Publié par Anthony PITON le mar, 18/04/2017 - 19:38

Chaque semaine durant cette campagne électorale 2017, Jean Beveraggi, tels ces colporteurs qui autrefois transportaient marchandises et nouvelles d'une ferme, d'un hameau, d'un village à l'autre, viendra vous livrer quelques réflexions sur les coulisses de cette Présidentielle. Un billet au ton parfois décalé, souvent dubitatif, mais toujours placé sous le signe de la bonne humeur.
N°8
D'un extrême à l'autre, ça la fiche mal !
Il me semble vraiment que les affiches des onze prétendants à l’Élysée
sont à l'image de cette campagne, c'est-à-dire peu enthousiasmantes. La
sobriété paraît avoir été cette année le maître mot des grands
communicants qui officient autour des candidats, et ce au détriment de la
créativité. On retrouve de grands visages - souvent retouchés par
photoshop -, des sourires discrets, des couleurs pâles, beaucoup de
cravates, des slogans pas toujours évidents… et peu ou prou de logos de
partis politiques !
Regardez Jean-Luc Mélenchon, l'homme qui aime tant les journalistes. Lui
arbore désormais un col ouvert, certainement synonyme d’anti-système, et
des lunettes. Et a remisé la couleur rouge pour un ciel bleu gris. Encore
mieux, pour bien démontrer qu'il s'est assagi, les noms des partis qui le
soutiennent ont disparu, et seule la lettre grecque « phi » qui symbolise la
philosophie, figure à côté de son nom. Quant à son slogan, « La Force du
Peuple », il est bien loin du « Prenez le Pouvoir » de 2012…
D'un extrême à l'autre, l'affiche de Marine Le Pen s'inscrit un peu dans le
même esprit visant à démontrer qu'elle s'est assagie elle aussi. Oubliés le
nom de famille de Le Pen - trop clivant - et le logo du FN. Gommés la
flamme frontiste et autres gadgets tricolores. Quant à l'habituel rictus des
plateaux TV, il est remplacé par un sourire de madone. Enfin, côté slogan,
le « Remettre la France en ordre » tout comme le « Au nom du peuple »
qui signe son affiche, affirment sa volonté de faire la révolution en
s'appuyant sur la base…tout comme Monsieur Mélenchon !
Loin d'être anodines, les affiches de certains candidats portent un message
qu'il convient de décrypter. En matière d'élection, c'est un peu comme avec
une bouteille de vin. L'étiquette peut être alléchante, attirante et
promettre une douce ivresse… Reste à savoir si le contenu n'est pas en fait
une mauvaise piquette de nature à vous refiler des aigreurs d'estomac à
vie … et une belle gueule de bois au lendemain du second tour de cette
Présidentielle.
Peut-on imaginer un tel 8 mai, soixante-douze ans jour pour jour après la
victoire des Alliés sur les Nazis et la fin de la seconde guerre mondiale en
Europe ?
Mon prof de philo, grand défenseur de la démocratie, ne cessait de nous
répéter qu'il convenait de garder toujours à l'esprit que les thèses
extrêmes, pour alléchantes qu'elles sont, se devaient d'être consommées
avec une grande modération.
Quand je vous disais que c'est un peu comme pour le vin.
A bon entendeur… Le Colporteur vous salue bien.