Publié par Anonyme (non vérifié) le mar, 09/05/2017 - 16:12

Chaque semaine durant cette campagne électorale 2017, Jean Beveraggi, tels ces colporteurs qui autrefois transportaient marchandises et nouvelles d'une ferme, d'un hameau, d'un village à l'autre, viendra vous livrer quelques réflexions sur les coulisses de cette Présidentielle. Un billet au ton parfois décalé, souvent dubitatif, mais toujours placé sous le signe de la bonne humeur.
N°10 : Des médias si précieux pour Marine
Pour attaquer cette semaine, c'est évidemment de Présidentielle dont je vais
vous parler. Le contraire vous aurait certainement étonné. N'ayez crainte
toutefois, je ne vais pas revenir sur la soirée de dimanche soir, ni vous
abreuver de résultats : la rédaction de DICI a bien fait les choses et la
mobilisation de toute l'équipe vous a permis de tout savoir en un temps
record.
Je ne vais pas non plus évoquer ce troisième tour, les Législatives, que les
état-majors préparent déjà… et sur lequel nous aurons largement
l'occasion de revenir.
Mais plutôt prendre un moment pour me pencher sur ce qui m'apparaît
comme l'un des enseignements de ce dernier scrutin dans les Hautes-Alpes,
la place du vote FN !
Avec 26 417 bulletins à son nom, Marine Le Pen a réalisé le score de
35,88 % , soit un chiffre supérieur à celui - déjà historique - obtenu par sa
nièce, Marion, lors des régionales de 2015, 32,58 %.
En y regardant de plus prés, on constate que la candidate FN a même
pointé en tête dans pas moins de quinze communes haut-alpines, avec un
record à 65,22 % dans celle de Bruis dont le maire n'est autre que Gérard
Thenoux, l'un des vice-présidents du Conseil départemental.
Autre constat, le fait que ces 15 communes (14 en fait puisqu'à La Fare en
Champsaur les deux candidats se sont retrouvé à égalité) soient de taille
modeste voire très petites. Et qu' elles se situent toutes dans le sud du
département, précisément dans les cantons de Chorges, Saint Bonnet,
Tallard, Laragne et Serres.
Or, une étude Harris Interactive décortiquant les motivations du dernier
vote Front National démontre que l'immigration, la lutte contre le
terrorisme, la sécurité des personnes et des biens ont été - et de loin - les
trois thèmes qui ont le plus compté pour les électeurs dans leur choix de
vote FN, bien devant l'emploi et le pouvoir d'achat.
Ce faisant, quelques questions se doivent donc d'être posées :
Est-ce qu'à Bruis, à Saint Étienne Le Laus, Théus, Rousset, Rochebrune,
les habitants seraient confrontés à une vague d'immigrés ?
Est-ce qu'à La Rochette, Avançon ou Saint Eusébe en Champsaur les
petites vieilles se font chourer leur sac à main dans la rue ?
Est-ce qu'à Lettret, au Glaizil ou à Lazer , des individus radicalisés
menacent la quiétude de ces tranquilles communes ?
Est-ce que des projets de construction de mosquées inquiètent les habitants
de La Saulce, d' Espinasse ou d' Aspremont ?
Je laisse chacun d'entre vous répondre à ces questions. Préférant pour ma
part penser que ces votes FN sont plus des votes de protestation que
d'adhésion. Qu'ils sont surtout l'expression de personnes déboussolées et
qui ne veulent plus voter pour les partis traditionnels et républicains de
droite comme de gauche. Parce qu'au fond, elles se sentent abandonnées et
ne croient plus en un certain exercice du pouvoir.
Le contraire voudrait dire que toutes les peurs et les rejets qui nourrissent
les fondamentaux du FN, que les thèmes porteurs - démagogiques et
populistes - de l'extrême droite française ont envahi campagnes et zones
rurales via le seul prisme de la télévision et des images des JT !
Les médias comme premier relais de la propagande frontiste, voilà un
sacré paradoxe quand on pense aux récurrents discours de Madame Le
Pen et des siens qui ne ratent pas une occasion de stigmatiser le rôle des
journalistes et de leur attribuer les raisons de leurs défaites électorales….
A bon entendeur… Le Colporteur vous salue bien.