Tunnel du Chambon fermé: le Collectif écrit au Préfet de Région

Voici un communiqué du Collectif du Chambon, qui vient d'écrire au Préfet de Région, Michel Cadot :

Monsieur le préfet de région,

La vallée et le Collectif du Chambon se battent depuis maintenant deux mois et demi contre les conséquences de la fermeture de la RD1091. Certes, nous notons quelques avancées, mais compte tenu de la réunion du vendredi 26 juin 2015 nous laissant dans une situation d’attente insupportable, le Collectif du Chambon demande par la présente :

- sans navette lacustre et laissant les travailleurs, les malades et les locaux marcher de part et d’autre sur un sentier escarpé pour circuler : un hélicoptère de transport de troupe ou tout autre moyen héliporté. La réponse reçue à cette demande faite par Madame La Députée Marie-Noelle Battistel le 26 juin à la réunion de Bourg d’Oisans, ne peut être recevable, à savoir que pour qu’un marché avec une entreprise privée ou publique ne peut être conclu pour une durée indéterminée ! Peut-être pourriez-vous conclure un marché renouvelable ? Nous entendons bien que le coût de mise en place d’un tel dispositif est colossal, mais il n’est rien en comparaison de la souffrance humaine constatée ce jour ! Après deux mois et demi, nous attendons un geste fort de l’Etat !

- la cellule psychologique que nous avions demandée semble être mise en place. Elle ne correspond pas du tout à notre demande : il faut se déplacer à Briançon ! Demandez à un travailleur (ou tout autre habitant de la zone affectée par ce problème de circulation), éreinté par sa journée de travail et son retour à pied de se déplacer à Briançon ! Nous demandons une cellule de veille psychologique avec une permanence à La Grave et un numéro vert ! Faut-il confondre psychologie et psychiatrie, serions-nous fous de trouver cette situation déraisonnable ? Les cas d’arrêt de travail et de dépression sont déjà enregistrés, après deux mois et demi, nous attendons un geste fort de l’Etat !

- concernant la scolarité des enfants, la solution de secours est possible, l’Education nationale est mobilisée, mais sur place, cette solution ne peut satisfaire le plus grand nombre, leurs choix de vie sont remis en question ! Après deux mois et demi, nous attendons un geste fort de l’Etat !

- Concernant les socioprofessionnels du tourisme et les entreprises en général, le travail effectué jusqu’à ce jour est exemplaire pour déployer toute une batterie de mesures pour soulager les entreprises ; cela ne suffira pas, hélas ! Quelles sont les nouvelles pistes proposées, suite au vote des crédits des régions ? Que pouvons-nous en attendre ? Ne sommes-nous pas dans un état de catastrophe naturelle et pire que cela, de catastrophe économique et sanitaire ? Après deux mois et demi, nous attendons un geste fort de l’Etat !

- Entendre à cette même réunion que si le niveau du barrage est baissé, EDF risque de turbiner de la vase alors qu’à proximité, des familles se disloquent, c’est un peu dur ! Nous voulons entendre que les vies humaines (dans la vase depuis 75 jours) comptent plus pour l’Etat que le bénéfice de 3.5 milliards d’euros d’EDF ! Après deux mois et demi, nous attendons un geste fort de l’Etat !

- Comme notre cas est sans précédent et que l’état de catastrophe naturelle ne peut s’appliquer, pourquoi pas la loi Chambon ? En 1976 était voté l’impôt sécheresse : en six mois, un problème spécifique trouvait une réponse par voie législative. Nous ne souhaitons à personne de vivre notre triste expérience hors cadre, alors après deux mois et demi, nous attendons un geste fort de l’Etat !

- Enfin, la route sur la rive opposée qui nous avait été refusée en début d’épisode apparaît aujourd’hui au conseil départemental de l’Isère comme une priorité pour désenclaver nos vallées. Cette route goudronnée, déneigée, avec un alternat à vue et une circulation raisonnée (c'est-à-dire ?) ne permettra jamais la circulation touristique. Il apparaît indispensable, à l’heure où le chantier est à l’arrêt, de revoir ce projet pour réaliser une vraie route de remplacement à la RD1091 avant la saison d’hiver. Après deux mois et demi, nous attendons un geste fort de l’Etat !

Une faille s’est ouverte sur la voûte du tunnel du Chambon, dans la vallée c'est un gouffre insondable qui menace de tous nous engloutir. En espérant qu’il sera possible d’accéder favorablement à nos demandes, veuillez agréer, Monsieur le préfet de région, à l’expression de nos respectueuses salutations.

Depuis le début de la « crise du Chambon » nous sommes patients, raisonnables, courtois, conciliants, mais indéniablement à bout de nerf ! La communication positive, c’est très bien, il en faut, mais nous refusons de mourir en silence, de surcroît avec le sourire ! Laissez nous vivre selon nos choix, mais ne nous laissez pas mourir !

LE COLLECTIF CHAMBON, 78ème jour de crise, toujours mobilisés

Isère