Publié par Jean Marc Passeron le mer, 15/02/2017 - 10:31

Dans un communiqué circonstancié, la SAPN (Société Alpine de Protection de la Nature) déclare, je cite, "son opposition catégorique à toute augmentation du nombre de loups dont la destruction pourra être autorisée". L'association réagit ainsi à la décision du ministère de l'environnement portant de 36 à 40 le nombre de loups autorisés à être tués.
Si elle n’est pas opposée au principe de la destruction de loups lorsque l’efficacité de l’intervention est avéré, la SAPN "demande aux Services de l’Etat d’engager sans délais un processus de concertation élargie dans tous les territoires concernés. De nombreuses expériences locales démontrent qu’une cohabitation 'selon elle est possible.
il y a quelques semaine, nous avions réuni sur notre plateau le président de la SAPN, Hetvé Gasdon et le représentant des agriculteurs, René Laurens président de la FDSEA pour essayer de les amener à des points de convergence.
Là, si les deux hommes se respectent, chacun avait campé sur ses positions. Voir ci-dessous.
Avis de la Société alpine de Protection de la Nature (SAPN)
sur les projets d’arrêtés fixant un nombre supplémentaire de spécimens de loups (Canis lupus)
dont la destruction pourra être autorisée pour la période 2016-2017
La Société alpine de Protection de la Nature a pris connaissance du projet du ministère de l’Environnement, de l’Energie et
de la Mer de porter de 36 à 40 le nombre de loups dont la destruction pourra être autorisée pour la période 2016-2017.
La SAPN rappelle que le loup est une espèce protégée par des Conventions internationales que la France a signées, et qu’il
figure à ce titre parmi la liste des espèces protégées en France.
Les dispositions réglementaires en vigueur permettent la destruction de loups sous réserves de dégâts importants et avérés
sur les activités humaines notamment pastorales.
Les éleveurs exploitant les espaces pastoraux des Alpes du Sud et plus particulièrement des Hautes-Alpes souffrent de la
présence du loup. Il convient que l’ensemble de la société s’emploie à alléger les charges générées par la présence de cette
espèce sur leurs exploitations.
Le loup est un élément du patrimoine national, tout comme le pastoralisme ; il est donc indispensable de rechercher et
d’atteindre les conditions économiques, techniques et culturelles d’une cohabitation apaisée.
La SAPN estime que la collectivité nationale et les collectivités régionales et départementales n’engagent pas pour ce faire
tous les moyens nécessaires. Bien au contraire, certaines déclarations récentes de responsables nationaux et/ou régionaux ne
peuvent que contribuer à encourager les récriminations des acteurs du pastoralisme et augmenter d’autant la fracture qui
menace entre le monde agricole et la grande majorité de nos concitoyens favorables à l’existence du loup sur le territoire
national.
De la même manière, il s’avère que les organisations professionnelles agricoles font le choix de la confrontation parfois
violente mais toujours stérile, et refusent désormais tout échange et a fortiori toute recherche de solutions concertées.
La destruction de loups est autorisée depuis plusieurs années. A notre connaissance, il n’a pas été réalisé de bilan évaluatif
de ces opérations. L’efficacité des destructions n’est donc pas démontrée. Les représentants des éleveurs affirment, bien au
contraire, que les dégâts sur les troupeaux sont en constante augmentation même dans les territoires où des tirs ont été
réalisés.
Par ailleurs, les dernières études comportementales réalisées notamment durant l’été 2016 avec l’aide d’une caméra
thermique et suivies avec intérêt par la SAPN montrent une augmentation d'attaques par des loups solitaires qui semblent
être de jeunes adultes sans expérience, livrés à eux-mêmes et très probablement pas encore en âge de chasser seuls. Cela
pourrait être le résultat d'une destruction aléatoire par des tirs, d'individus clefs de voûte au sein des meutes. Cette
constatation semble devoir apporter un éclairage significatif sur le fait que malgré les tirs, et à l’instar de ce que déclarent
certains éleveurs, la prédation continue d’augmenter.
On peut donc légitimement s’interroger sur l’intérêt de maintenir ce type de destruction et a fortiori d’en augmenter le
nombre.
La SAPN n’est pas opposée au principe de la destruction de loups lorsque l’efficacité de l’intervention est avérée. Mais de
telles opérations tant du point de vue de l’expérience et de la législation, que des connaissances émergentes et de l’efficacité
recherchée, doivent être menées avec la plus grande réflexion et la plus large concertation possibles.
Mais, le contexte sociétal délétère rappelé ci-dessus ne permet aucunement d’offrir aux opérations à venir le caractère
nécessairement réfléchi, préparé et concerté avec tous les acteurs des territoires concernés qu’il convient désormais
d’adopter.
Dans ces conditions la SAPN exprime son opposition catégorique à toute augmentation du nombre de loups dont la
destruction pourra être autorisée. Elle demande aux Services de l’Etat d’engager sans délais un processus de
concertation élargie dans tous les territoires concernés. De nombreuses expériences locales démontrent qu’une
cohabitation est possible. Elles doivent être valorisées.
Par ailleurs, la SAPN estime que le pastoralisme est plus menacé par les politiques nationales (ou leur absence) menées par
l’Etat et les organisations professionnelles, que par la présence du loup. Nonobstant des enveloppes financières qui leur
seraient dédiées, l’élevage extensif et en particulier le pastoralisme ovin sont complètement délaissés par le fond des
politiques nationales en la matière.
Le pastoralisme et, d’une manière générale une agriculture respectueuse de l’environnement, sont indispensables ;
pour le maintien et la gestion des paysages que les habitants apprécient et que nos concitoyens viennent chercher
lors de leurs séjours en montagne,
et la gestion d’une biodiversité associée garante d’un équilibre écologique général de la montagne.
La SAPN demande aux instances nationales d’accorder une attention particulière aux filières de production reposant sur le
pastoralisme et de favoriser une valorisation optimale de leurs productions. Elle s’associe et soutient tous les acteurs locaux
et nationaux qui oeuvrent dans ce sens.
Retour sur le débat
40 minutes. 40 minutes pour trouver un point de convergence entre l'écologiste Hervé Gasdon, président de la SAPN et René Laurans, l'agriculteur président de la FDSEA 05. Autant dire que c'était quasiment mission impossible. Même si les deux hommes se respectent, ils n'ont vraiment pas la même vision des choses. Pour l'un, la situation s'améliore, pour l'autre, elle empire. Pour l'un, le loup est nécessaire à la biodiversité, pour l'autre, il ne sert strictement à rien. Seule satisfaction grâce à ce débat sur D!CI : le dialogue a repris et les deux parties ne se regardent plus en "loup de faïence".
Les meilleurs moments du débat :
Pour ou contre le loup dans nos montagnes ? Les... par dicitv31