Porcherie de Chabottes : Un projet qui présente des risques de pollution, mais pas seulement pour la SAPN

Le projet de la création d'une porcherie dédiée à l'engraissement à Chabottes n'en finit pas de faire réagir. Déjà vendredi dernier, une trentaine de personnes s'était réunie devant la mairie de la commune pour marquer leur opposition à un tel projet. Ce vendredi, c'est au tour de la SAPN de monter au créneau et d'émettre un avis "particulièrement défavorable" à ce projet. La Société Alpine de Protection de la Nature met notamment en avant les risques d'une pollution de la nappe phréatique située à proximité. Pour Hervé Gasdon, président de la SAPN, les problèmes qu'entraînerait ce projet de porcherie ne se limitent pas seulement à la pollution de la nappe phréatique. Pour mémoire, de son côté, l'agriculteur indique que sa volonté est d’intégrer son projet de porcherie dans l’environnement local en utilisant les dernières techniques d’élevage.

Le communiqué de la SAPN : 

La demande d’enregistrement concerne un projet de bâtiment d’élevage porcin de 1072 places situé sur la commune de Chabottes dans les Hautes-Alpes.

Le site concerné est directement contigu à une installation existante et autorisée (selon le dossier de demande d’enregistrement) pour 494 places.

Le dossier indique (page 4) qu’il s’agit d’un bâtiment qui abritera une activité « d’engraissement ». Il indique également que cette activité est distincte de l’activité « naissage », et que de ce fait, elle fait l’objet d’une demande d’enregistrement distincte.

Procédure administrative

Pour autant les deux activités sont portées par le même établissement agricole (EARL des Vilettes) et relativement proches l’une de l’autre.

Il paraît opportun que les dossiers administratifs des deux activités soient fusionnés, d’autant que sur le plan technique de la production porcine, elles sont étroitement liées et dépendantes. Les données relatives à l’exploitation et à l’activité existantes n’étant pas disponibles, il n’est pas possible d’apprécier les conséquences globales et cumulées des deux installations, tant en ce qui concerne les nuisances visuelles, olfactives, sonores... que les plans d’épandage des lisiers.

Par ailleurs, le cumul des effectifs qui seraient autorisés seraient proche du seuil des 2000 animaux au-delà duquel la procédure d’autorisation est requise. Dans ces conditions il convient que le dossier déposé pour une demande d’enregistrement et les informations disponibles soient complets.

Pollution des eaux

La commune de Chabottes est située dans le Champsaur ; son territoire concerne largement le bassin versant du Drac et en particulier un secteur de la vallée alluviale qui recèle une nappe phréatique reconnue la plus importante ressource utilisable pour l’alimentation en eau potable des populations dans les Hautes-Alpes. L’alimentation en eau potable de la ville de Gap qui fait débat par ailleurs dans le cadre de la prise d’eau des Ricous, pourrait dans les années à venir avoir recours à cette nappe phréatique.

Cette nappe est particulièrement vulnérable aux pollutions superficielles notamment celles provenant des élevages porcins. Il faut rechercher dans cette direction l’origine du classement des territoires de communes voisines en zone vulnérable au titre de la directive nitrates. Celui de la commune de Chabottes n’est pas concerné par ce classement essentiellement en raison de l’absence d’activités polluantes, et non en raison de « l’invulnérabilité » des ressources en eau.

Il ne paraît pas concevable de continuer à développer dans ce territoire des activités qui constituent une menace reconnue pour les ressources en eaux souterraines et superficielles. On peut s’interroger légitimement sur la conformité de l’installation projetée aux objectifs fixés par le SDAGE et le SAGE Drac Amont pour la préservation et la non dégradation des eaux du Drac amont. Nous rappelons à cette occasion que les dispositions de ces documents s’imposent à de telles activités. En l’absence d’information et d’analyse susceptibles de nous rassurer sur ce point, nous devons considérer que les risques de pollution des eaux ne sont pas écartés.

Insertion environnementale

En ce qui concerne les nuisances dont le projet est potentiellement émetteur, le dossier déposé ne comporte aucune indication précise. Il se limite à indiquer qu’il respectera les normes en vigueur en matière d’éloignement des sites et activités sensibles : habitations, sites naturels …

Il s’agit bien d’un dossier administratif « a minima » qui n’engage pas le pétitionnaire à prendre toutes les dispositions nécessaires pour éviter et faire cesser les éventuelles nuisances dont pourrait être responsable l’installation projetée.

