Tarnac/Teilhet : un haut-alpin au cœur d'un scandale d'État

C'est un haut-alpin qui vit un enfer médiatique depuis maintenant sept ans. Jean-Hugues Bourgeois, un Gapençais, est au cœur de deux affaires qui ont défrayées la chronique ces dernières années : Tarnac et l’affaire de Teilhet dans le Puy-de-Dôme.

Les chèvres tuées, la grange brûlée

En 2008, cet agriculteur haut-alpin décide de tout plaquer pour rejoindre Saint-Gervais-d’Auvergne et créer une bergerie pour vendre du fromage bio. Très vite, dix de ces animaux sont tués. Des tags infamants sont inscrits sur sa grange « La Boge aux paysans. Va-t-en ! ». Il reçoit ensuite des lettres en forme de cercueil. Lui et sa famille sont menacés de mort dans ces écrits. Enfin, sa grange est incendiée. Ses terres qu'il loue dans le Puy-de-Dôme semblent très convoitées par les locaux. Plus d’une centaine de personnes sont convoquées à la gendarmerie.

Le haut-alpin mis en examen

Mais très vite, l'affaire bascule. Le Gapençais est accusé d'avoir lui même tué ses chèvres et mis le feu à sa grande. Il est mis en examen. La Cour d'Appel décide quelques mois plus tard d'annuler cette mise en examen. Finalement, le juge en charge de l’enquête a rendu une ordonnance de non-lieu. Seul un militant FN de Paris, Tanguy Deshayes, comparaîtra devant le tribunal correctionnel de Clermont-Ferrand, pour avoir envoyé une lettre de menace au chevrier au cours d'une soirée alcoolisée. Un coup dur pour Jean-Hugues Bourgeois, ce haut-alpin qui a finalement décidé de s'installer près de Nantes. Son avocat, maître Jean-Louis Borie, s'attendait pour autant à cette décision de Justice.
« Malheureusement, il manquait des preuves et le dossier n'était pas assez lourd. Pourtant, c'est clair. Mon client était considéré comme un « étranger » dans ce nouveau département. Aujourd’hui, il a tourné la page ».

Tarnac, le Gapençais comme témoin clé

La page est donc tournée pour ce dossier, mais pas pour celui de Tarnac. Une affaire au retentissement colossal où le Gapençais est considéré comme un témoin clé. Depuis novembre 2008, plusieurs personnes installées dans le village de Tarnac en Corrèze sont poursuivies pour « participation à une association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un acte terroriste ». Plusieurs membres de ce groupe sont soupçonnés d’avoir saboté cinq lignes de TGV à l’automne 2008 en posant des fers à béton sur des caténaires. A l'époque, l'enquête semble ne se baser que sur un seul témoignage : celui du haut-alpin Jean-Hugues Bourgeois, qui fréquente le groupe anarchiste de Tarnac.

Emballement médiatique et politique

Mais, rapidement, il revient sur ses propos et déclare devant les caméras de TF1 que sa déposition n'est pas la même que celle mise en avant par les enquêteurs. Tollé dans les journaux qui peu à peu prennent position et somment la Justice et notamment, le juge antitéroriste Thierry Fragnoli d'éclaircir ces déclarations. L'emballement est aussi politique. De Dominique Voynet à Cécile Duflot, en passant par Daniel Cohn-Bendit en passant par François Hollande, tous dénoncent un acharnement sécuritaire envers le groupe de Tarnac, et en profitent pour tacler la politique menée à l'époque par le Gouvernement Fillon, qui se félicitait de ce coup de filet.

Tarnac, l'arnaque ?

Le 26 novembre 2009, le juge Thierry Fragnoli se rend alors en Loire-Atlantique pour entendre comme témoin Jean-Hugues Bourgeois. Une nouvelle audition et de nouvelles déclarations. Finalement, le 8 août dernier, la Juge d'Instruction a décidé de renvoyer les huit militants de Tarnac devant le tribunal correctionnel. Mais elle n’a pas retenu la qualification de « terroriste » dans ce dossier.
Le mercredi 28 octobre dernier, de nouvelles perquisitions ont été ordonnées à Tarnac. Mais une quarantaine de manifestants cagoulés auraient décidé de faire fuir les enquêteurs.

Joint par téléphone, le Gapençais Jean-Hugues Bourgeois « déclare vouloir tirer un trait sur ces affaires ». Mais nul doute que lorsque le jugement sera rendu pour le « Procès Tarnac », le  haut-alpin devra s'attendre à revoir son nom diffusé et son téléphone sonner.

Le dossier de Valentin Doyen:*

 

D!CI TV: un haut-alpin au coeur d'un scandale d... par dicitv31

Sources: Libération, Le Monde, la Montagne, TF1 et AFP

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