Publié par Anthony PITON le mar, 28/03/2017 - 19:04

Va-t-on vers une fusion à terme des Hautes-Alpes et de l'Isère ? La perspective que nous vous révélions il y a deux mois se confirme et trouvera une première illustration ce soir. Les deux présidents Jean-Marie Bernard pour les Hautes-Alpes et Jean-Pierre Barbier pour l'Isère seront à Gap ce soir pour acter un premier partenariat. Une première étape qui pourrait être suivie de beaucoup d'autres jusqu'à une éventuelle fusion qui ne manquera pas de déchaîner les passions dans le 05 partagé depuis toujours entre l'identité dauphinoise et provençale. Alors, on a demandé à Alain Freynet, maire de Saint Firmin ce qu'il est pensait, lui qui habite tout proche de l'Isère :
Le département des Hautes-Alpes n'échappe pas en effet , comme la plupart des départements, aux problèmes financiers. La situation budgétaire devient très tendue. Si cette année les habitants échappent à une hausse d’impôt, elle paraît inévitable pour l'année prochaine. Ce ne sera pas aussi fort, mais il faudrait une augmentation de 50 % des impôts pour que le département retrouve ses marges de manœuvre. D'où cette démarche qui vise à envisager un "rattachement" à un département bien plus riche, celui de l'Isère comme nous vous le révélions il y a deux mois . En fait, il s'agit dans un premier temps de travailler sur une mutualisation accrue. La fusion est en effet impossible à ce stade car deux départements de deux régions administratives différentes ne peuvent se rassembler en état de la loi. Il faudrait pour y parvenir d'abord changer de région administrative puis fusionner. Jean-Pierre Barbier, président du conseil départemental de l'Isère, et Jean-Marie Bernard, président de celui des Hautes-Alpes, seront ensemble ce mardi à Gap pour évoquer cette mutualisation entre les deux départements en particulier au niveau des routes et du train.
Cette perspective de mutualisation (et de fusion à terme) pose entre autres des questions identitaires. En effet, de tout temps, les Hautes-Alpes ont été partagées entre la Région Rhône-Alpes, dont fait partie l'Isère, et la Région Provence-Alpes-Côte-d'Azur. A titre d'exemple en matière judiciaire, la Cour d'Appel est toujours à Grenoble, alors même que le préfet de Région est celui de Marseille.
Les pieds dans les Alpes, mais le regard vers Marseille, les Haut-Alpins ont toujours été partagés sur ce sujet.
Autant dire que c'est une débat très sensible qui est ouvert comme en témoignent les nombreux témoignages que nous avons recueillis depuis 2 mois.
D'aucuns avaient proposé un regroupement des Hautes-Alpes et des Alpes-de-Haute-Provence qui se ressemblent tant, à l'image de ce qu'ont réalisé les deux Savoie. En effet, dans les Alpes du Nord, chaque département continue d'exister mais une assemblée commune a pris en charge la responsabilité, par exemple, du tourisme. Problème, on n'a guère senti d'enthousiasme sur cette fusion du côté des Alpes-de-Haute-Provence et Digne-les-Bains, et guère plus dans celui des Hautes-Alpes sur le thème : "avec deux pauvres, on ne fait pas un riche".
Au bout, les plus partants d'une fusion "Alpes du Sud" sont les élus des communes frontalières du 04 et du 05 ; le maire de Sisteron ou les élus de l'Ubaye. Dans les Hautes-Alpes, on est partagé. Dans le Dévoluy, le Champsaur et le Briançonnais, on serait plus partant pour un rapprochement avec l'Isère. Quant à Gap et dans le Buëch, on a plus d’atomes crochus avec Marseille.
Question identitaire, question économique, c'est un important débat qui s'ouvre aujourd'hui. Avec, pour arbitre, le département de l'Isère qui aura à faire savoir son intérêt ou pas pour cette fusion avec les Hautes-Alpes, le plus haut département de France mais aussi l'un de ceux au budget le plus faible et où les marges de manoeuvre deviennent de plus en plus délicates..