Publié par Samir MATHIEU le lun, 14/09/2015 - 15:47

Hautes-Alpes : Chantal Eymeoud, maire UDI d'Embrun, et tête de liste 05 aux prochaines régionales pour l'UDI et Les Républicains, a assisté ce lundi à la plénière extraordinaire convoquée par le président de Région, Michel Vauzelle. Celui ci a annoncé le déblocage de 3 millions d'euros pour aider à l'accueil de réfugiés Chantal Eyméoud est intervenue ce lundi à ce propos dans l'hémicycle, au nom du groupe. Chantal Eyméoud dénonce une "mascarade car la région n'a pas les "moyens".*
Monsieur le Président,
Mes Chers Collègues,
Nous tous Elus Républicains, Centristes et Démocrates tenons à remercier le Président VAUZELLE de réunir – en urgence – l’Assemblée Plénière Régionale afin d’évoquer le drame humanitaire auquel l’Europe, la France et par la même notre Région sont confrontées. Car urgence il y a et elle ne peut pas, n’en déplaise au Front National être réglée uniquement dans les pays concernés, ce serait trop simple et trop facile ! Nous savons, et l’Histoire l’a démontré, que les mouvements de population sont inévitables, tant il y a de régions dans le monde dévastées par des guerres, des pays démolis par des guerres civiles, par la misère qui concerne tant de peuples sur une planète menacée par le réchauffement climatique et où les inégalités entre riches et pauvres se creusent dans des proportions indécentes. Alors, rien ni personne n’empêchera des femmes, des hommes et des enfants de quitter leurs terres de misère et de prendre tous les risques y compris la mort pour accéder à ce qu’ils espèrent être une vie meilleure. Ce sont des efforts de long terme qui vont permettre de construire une gouvernance mondiale fondée sur le règlement des conflits et pour ce qui concerne l’Europe, pour nous engager dans un projet partagé avec l’Afrique. Aujourd’hui, il y a urgence car la guerre en Syrie, la situation en Irak, la progression barbare et exterminatrice de DAESH et d’un terrorisme meurtrier nous met au pied du mur. Notre pays, notre Région au carrefour de la méditerranée ont à la fois le devoir moral et l’obligation éthique d’apporter des solutions. Mais comment en sommes-nous arrivés là ? la réponse relève des Nations Unies, des 5 membres permanents de leur conseil de sécurité de l’Europe et des alliances militaires. Qui dans notre pays à la responsabilité d’œuvrer dans ces cadres stratégiques ? la réponse est simple : le Président de la République.
L’action de la France peut-elle être déterminante ? je pense que oui…pour autant qu’il y en ait une. Ce fut le cas au Mali où nos soldats avec honneur et dignité ont menée des opérations de guerre avec une remarquable efficacité. Aujourd’hui encore, ils poursuivent un engagement déterminant dans la stabilisation du pays. Quel en est le résultat ? Sur les 350 000 réfugiés politiques entrés depuis le début de l’année en Europe, combien sont-ils maliens ? pratiquement aucun.
Par contre, là où la France est absente, là où le monde laisse faire, la terreur s’installe. Notre pays a mis fin avec réussite à la dictature du Colonel KADHAFI et nos armées ont été – là encore – engagées avec une redoutable efficacité. Que n’avons-nous pas entendu alors sur l’action du Président SARKOZY…là encore sur le banc même de cette assemblée où les beaux esprits défendaient un dictateur alors que la France et ses alliés de l’OTAN mettaient un terme à 20 ans d’exactions et des persécutions.
Depuis 2012 il est vrai, en terme d’action, il y a eu si peu de la part de Monsieur HOLLANDE ; la Lybie n’a pas été stabilisée et les premiers réfugiés ont commencé à arriver en masse en Europe. Nous n’avons alors pas réagi, y compris vous, Monsieur le Président…les liens historiques qui lient l’Italie à la Lybie vous ont fait passer à côté de cette premièrecrise…y compris au titre de vos fonctions de l’Euro-Région dont le Piémont italien fait justement partie intégrante.
A ma connaissance, nous n’avons pas alors été très solidaires de notre Région sœur et d’un pays dont l’histoire se confond à celle de la France. Aujourd’hui, la question se pose à Monsieur HOLLANDE, au Gouvernement que vous soutenez et il n’y répond, à son habitude, que par la posture du verre à moitié plein où à moitié vide confondant ainsi les compromis – voire compromissions – des congrès du parti socialiste, les substituant au courage que demande l’engagement de la France dans la gestion des affaires du monde. Avec en plus cette culture de l’excuse qui consiste à dire, selon les postures, c’est la faute de l’Europe, c’est la faute de l’OTAN, de ’ONU ou de qui sais-je encore.
Nous avons notre responsabilité, nous avons nos devoirs. Oui, Monsieur le Président, nous devons exprimer la solidarité de la France envers les peuples opprimés : - la première expression de celle-ci est militaire et ne relèvent pas de notre ; 2e compétence mais nous savons que c’est par l’emploi de la force que passe la
résolution de cette crise.
