Publié par Anthony PITON le mar, 04/10/2016 - 18:47

Grosse journée pour le président de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur.
Avant de poser la première pierre du nouveau Lycée Paul Arène de Sisteron et avant un meeting, Christian Estrosi a évoqué la ruralité à Annot ce mardi matin en annonçant une forte hausse du fonds d'aménagement du territoire.
Puis il est allé à Colmars les Alpes au pied du col d'Allos pour évoquer le sujet du loup avec les éleveurs et les élus. Il dit être le premier à avoir tiré la sonnette d’alarme !
Selon le président, il y a urgence car les troupeaux sont quotidiennement menacés par le loup qui a été," honteusement réintroduit artificiellement dans le Mercantour il y a plus de 20 ans maintenant". Et Christian Estrosi d'annoncer diverses mesures :
- une augmentation à 750 000 € du budget que la Région consacre au soutien au pastoralisme en finançant les équipements pastoraux et les opérations d’héliportage.
- un travail juridique en cours pour renégocier la Convention de Berne :
- la mise à disposition des éleveurs de drones équipés de caméras thermiques afin de mieux repérer le prédateur lors des battues.
ou encore permettre aux éleveurs de disposer de chiens spécialisés dans la traque du prédateur.
Le discours du président de région sur le sujet du loup;
Christian Estrosi,
Président de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur
« Pour le pastoralisme, contre la prolifération du loup »
Colmars-les-Alpes - Mardi 4 octobre 2016
Notre territoire est un grand territoire agricole :
22 100 exploitations agricoles dont 2 242 bio (1ère région bio de France),
44 600 actifs,
2,5 millions d’hectolitres de rosé produits chaque année => 35 % de la production nationale,
Nous sommes le leader mondial de production de rosé. 18 AOP (9 en Provence, 1 dans les Alpes et 8 dans la vallée du Rhône).
C’est donc également un grand territoire d’élevage :
- 2 000 éleveurs,
- 600 000 brebis (3ème région française de production ovine),
- les Départements des Alpes-de-Haute-Provence, des Hautes-Alpes et des Bouches-du-Rhône concentrent plus des ¾ des brebis de la région, soit plus de 470 000 têtes,
- Nous bénéficions d’une Indication Géographique Protégée : Agneau de Sisteron, adossée à un Label Rouge. Cette démarche concerne plus de 123 000 brebis.
L’agneau de Sisteron est une des rares démarches Agneau Label Rouge, à l’échelle nationale, à connaître une progression de ses ventes. L’élevage participe à la gestion de près d’1 million d’hectares dans notre région et le pastoralisme est le gage d’une grande biodiversité dans nos espaces alpins.
Il met en valeur nos magnifiques territoires que les touristes du monde entier nous envient.
Les découvertes de bergeries romaines dans la plaine de Crau laissent à penser que, depuis l’antiquité, la pratique de la transhumance existe dans notre région et les archives du Comté de Nice font état de contrats passés au début du XIVème siècle, entre des montagnards et des éleveurs de basse Provence. Et cette tradition se perpétue aujourd’hui permettant aux troupeaux de la plaine de venir se nourrir dans les prairies de nos alpages.
Et je tiens à saluer tout particulièrement, Monsieur TRAMIER, Président de la Maison de la Transhumance, qui est éleveur dans les Bouches-du-Rhône et qui mène son troupeau de moutons depuis des années à Colmars en estive.
Nous sommes ici, dans le Haut Verdon au sein du parc du Mercantour et chacun le sait, les paysages du Mercantour ont été largement façonnés par les pratiques agricoles et pastorales.
Nous devons donc défendre le pastoralisme, non seulement car c’est une pratique agricole d’avenir, mais aussi car c’est une part de notre identité régionale !
La France est une grande puissance agricole et notre région y contribue fortement. Et nous avons le devoir de le demeurer pour les générations futures. Car je ne veux pas d’une France où les territoires ruraux seraient condamnés à disparaitre lentement.
J’ai toujours été à vos côtés, pour défendre vos activités. J’ai d’ailleurs été le premier à tirer la sonnette d’alarme !
C’est en 2002 que j’ai exigé que l’Assemblée nationale se saisisse de cet enjeu à travers le rapport parlementaire que j’ai rendu avec mon ami Daniel SPAGNOU. Mais aujourd’hui, il y a urgence ! Il y a urgence car vos troupeaux sont quotidiennement menacés par le loup qui a été honteusement réintroduit artificiellement il y a plus de 20 ans maintenant.
Et, au-delà des pertes financières, il a généré un climat d’insécurité immense pour nos éleveurs ovins, bovins et caprins.
Notre région concentre :
- ¾ des effectifs de loups (estimé à 300 individus au niveau national l’an dernier),
- 70% des attaques du prédateur,
- 1850 attaques de loups (en 2015),
- 6 500 animaux morts l’an dernier.
Les attaques se font plus nombreuses, sont de plus en plus violentes et se rapprochent chaque année un peu plus des habitations. Si nous n’agissons pas, dans quelques années, non seulement le pastoralisme aura disparu mais le prédateur finira par chasser les habitants de nos montagne de leur terre !
