RATP respecte les chrétiens d'Orient " Cette page, selon ses initiateurs, a vocation à rassembler les Internautes scandalisés par le refus de la RATP d'afficher la mention "au profit des chrétiens d'Orient"
Monseigneur Di Falco était par ailleurs, vous le savez, notre invité. Outre son coup de gueule contre la RATP, ("Quand je vois cela, je comprends comment la Shoah est arrivée !" °qui a "censuré" les affiches des Prêtres Chanteurs pour un concert au profit des prêtres d'Orient le 14 juin prochain à Paris, l’évêque de Gap et d’Embrun a abordé de nombreux autres sujets.
Il a d’abord souligné le succès de la tournée du groupe, qui a déjà fait plus de 220 000 entrées ; de quoi faire plaisir au curé de Chorges et de Briançon !
Il est revenu également sur la campagne du denier du culte, que vous savez originale, avec les affiches de personnalités du monde du spectacle, de Jean-Marie Bigard à Mireille Matthieu. Selon lui, cela a permis d’élargir les dons, puisqu’il reçoit maintenant des dons extérieurs au seul département des Hautes Alpes.
L'article du Figaro de ce matin
Alors que la RATP a réitéré samedi dans un communiqué le refus de la mention «pour les chrétiens d'Orient» sur des affiches de concert dans le métro, les politiques s'indignent. Monseigneur Vingt-Trois y voit une «bévue».
Après la polémique suscitée par la censure de la mention «au profit des chrétiens d'Orient» d'une affiche annonçant un concert en juin à Paris du groupe Les Prêtres, la RATP a annoncé samedi la tenue d'une nouvelle campagne d'affichage. «La RATP, dans un souci d'apaisement, et compte tenu de la situation humanitaire dramatique vécue par les minorités chrétiennes d'Orient dans les circonstances actuelles, a décidé d'offrir la possibilité de procéder à une nouvelle campagne d'affichage en mentionnant qu'elle est faite au profit de l'association L'Oeuvre d'Orient, sans attendre le résultat du référé qui doit trancher la question de principe la semaine prochaine.» a annoncé l'organisme dans un communiqué.
Il ne s'agit pas d'une marche arrière de la régie car l'entreprise publique refuse toujours la mention «chrétiens d'Orient» sur les affiches. Le premier bandeau «Les bénéfices de ce concert seront reversés à l'oeuvre d'Orient» est accepté, tandis que le second «Pour les chrétiens d'Orient» est toujours refusé. Contacté par Le Figaro, la RATP confirme qu'«il n'y aura pas la mention chrétiens d'Orient sur l'affiche». «Nous avons préféré faire directement référence à l'association qui organise le concert» avance un responsable pour justifier ce choix.
Des dirigeants politiques de tous bords ont unanimement condamné cette censure.
«Je suis sidéré, je suis profondément républicain (...) Mais c'est honteux, je demande à la RATP de régler le problème dès demain» , s'est emporté le chef de file des sénateurs écologistes, Jean-Vincent Placé, sur BFMTV. «Sur les chrétiens d'Orient, avec le génocide qui est en cours par les barbares de Daesh et d' Al-Qaïda, je pense que la RATP aurait dû réfléchir à ce qu'est la solidarité, ce n'est pas une atteinte à la laïcité, quelle que soit la religion des gens», a renchéri sur la même chaîne le président de l'UDI, Jean-Christophe Lagarde.
Même Jean-Luc Mélenchon, pourtant fervent gardien de la laïcité, a vivement réagi sur sa page Facebook : «L'AFFICHE DES CHRETIENS D'ORIENT NE POSE AUCUN PROBLEME DE LAICITE.» proclame le leader du Front de gauche. «Les chrétiens d'Orient sont bel et bien persécutés du seul fait de leur appartenance religieuse et compte non tenu des engagements politiques que chacun d'entre eux peut avoir dans son pays respectif qui sont variés et très directement reliés à l'histoire de la nation à laquelle ils appartiennent. Dans ces conditions les partisans de la laïcité sont plutôt appelés au devoir de solidarité avec les membres d'une minorité religieuse persécutée», ajoute-t-il. Il tacle au passage la RATP: «Quant au reste la RATP accepte des affichages grossièrement sexistes, des affichages de violences et d'une façon générale d'innombrables provocations visuelle qui sont le principe même de la publicité sans en avoir jamais été émue.»
Par ailleurs, le président du Sénat Gérard Larcher (UMP) a annoncé vendredi que le Sénat allait auditionner des responsables de la RATP. Larcher demande à la RATP de revenir sur sa décision et de rétablir l'affiche telle qu'elle se présentait initialement. Il demande aussi à l'État, «au titre de sa tutelle sur la RATP, de mener l'enquête sur les circonstances ayant conduit à une telle décision absurde et sans fondement».
«Est-ce que c'est le mot chrétien qui leur brûle les lèvres?»
Ce geste de la RATP n'a pas convaincu Mgr Jean-Michel Di Falco Léandri, évêque de Gap, et créateur du trio musical Les Prêtres. «Tout le monde ne sait pas ce qu'est L'Oeuvre d'Orient», a-t-il dit à l'AFP. «Est-ce que c'est le mot chrétien qui leur brûle les lèvres? C'est invraisemblable, ça ne nous satisfait pas», a-t-il indiqué.
Le cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris, s'est montré dimanche beaucoup plus clément: «Je n'accorde pas à cet événement plus d'importance qu'il n'en a parce que je pense que c'est une bévue de la RATP», a expliqué l'archevêque au Grand jury LCI-RTL-Le Figaro.
«Je pense que nous avons obtenu ces derniers jours une publicité largement suffisante pour le concert que nous n'aurions probablement pas eue si les choses s'étaient déroulées autrement», s'est-il amusé. «Et je pense qu'il ne faut pas trop en rajouter», a-t-il insisté.
La RATP avait invoqué le «principe de neutralité du service public» dans «le contexte d'un conflit armé à l'étranger» pour ne pas faire figurer cette mention sur les 250 affiches du concert. La société estime que «ce dossier montre les difficultés croissantes d'appliquer les règles de neutralité et de laïcité au sein des espaces publicitaires de la RATP».
«Dans ces conditions, la RATP a décidé de mettre en place une instance de réflexion composée de personnalités incontestables afin d'évaluer et de préciser les principes qui doivent présider à l'affichage», a-t-elle annoncé.
En novembre 2012, la régie publicitaire de la RATP avait refusé une campagne d'affichage contre l'islamophobie, arguant de son caractère religieux.
La coordination des chrétiens d'orient (CHREDO) a saisi en référé vendredi dernier le tribunal de grande instance de Paris afin de contraindre la RATP et sa régie publicitaire Métrobus à permettre la mention refusée. Malgré le compromis de la RATP, l'organisation maintient sa plainte. Ce référé doit être examiné mercredi 8 avril.
Les catholiques se sont emparés des réseaux pour dénoncer ce qu'ils considèrent comme un «silence complice». Sous le mot-dièse #Chutontue ils ont été plusieurs à poster des photos sur twitter d'autocollants «Au profit des Chrétiens d'Orient» collés dans le métro.