Publié par Valentin Doyen le mar, 25/04/2017 - 10:27

Il votera blanc. David Gehant, conseiller régional des Républicains dans les Alpes de Haute-Provence, a fait son choix pour le second tour des présidentielles. "Je ne choisis ni Le Pen, ni Macron", insiste l'élu qui ne respecte donc pas le choix dicté par François Fillon le soir de sa défaite. Comme Sébastien Ginet ou encore Jean-Claude Castel, David Gehant rejoint les élus de droite qui refusent le Front Républicain.
Voici son communiqué :
D’abord parce que j’ai toujours été quelqu’un de libre, et que j’ai un peu de mal avec le diktat de la bien-pensance qui sévit dans notre pays. J’ai pu penser, et même dire, par le passé que « faire barrage au FN » était un geste républicain salvateur. Quand je vois le résultat des extrêmes cumulé dans les Alpes-de-Haute-Provence, soit environ 47 %, je pense en réalité que c’est ce genre de réflexe pavlovien qui participe à son essor. Bon, et puis soyons honnête : le fait qu’un candidat parfaitement inconnu puisse être mis en orbite en moins d’un an par le triptyque finance-médias-justice me fait froid dans le dos.
Aussi parce que l’idée de voter en faveur de la continuité du quinquennat de François Hollande me donne la nausée. Pour ceux qui douteraient encore de cette thèse, je vous invite à analyser les résultats. Dans notre département par exemple le PS accuse une perte de 19,5 % entre 2012 et 2017 quand le candidat En Marche obtient…20 % des suffrages ! Simple hasard ? Ça serait un peu gros. Simplement la démonstration que Macron est bien l’héritier de Hollande pour les électeurs, en plus jeune et en plus fun, certes, mais aussi en moins expérimenté. Avec un programme aussi creux que son discours, à la tête d’un parti rassemblant tout ce que le monde politique fait de plus opportuniste. Comment faire confiance à ces gens qui se sont subitement mis à marcher au fur et à mesure que les sondages grimpaient ? Souvent après avoir été des bons petits soldats du socialisme pendant des années. Bref, la définition du néant.
Enfin parce que le sujet qui est mon moteur en politique, la défense de la ruralité, est le grand absent de cette campagne. C’est pourtant 30 % des Français qui vivent dans des communes de moins de 2000 habitants et qui souffrent de l’abandon progressif de l’Etat, de la disparition des services publics de proximité, d’un tissu économique souvent trop frêle voire inexistant ou encore d’une baisse constante de leur qualité de vie. Qui pensent à eux ? Objectivement aucun des candidats à la présidentielle. Et ça serait injuste de jeter la pierre au seul Emmanuel Macron. Mais lorsque je l’entends promettre l’exonération de la taxe d’habitation pour 80 % des Français, je ne peux m’empêcher de penser aux petites communes qui sont déjà dans des situations budgétaires complexes. Et si vous croyez que cette rentrée fiscale sera compensée par l’état, vous aurez sûrement raison…pendant 1 ou 2 ans. Dès la prochaine crise budgétaire, on baissera ces dotations comme le gouvernement le fait avec la DGF depuis 3 ans, et on étranglera un peu plus nos territoires. Sans compter la perte de souveraineté qu’engendre le passage d’une ressource budgétaire dynamique à un revenu statique.
Je ne voterai pas non plus pour Marine Le Pen. Pas par posture, mais parce que son programme ne me convient pas. Il est au mieux irréaliste, au pire dangereux. Possibilité de « Frexit », volonté de sortir de l’euro et tout ce que cela engendrerait en matière de baisse de pouvoir d’achat, cadeaux électoraux : retour de la retraite à 60 ans, baisse de l’impôt sur le revenu, hausse du traitement des fonctionnaires…etc. Séduisant, mais parfaitement irréalisable car infinançable. Sans compter la frange négationniste de ses soutiens dont l’absence de réflexion n’est plus à prouver. Non, je ne peux décemment pas faire cela.
Je voterai donc blanc, puisque c’est la seule option que me laisse la 5ème République dans ce cas de figure. Et je me garderai bien de donner une consigne de vote. Je trouve cela dégradant et présomptueux. Les gens n’attendent pas des élus locaux qu’ils leur donnent des ordres. Un peu de modestie et d’humilité. Ils nous demandent de faire notre boulot de façon efficace. C’est ce que je vais faire, tout en continuant à croire à un pays dans lequel les élus viendraient d’en bas, seraient représentatifs de notre pays et de ses différences, et prendraient des décisions uniquement en faveur de l’intérêt général.