Publié par Jean Marc Passeron le mer, 15/04/2015 - 18:39

La compagnie aérienne allemande Lufthansa a annoncé, ce mercredi 15 avril, avoir évacué du site du crash environ 80 % des débris de l'Airbus A320 de Germanwings, précipité au sol par le copilote Andreas Lubitz le 24 mars dans les Alpes-de-Haute-Provence, provoquant la mort de 150 personnes.
Carsten Hernig, chargé de ces opérations à la Lufthansa, maison mère de Germanwings, a déclaré lors d'une conférence de presse à Digne-les-Bains, avoir enlevé « près de 35 tonnes de débris ». « La prochaine étape sera la dépollution environnementale », a-t-il également indiqué.
Les débris récupérés, dont la taille varie de quelques centimètres à plusieurs mètres carrés et qui sont répartis sur une zone d'environ 1,5 hectare, sont transportés en hélicoptère vers une première « drop zone », d'où ils sont à nouveau déménagés dans des conteneurs par les airs vers une deuxième zone. De là, ils sont enfin acheminés par la route jusqu'à un hangar de Seyne-les-Alpes, un des deux villages les plus proches du lieu du crash.
« Aller le plus vite possible »
« Ces débris sont placés sous scellés à titre conservatoire, et le hangar a été pour le moment loué pour un an », a précisé le colonel Christophe Brochier, qui commande le groupement de gendarmerie des Alpes-de-Haute-Provence.
Cette phase de récupération des débris, pour laquelle une soixantaine de personnes travaillent quotidiennement − sans compter les gendarmes présents sur les lieux − selon la Lufthansa, devrait être achevée d'ici à dix-huit jours ouvrables, a précisé la compagnie allemande.
« Il y aura des rencontres fréquentes pour déterminer les meilleures solutions pour restaurer le site », a indiqué Simone Menne, directrice financière de la Lufthansa. « L'objectif est d'aller le plus vite possible dans le respect des procédures pour que l'enlèvement des débris, puis la dépollution se fassent au mieux », a expliqué Patricia Willaert, préfète des Alpes-de-Haute-Provence.
La compagnie allemande, qui n'a donné aucune prévision du coût de ces opérations, a estimé à environ 4 tonnes le poids du kérosène présent à bord de l'avion au moment du crash et à 95 litres le volume de l'huile et des lubrifiants. En revanche, l'avion ne transportait pas de fret, et donc aucun autre produit dangereux. « Il y a des techniques pour nettoyer la terre, la flore ou l'eau, mais il nous faut des informations pour prendre les bonnes mesures », a expliqué M. Hernig.
Evoquant enfin l'avenir du site, il a souligné qu'aucune décision n'avait encore été prise : « Notre intérêt commun est de créer un lieu de mémoire et de respect pour les victimes et leurs familles. »
Le compte rendu de la conférence de presse par Haute Provence info
Simone Menne, directeur financier et responsable de l'aviation service, Martin Riecken, directeur de la communication Europe et Carsten Hernig directeur régional de la Lufthansa, ont présenté ce mercredi après-midi à Digne-les-Bains aux côtés du préfet des Alpes-de-Haute-Provence Patricia Willaert et du colonel de gendarmerie Christophe Brochier, la situation sur le lieu du crash de l'Airbus A320 dans le massif des trois Évêchés. Profitant des excellentes conditions météorologiques, une équipe de 60 personnes travaille en permanence sur le site renforcé par la présence de 67 militaires de la gendarmerie. La récupération des débris est en voie d’achèvement. 35 tonnes ont déjà été évacuées sur les 42 tonnes estimées que représentent les restes de l'avion. Les débris sont transportés par hélicoptère sur une aire de transit (drop zone 1), puis rassemblés sur une aire de stockage (drop zone 2), d'où ils sont acheminés par route dans un hangar à Seyne-les-Alpes. Ils seront consignés pour au moins une année complète aux fins d'analyse éventuelle. En ce qui concerne les effets personnels des passagers, comme l'a précisé le colonel Christophe Brochier, les ADN recueillis seront collationnés avec ceux des victimes, avant d'être rendus aux familles.
Aucune date n'est avancée par les autorités concernant la fin de ces travaux, à l'issue desquels une décision sera prise quand à l'ouverture du site et la création d'un mémorial. «Il est trop tôt pour en parler». Pas de réponse non plus sur le coût de la catastrophe ni son financement, qui devrait selon Simone Menne, «être pris en charge en majeure partie par la Lufthansa».
