Publié par Sarah Hübsch le lun, 20/03/2017 - 19:24

Chaque semaine durant cette campagne électorale 2017, Jean
Beveraggi, tels ces colporteurs qui autrefois transportaient
marchandises et nouvelles d'une ferme, d'un hameau, d'un village
à l'autre, viendra vous livrer quelques réflexions sur les coulisses
de cette Présidentielle. Un billet au ton parfois décalé, souvent
dubitatif, mais toujours placé sous le signe de la bonne humeur.
N°4 Parle plus bas, les parrains pourraient nous entendre !
C'est une histoire corse, celle qui est censée répondre à cette question
qui interpelle dans cette « île de beauté » si dévote : pourquoi de nos
jours y a-t-il plus de baptêmes que de mariages dans nos églises ?
Tout simplement parce qu' il est plus facile de trouver des « parrains »
que des « témoins » ...
Trêve de plaisanterie, allez donc demander à ceux qui postulent au
fauteuil de Président si cela est si aisé de trouver un parrain quand on
entend briguer les suffrages des électeurs.
Depuis samedi nous savons qu'ils sont donc 11 sur la ligne de départ.
Onze à avoir récolté les fameuses 500 signatures de parrainages
requises. Ils étaient plus de 45 000 élus, parlementaires, députés
européens, maires, conseillers régionaux ou départementaux,
présidents d'intercommunalités, à pouvoir délivrer le précieux sésame.
Près d'un tiers d'entre-eux, 14 296 très exactement, ont usé de ce
privilège républicain. Et il n'est pas inintéressant de constater que 72,
6 % de ces parrains sont des élus communaux si l'on en croit les
statistiques du Conseil Constitutionnel.
Alors, la grande nouveauté qui consiste cette année à rendre publique
cette liste de parrainage ne va-t-elle pas poser quelques problèmes
dans le 04 et le 05 où respectivement pas moins de 82 et 68 élus se sont
mouillés en paraphant le fameux sésame.
Je m'explique : un maire de petit village n'a pas souvent pour
habitude lorsqu'il se présente devant ses électeurs de le faire sous la
bannière d'un parti. En zone rurale, c'est le règne des SE (Sans
Etiquette), des DVD (Divers Droite) et des DVG (Divers Gauche).
Que vont penser alors les électeurs d'un village comme Rousset, petite
perle perchée sur le Mont Soleil au-dessus du barrage de Serre
Ponçon, en constatant que Catherine Saumont, leur charmante maire,
a permis à l'égérie de Lutte Ouvrière d'être candidate. Et de marteler
son programme d'extrémiste de gauche dont le projet de « voir
régulariser tous les sans-papiers et accueillis tous les migrants à bras
ouverts ».
A Rousset, Nathalie Arthaud avait obtenu… 0 voix en 2012 . Et la
droite avait dépassé la barre des 60 % au premier Tour, Sarkozy
l'emportant au second avec plus de 54 % . Même constat pour les
législatives qui suivirent puisque - fait rare pour être souligné -
Chantal Eyméoud avait battu là Joël Giraud de près de quatre
points…
Rousset n'est assurément pas la seule « anomalie » si je peux me
permettre l'expression. Consulter la liste des parrains de nos deux
départements et établir une comparaison avec la sensibilité politique
majoritaire lors de précédents scrutins dans nos communes amènent à
cette question : désormais, lorsqu'il postule au fauteuil de maire, un
candidat devra-t-il clarifier son positionnement sur l'échiquier
politique national ?
D'aucuns me diront qu'en tant que citoyen chacun peut avoir son
opinion. Oui, c'est un fait. Mais devenir parrain pour un futur - ou
future - président(e) au titre de premier magistrat d'une commune
devrait peut-être amener à respecter ses propres électeurs…
A bon entendeur… Le Colporteur vous salue bien !