A Colmars, il ne reste plus que 6 exploitants agricoles alors qu’ils étaient 10 en 1988 et la surface agricole est passée de 1310 hectares en 1988 à 206 hectares lors du dernier recensement en 2010.
Pendant la campagne des élections, je vous avais promis que je ne serai pas le Président de Région qui planterait le dernier clou sur le cercueil du pastoralisme ! Que je ne serai pas le Président de Région qui accepterait de voir notre agriculture mourir à petit feu en se disant qu’on n’a pas eu de bol.
Je connais bien le monde paysan. Je connais ses difficultés et les défis qu’il a à relever.
Mais je connais aussi sa dignité !
Jamais vous ne comptez vos heures, votre engagement, car ce métier, soit on le fait par passion, soit on ne le fait pas. Même dans l’adversité, lorsque tout semble impossible, vous ne cassez jamais, vous ne vous plaignez que rarement car vous être trop dignes pour cela !
Aujourd’hui, je suis venu vous annoncer que les engagements que nous avions pris, nous les avons tenus.
Tout d’abord, j’ai décidé d’augmenter à 750 000 € le budget que la Région consacre au soutien au pastoralisme en finançant les équipements pastoraux et les opérations d’héliportage.
Ces actions permettent notamment d’améliorer vos conditions de travail si difficiles.
C’est fondamental car c’est comme cela que nous redonnerons envie à notre jeunesse de s’investir dans ces métiers.
Mais, à la difficulté du métier, est venue s’ajouter une menace insupportable : le loup.
Je l’ai dit, je connais les sacrifices auxquels on doit consentir lorsqu’on est éleveur. Mais ce qu’on vous impose de subir aujourd’hui avec le loup est purement inacceptable !
Pour faire face aux attaques, vous avez été contraints de mettre en place des parcs de nuit clôturés.
Ces mesures ont entraîné une explosion du temps de travail, le recrutement d’aide bergers.
Vous avez également dû recourir à la mise en place de chiens de protection au sein des troupeaux, les fameux patous.
Ces chiens sont nécessaires pour la surveillance, mais posent des problèmes de cohabitation avec les promeneurs et les cyclistes.
Voilà pourquoi je suis venu ce matin vous dévoiler mon grand plan d’action en faveur du pastoralisme en Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Consultation juridique pour renégocier la Convention de Berne :
Aujourd’hui, le loup n’est plus une espèce en voie de disparition mais en voie de prolifération. Il faut donc abaisser son niveau de protection. Aussi, je mobilise tous les moyens juridiques en notre possession pour faire évoluer le statut du loup afin de faciliter la régulation de l'espèce et d'augmenter les quotas de prélèvements.
Nous engageons donc une consultation juridique, en lien avec d’autres Régions françaises (Rhône-Alpes-Auvergne) et européennes (Le Piémont et certains Cantons suisses).
Cette action sera portée à la fois au plan international devant le comité permanent de la Convention de Berne qu’il faut renégocier et par un travail législatif au plan national visant à modifier la loi.
Un arrêté régional dérogatoire au droit commun pourra être envisagé pour notre territoire qui est si impacté.
Mise à disposition des éleveurs de drones équipés de caméras thermiques :
Nous allons expérimenter l’utilisation de drones équipés de caméras thermiques afin de mieux repérer le prédateur lors des battues.
Il est fondamental de faciliter la traque pour renforcer l’efficacité des prélèvements.
Une cellule de juristes à votre disposition :
Nous mettons dès aujourd’hui une cellule de juristes à votre disposition pour vous apporter un accompagnement juridique lors des contentieux que vous pouvez avoir.
Je pense notamment aux conflits qui existent entre vos chiens de protection et les promeneurs ou autres utilisateurs des espaces pastoraux.
Campagne de promotion du pastoralisme :
Nous allons financer d’importantes campagnes de promotion du pastoralisme à destination du grand public, des touristes et des randonneurs. 300 000 euros y seront consacrés.
Nous allons également financer des campagnes de formation des offices de tourisme, des maires de communes pastorales afin qu’ils puissent à leur tour sensibiliser le grand public.
Création de meutes créancées sur le loup :
Nous étudions aussi la possibilité d’accompagner les lieutenants de louveterie dans la création de meutes créancées sur le loup.
Il s’agit, ici, de vous permettre de disposer de chiens spécialisés à la traque du prédateur.
Financement d’outils optiques à vision nocturne :
Nous allons financer des outils optiques à vision nocturne (lunettes thermiques, caméras thermiques…). La Région va apporter un soutien à l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage (ONCFS) et lieutenants de louveterie au travers du financement d’outils optiques à vision nocturne permettant d’accroitre l’efficacité des agents et des brigades chargés des tirs de prélèvement de loup.
Voilà mes chers amis, ce que je voulais vous présenter aujourd’hui.
L’élevage, le pastoralisme, l’agriculture sont une chance pour notre pays et tout particulièrement pour notre région.
Ils forgent notre identité depuis des siècles et continueront à le faire des siècles durant.
La Région n’abandonnera pas ses éleveurs, la Région ne vous abandonnera pas, vous pourrez toujours compter sur moi pour vous soutenir.