Par exemple, une analyse des conditions climatiques locales et notamment l’orientation des vents dominants pourrait peut-être conduire à modifier l’implantation des bâtiments.

De la même manière, l’insertion paysagère et visuelle des constructions fait l’objet de quelques phrases « types » qui ne démontrent pas la volonté du pétitionnaire de veiller à la « bonne insertion » de son projet. Plus, le dossier évoque l’éventualité de l’adjonction de silos de stockage supplémentaires ; ce qui augmente encore les impacts visuels potentiels.

Dans le Champsaur, les retombées économiques du tourisme sont importantes. Cette activité qui s’exerce essentiellement en période estivale est étroitement dépendante de la qualité environnementale et paysagère de la vallée. L’implantation sans aucune précaution environnementale d’activités présentant des risques de pollutions olfactives et visuelles portera indéniablement tort à l’activité touristique.

Enfin, le Champsaur est également le lieu de résidence principale d’un nombre important de Haut-alpins ayant leur activité professionnelle dans l’agglomération de Gap. Ils viennent y chercher un cadre de vie de grande qualité. La multiplication des élevages porcins industriels constitue une dégradation de plus en plus prégnante de leur environnement.

Filière de production

Le choix technologique que révèle ce projet s’insère dans des filières de type industriel décriées par ailleurs tant pour la médiocre qualité de leurs productions que pour la faiblesse des retombées économiques à en attendre localement et pour leurs effets environnementaux. Ce type de production est en totale contradiction avec les choix médiatiques effectués par les structures agricoles locales ; (Montagnard des Alpes : Groupement de producteurs auquel appartient le pétitionnaire) que leurs représentants (Label « Hautes-Alpes Naturellement » porté par la Chambre d’Agriculture des Hautes-Alpes). Il existe des méthodes d’élevage non seulement moins productrices de pollutions et de nuisances, mais aussi produisant des viandes de meilleure qualité et susceptibles d’apporter des revenus plus élevés aux professionnels.

Dans ces conditions la Société alpine de Protection de la Nature (SAPN) émet un avis particulièrement défavorable sur le projet de porcherie de plus de 1000 places envisagé à Chabottes dans le Champsaur.

Rappel des faits :

Une trentaine de personnes présentes ce vendredi matin devant la mairie de Chabottes pour manifester contre un projet de porcherie de Chabottes dans le Champsaur. On vous en parlait en début de semaine. Une polémique à propos d'une porcherie de Chabottes dans le Champsaur. Le collectif de défense environnemental de la vallée du champsaur proteste contre la création de cette porcherie qui devrait abriter plus de 1 000 porc. De son côté, l'agriculteur indique que sa volonté est d’intégrer son projet de porcherie dans l’environnement local en utilisant les dernières techniques d’élevage. Reportage :*

D!CI TV : Une trentaine d'opposants à la... par dicitv31

Article précédent:

Une nouvelle fois la polémique revient à propos de la porcherie de Chabottes dans le Champsaur. Déjà en 1998, un agriculteur de la vallée une porcherie dédiée à l'engraissement des bêtes pour minimiser ses frais. Le projet a été porté devant la justice par l'association "Champsaur Vallée Saine" présidé par Chantal Sicard. 3 procédures judiciaires avaient été lancées contre ce projet. L'agriculteur a finalement arrêté son projet avant d'aller en cassation en 2008. Aujourd'hui en 2015, ce projet est de nouveau remis sur le devant de la scène.
Le collectif de défense environnemental de la Vallée du Champsaur emmené par Chantal Sicard, se mobilise ce vendredi matin dans le but d'informer la population de Chabottes. Une lettre va être envoyée au préfet pour montrer leur mécontentement.*

D!CI TV : La création d'une porcherie à... par dicitv31

De son côté, l'agriculteur a réagit par le biais d'un communiqué, il indique que sa volonté est d’intégrer son projet de porcherie dans l’environnement local en utilisant les dernières techniques d’élevage assurant une maîtrise des nuisances et la fabrication des aliments directement à la ferme. De plus, Serge Jousselme indique que le site d’élevage d’engraissement de l’Isère devient vétuste et nécessite des coûts de production de plus en plus lourds.

