Publié par Anthony PITON le sam, 25/02/2017 - 12:10

Un écobuage non-maîtrisé et ce sont 13 hectares qui partent en fumée. S'il n'a pas encore marqué les esprits, l'incendie de ce jeudi sur les hauteurs du lac de Serre Ponçon risque pourtant de rentrer dans les annales. Plus de 80 sapeurs-pompiers haut-alpins ont été mobilisés sur près de 24 heures pour lutter contre l’incendie et empêcher les reprises de feux. « C'est beaucoup et c'est inconscient », s'indigne le Président du Service départemental d'incendie et de secours, Marcel Cannat. « Quand on sait que 95 % des sapeurs-pompiers du Département sont volontaires, ça implique qu'ils quittent leurs fonctions pour lutter contre les flammes, et cela à une période de l'année où la saisonnalité est la plus forte. »
La seule lutte contre l’incendie de jeudi a coûté plus de 10 000 € au service départemental d'incendie et de secours. Une somme à laquelle il convient d'ajouter les manque-à-gagner pour les entreprises qui ont mis leur personnel à disposition. « On peut se dire que les pompiers sont justement là pour éteindre les feux », ajoute le colonel Patrick Moreau, qui dirige ledit service. « Mais les choses ne fonctionnent pas comme ça car l'impact de ces feux de végétation est considérable sur l’établissement en ce début d'année marquée par la sécheresse liée au déficit de précipitations et au niveau des températures observé ».
Les sapeurs-pompiers sont déjà intervenus sur 146 feux de végétation ou de forêt depuis le 1er janvier, contre seulement 23 à même date en 2016. Une activité multipliée par 6. « Ce que je regrette », poursuit le colonel Patrick Moreau, « c'est que dans trois cas sur quatre, le feu prend entre 12h et 19h alors que les consignes des pompiers sont très claires. Si écobuage il doit y avoir, il convient de prévenir les services d'incendie et de secours, l’allumer tôt le matin, et qu'il soit terminé en tout état de cause avant midi pour éviter le vent qui se lève en début d'après-midi. En respectant cette consigne élémentaire, trois sur quatre de ces incendies n'auraient pas eu lieu ».
« L'écobuage est une pratique ancestrale dans les Hautes-Alpes et il faut bien garder à l'esprit qu'elle n'est que tolérée par la loi, et sous certaines conditions », conclut Marcel Cannat. « Des conditions qui sont définies par les services de l'État et la Préfecture, en l'occurrence. Et auxquelles il convient de se conformer. La période permet, théoriquement, l'écobuage. Mais au regard des conditions de cette année, j'appelle tout le monde à la plus grande vigilance dans cette entreprise. Et à suivre à la lettre des mesures de bon sens afin que le feu soit maîtrisé par celui qui l'initie. » En outre, que le feu soit déclaré aux sapeurs-pompiers (tel 112) en amont. Et que le terrain et le vent soient observés avant de lancer quelque opération de cette nature.