Publié par Adrien CITEAU le dim, 10/04/2016 - 10:00

C'est une figure emblématique de la médecine à Gap et dans les Alpes du Sud : le docteur Guy Bompar s'est confié à Jean-Marc Passeron alors même qu'il se bat contre un terrible cancer. Cette maladie n'épargne pas les médecins non plus. Malgré la maladie qui le ronge, Guy Bompar n'a rien perdu de ses traits de caractère qui en ont fait une véritable figure de la région. De l'humour, du travail... beaucoup de travail, du recul, y compris sur la maladie, de la tolérance... et surtout beaucoup d'humanisme.
Alors à 66 ans, le docteur Bompar considère que c'est le moment de se retourner sur sa vie. Il se livre et n'élude aucun sujet... y compris la fin qui approche.
Depuis 41 ans, Guy Bompar a soigné, conseillé des milliers et des milliers de patients. Il a aussi longtemps présidé l'Ordre des médecins mais aussi été médecin légiste des Hautes-Alpes avec son lot d'autopsies qui pèsent encore dans son esprit. Ce travail de légiste l'a aussi conduit à intervenir sur les pires drames que nous ayons connu. La catastrophe du téléphérique du Pic de Bure en 1999 et l'avalanche de la crête du Lauzet près des Orres en 1998, restent dans son esprit comme les plus difficiles moments de sa carrière de médecin légiste.*
De l'époque des visites à domicile, qu'il ne regrette pas même si les anecdotes sont nombreuses, jusqu'à son travail d'expertise médicale, qu'il poursuit encore malgré cette terrible maladie, Guy Bompar a donné beaucoup... beaucoup pour les autres. Le médecin, a même essayé la politique puisqu'il a été conseiller municipal de Gap. C'était pas vraiment sa «séquence» préférée puisqu'il nous confie que son meilleur souvenir en politique, «c'est lorsqu'il a arrêté !»
Aujourd'hui son fils a pris la relève au cabinet médical, au Concorde, boulevard Pompidou, mais Guy Bompar est toujours là derrière son bureau, attentif aux autres et au monde qui l'entoure. Un monde qu'il prend le temps d'observer, d' «imprimer», comme il nous le dit... paradoxe de la maladie. Derrière son bureau, comme toujours. Avec une différence qui en fera sourire beaucoup. Plus de cigarette, comme celle qu'il avait toujours aux lèvres, y compris dans son bureau lorsque le patient était d'accord. C'est ainsi que commençait souvent un rendez-vous où Guy savait toujours aussi bien soigner la maladie... que l'âme de ses patients.
C'est un plaisir et une douleur que de l'entendre, un bonheur et un honneur de lui rendre ainsi hommage de son vivant. C'est une leçon de vie que nous donne Guy Bompar en nous confiant ses dernières paroles publiques.
Jean-Marc Passeron
Entretien réalisé le 4 mars 2016, au cabinet médical de Guy Bompar, au Concorde à Gap