Le communiqué de Serge Jousselme :

L’EARL DES VILLETTES, créée en 1998, est gérée par M. Serge JOUSSELME et Mme Karine

JOUSSELME. Elle exploite actuellement un atelier porcin naisseur sur le site « Chemin des Villettes » sur la commune de Chabottes.

Actuellement, les porcs y sont élevés jusque 25 kg environ et sont ensuite engraissés sur un autre site dans l’Isère.

Les porcs produits sont aujourd’hui commercialisés au travers d’un collectif d’exploitants regroupés en SICA. Après avoir été abattus à l’abattoir de GAP, ils sont conditionnés par la SICA Le Montagnard des Alpes.

Les six exploitants porcins regroupés au sein de cette SICA fournissent près des 2/3 de l’activité de l’abattoir. Pour la partie découpe, ils emploient 9 personnes dans leur laboratoire qui est agréé CE.

Ce collectif permet de promouvoir le « porc montagne » produit dans la région du Champsaur et des Hautes Alpes et commercialise environ 20 000 porcs par an.

Après plusieurs années d’exploitation, le site d’élevage d’engraissement de l’Isère devient vétuste et nécessite des coûts de production de plus en plus lourds :

- bâtiment nécessitant des rénovations importantes

- surcoût alimentaire des porcs lié à la nécessité d’achat d’aliment prêt à consommer pour les porcs

- coût de transport du à la distance entre le site naissage et le site d’engraissement et entre le site d’engraissement et l’abattoir de GAP (2 x 65 km)

- coût pour porc à l’engraissement à façon (prestation au porc produit)

Ces coûts financiers s’accompagnent d’impacts supplémentaires :

- impact environnemental lié aux transports des animaux

- impacts économique et qualitatif lié à l’achat d’aliment du commerce

- impact sociétal pour l’éleveur dans les contrats de suivi de ses porcs lié à la distance

Compte tenu de ces différents contextes, l’EARL DES VILLETTES souhaite restructurer son élevage :

- en engraissant tous les porcs nés sur notre exploitation

- en fabricant nous-mêmes l’aliment distribué

- en produisant nous-mêmes les futurs reproducteurs de notre élevage

Ces mesures permettent non seulement de pérenniser notre activité, notre exploitation familiale mais également d’optimiser le fonctionnement de notre SICA de commercialisation de porcs et indirectement, l’activité de l’abattoir de GAP (multi espèces).

Notre projet s’inscrit dans l’environnement local en réalisant une production locale pour une commercialisation locale (circuit court pour assurer une traçabilité au consommateur, boucher charcutier salaisonnier et transformateur).

Le choix d’implantation a été fait en s’éloignant du bourg par rapport à notre exploitation actuelle.

L’épandage des lisiers (fertilisants organiques naturels pour les plantes) permettra aux exploitants prêteurs de terre de limiter l’achat d’engrais chimique importé de l’étranger pour fertiliser les cultures.

Notre volonté est d’intégrer notre projet dans l’environnement local en utilisant les dernières techniques d’élevage assurant une maitrise des nuisances (ventilation centralisée, couverture des ouvrages de stockage des effluents, isolation des bâtiments, conduite technique d’élevage optimisé (conduite en bandes, vide sanitaire, suivi quotidien des animaux, alimentation adaptée à chaque stade physiologique des animaux, logement des animaux sur caillebotis) et fabrication des aliments à la ferme.

Afin d’assurer une production de qualité « porc montagne », nous avons fait le choix de produire nous-mêmes l’aliment de nos cochons à partir de céréales, minéraux choisis par nos soins, afin d’être surs de la qualité de nos produits achetés localement dans les départements 04 et 05.

Le projet s’intègre dans un environnement touristique puisque nous sommes nous aussi liés à cette activité (location d’ânes à la journée pour des randonnées en montagne. Nous faisons également visiter notre ferme aux personnes rentrant de randonnée).

En vendant nous-mêmes notre production à nos clients via la SICA Le Montagnard des Alpes, nous nous engageons dans la production d’un porc de qualité.

Notre projet s’inscrit dans la continuité de notre activité d’élevage de porcs déjà existante sur la commune de CHABOTTES.

Hautes-Alpes
Chabottes