Pas de risque pour le moment
Il est certain aujourd'hui que l’Airbus de la Germanwings n'a pas pris feu lors du crash, et qu'il ne transportait aucun fret dangereux. Par contre 4 tonnes de kérosène et 95 litres d'huile se sont répandus sur le site d'un demi hectare composé de trente centimètres de terre et de roches. «Il n'y a pas de pollution avérée. Nous procédons à des analyses d'eau hebdomadaires, et des barrages filtrants ont déjà été installés», a expliqué Patricia Willaert. «En cas d'aggravation des conditions météorologiques, nous ferons face par la mise en place de contrôles plus fréquents pour une réaction rapide». Les analyses environnementales qui devraient durer de 2 à 3 semaines, permettront selon les dires de Carsten Hernig, «de prendre les bonnes mesures de nettoyage du site avant le début de l'hiver prochain». Aucun détail n'a été donné sur les techniques qui pourraient être employées.
Les responsables de la Lufthansa qui ont particulièrement remercié le préfet Patricia Willaert et le colonel Christophe Brochier pour leur soutien et leur efficacité dans la gestion du tragique événement, ont tenu à conclure «Notre priorité est de redonner au territoire sa sérénité, et de créer un lieu à la mémoire des victimes et de leurs familles». Ils ont aussi tenu à témoigner leur reconnaissance aux habitants pour leur soutien. Le site reste jusqu'à nouvel ordre interdit au public, sécurisé par la gendarmerie.
Anciens articles
Les suites du crash de l'Airbus A320. La carcasse de l'appareil continue d'être rapatriée. Trente tonnes ont déjà été récupérées. Il reste quarante-cinq tonnes. Les maires des communes sont attendus vendredi à Cologne, en Allemagne, pour rendre un hommage aux victimes. En tout cas, la cellule psychologique est maintenant entre le Vernet et Seyne. Cette cellule psychologique est ouverte pour les familles, mais aussi pour les habitants de la vallée, tous très touchés par ce drame.
A mesure que les enquêteurs allemands poursuivent leurs recherches sur le passé psychiatrique d’Andreas Lubitz- soupçonné d’avoir volontairement provoqué le crash d’un Airbus A 320 de la Germanwings dans les Alpes françaises le 24 mars dernier, ces derniers vont de découverte en découverte.
Selon nos informations, le copilote allemand aurait consulté au moins une quarantaine de médecins en 2014 et 2015. Il s’agirait essentiellement de médecins qui lui auraient prescrit des antidépresseurs, au regard de ses crises aiguës d’angoisse, selon une source allemande proche du dossier.
Ces praticiens ont été retrouvés dans la région de Düsseldorf, mais aussi dans d’autres länders de l’Allemagne. Pourquoi autant de médecins ? L'une des hypothèses envisagées est que Andreas Lubitz, aurait multiplié ses consultations pour éviter « toute traçabilté » de son dossier médical.
Sur le terrain, le site du crash doit désormais être nettoyé et dépollué.
La mise au jour d'indices n'est plus l'enjeu de l'opération ; il s'agit désormais de récupérer et d'évacuer les derniers restes de débris de l'appareil. Ces débris, une fois évacués par les airs puis par la route, seront toutefois conservés dans des hangars et laissés à disposition des enquêteurs, afin d'y trouver de potentiels nouveaux éléments. En parallèle, des équipes s'attellent également à dépolluer le site. Lors de l'explosion de l'appareil au moment de l'impact, plusieurs litres de kérosène se sont déversés dans la zone montagneuse.
Les analyses menées en aval du site ont écarté tout «signe de pollution» dans les eaux de source, précisait en début de mois la préfecture des Alpes-de-Haute-Provence. Des barrages filtrants ont néanmoins été mis en place «en cas de pluie» et «par prévention», tandis qu'un «suivi quotidien est assuré par le service départemental d'incendie et de secours des Alpes-de- Haute-Provence».
Une société privée (Véritas) a été sollicitée pour le nettoyage du site et sa sécurisation. Au même titre que les recherches initiales, le nettoyage est ,sur la zone du crash, particulièrement difficile d'accès. Comme les maires concernés nous l'ont expliqué, il y en aura pour des semaines, puisqu'il va falloir gratter la roche, récupérer la terre et les charger sur des camions.
Toute cette catastrophe pourrait coûter, vous le savez, plus de 260 millions d'euros aux assurances.
Les élus du secteur seront en la cathédrale de Cologne vendredi pur la grande cérémonie d'hommage aux victimes.