La seconde est l’impérieuse réforme du droit d’asile, aussi bien dans sa définition que dans son traitement. La France, dans son histoire, a toujours su faire face dans la dignité et l’équité à l’accueil des réfugiés victimes de toutes les barbaries. Ainsi dès 1793, la France a inventé la conception moderne du droit d’asile. Notre Région s’est toujours honorée d’accueillir les victimes des génocides et persécutions.
- Les Arméniens au début du siècle dernier,
- Les Juifs durant l’entre-deux guerres,
- Les boats people oubliés de l’Asie du Sud-Est fuyant le communisme et les Khmers rouge.
Aujourd’hui alors que se confondent misère et persécution, l’Etat se doit d’être équitable et vigilant. L’Etat, dont c’est le rôle, doit prendre avec responsabilité la charge des dossiers et surtout leur traitement effectif. Est-il normal que 95% des clandestins déboutés du droit d’asile demeurent illégalement sur notre territoire, pour se retrouver la plupart du temps dans la rue et démunis ? Cela n’est pas faire injure que de le rappeler.
Les plus hauts responsables de nos familles politiques des Républicains et de l’UDI l’ont encore récemment exprimé. Après le printemps arable, qui avait donné de l’espoir, certains pays ont su surmonter la situation. Je pense notamment à la Tunisie.
D’autres, telles la Lybie ou la Syrie ont sombré dans le chaos, plongeant plus de 4 millions de réfugiés dans la misère et à la merci d’un obscurantisme terroriste et sacrificiel qui persécute tout être humain selon son origine, sa pensée ou sa foi. Aujourd’hui dans notre hémicycle, vous évoquez fort justement ce drame et surtout l’émotion légitime que celui-ci provoque auprès de nos compatriotes. Au nom des valeurs républicaines et humanistes, nous sommes nombreux à nous être déjà mobilisés et organisés pour accueillir des réfugiés venant du Proche et du Moyen-Orient. Nous sommes en contact avec plusieurs ONG en Syrie, au Liban, en Egypte, en Irak….et nous essayons d’étudier au cas par cas le fait non seulement de pouvoir accueillir des réfugiés mais aussi de les accompagner au mieux dans leur intégration au sein de la communauté nationale.
Il n’est un secret pour personne que, hélas, l’exil qu’ils subissent va durer longtemps. Il est donc indispensable que les enfants soient scolarisés et que les parents soient intégrés au monde du travail afin de les aider à leur reconstruction personnelle.Nous travaillons avec caritas, au Liban, l’œuvre d’Orient et d’autres organisations
locales en Syrie, au Liban ou en Jordanie.
Nous ne vous avons pas attendu !
Il existe par ailleurs plus de 30 congrégations religieuses françaises dans la Région qui sont sollicitées par des familles ayant, pour nombre d’entre-elles, des attaches dans notre Région.
En effet, Marseille et Nice regroupent déjà une communauté proche-orientale nombreuse dont certaines d’ailleurs sont des acteurs économiques et politiques de renom.
En Provence-Alpes-Côte d’Azur, diverses collectivités et communes, accompagnées par de nombreuses initiatives privées portées par des particuliers, des associations caritatives, des collectifs citoyens sont en train d’organiser « l’ordre de marche ». Et c’est heureux bien sûr. Mais l’Etat ne doit pas se dérober quant à ses responsabilités administratives et financières. Ceci est d’autant plus vrai, Monsieur le Président, que la loi NOTRE, loi voulue par
Monsieur HOLLANDE, de retirer aux Régions la clause dite de compétence générale rendra difficile pour la région, la possibilité d’intervenir financièrement sur ce type de dossier.
Vous nous indiquez qu’il y a des fonds européens inutilisés.
Monsieur le Président, excusez-moi mais permettez-moi de vous interroger à ce sujet, pourquoi ces fonds européens sont-ils inutilisés ? La région les a-t-elle si mal gérés sous votre mandat. On est en droit de s’interroger ?
Pourquoi n’avez-vous jamais pensé à les débloquer en faveur de nos agriculteurs qui aujourd’hui traversent une crise sans précédent ? Enfin pour conclure et avance de passer la parole à Pierre Paul Léonelli,permettez-moi chers collègues, Monsieur le Président de vous livrer quelques réflexions :
- Et si c’était nous, il y a 4 ans en plein printemps arabe, sur qui Bachard El ASSAD avait tiré dessus à balles réelles, parce que nous revendiquions plus de démocratie et de liberté.
- Et si c’était nous qui par chance, n’avions pas été exterminés par DAESH
- Et si c’était nous ! qu’attendrions-nous de cette France et de cette République qui préfère la parole à l’action en laissant le soin aux territoires d’assumer, se défaussant ainsi de ses responsabilités.