Elysée D!CI - le billet du colporteur : petite lettre ouverte au Président

Chaque semaine durant cette campagne législative 2017, Jean Beveraggi, tels ces colporteurs qui autrefois transportaient marchandises et nouvelles d'une ferme, d'un hameau, d'un village à l'autre, viendra vous livrer quelques réflexions sur les coulisses de cette Présidentielle. Un billet au ton parfois décalé, souvent dubitatif, mais toujours placé sous le signe de la bonne humeur.

N°11 : Petite lettre ouverte au Président

Monsieur le Président, je vous fais cette lettre, que vous lirez

peut-être, si vous avez le temps… N'ayez crainte, je n'ai pas la

prétention de me prendre pour Boris Vian et ma missive n'a

rien d'antimilitariste. Mais en ce début de mandat, entre

Berlin et le Mali, et maintenant que votre premier ministre est

au travail, je tenais simplement à vous inviter à venir

découvrir les Hautes-Alpes !

Président de tous les Français, je ne doute pas que vous aurez

à cœur de voir comment se déroule le quotidien dans un tout

petit département de montagne où la confiance des gens en

l’État est inversement proportionnelle à la hauteur des

nombreux sommets qui jalonnent son territoire.

Pour venir chez nous, oubliez la solution du train. La liaison

ferroviaire de nuit demande entre 12 à 13 heures en ce

moment, dans des wagons vétustes, inconfortables, et d'une

hygiène douteuse. Il y a de fortes chances de surcroît pour que ce train tombe en

panne et qu'il ne rallie à terme Gap et Briançon avec beaucoup de retard.

La solution routière m'apparaît en fait la plus adaptée pour

que vous nous retrouviez à partir de Grenoble. Vu la

configuration et l'état du réseau routier, le service du protocole

de l’Élysée - qui gère tous vos déplacements - devra veiller à ce

que vous utilisiez cette fameuse et confortable DS 7 Crossback

dont vous vous êtes fait l'ambassadeur. Mais prévoir aussi un

dispositif spécial pour assurer votre sécurité … dans la mesure

où vous traverserez des zones dépourvues de réseaux pour les

téléphones portables, et de médecins proches pour les

personnes ayant besoin de soins urgents.

Votre nouveau directeur de cabinet , Patrice Strzoda, fin

connaisseur des Hautes-Alpes où il a occupé son premier poste

de préfet de 2002 à 2004, vous le dira, zones blanches et

déserts médicaux sont des constantes dans ces zones de

montagne où les thématiques de désenclavement ont usé des

générations de politiques locaux et décrédibilisé à jamais la

parole de l’État.

A Gap, vous pourrez saluer alors Pierre Bernard-Reymond,

figure emblématique de la région et l'un de vos soutiens lors de

la récente campagne électorale. 18 ans maire de Gap, 13 ans

conseiller général, 12 ans député européen, 8 ans conseiller

général, 7 ans sénateur, quasiment 4 ans comme secrétaire

d’État… et toute une vie à se battre pour la poursuite de

l'Autoroute A51 !

Européen convaincu à votre image, PBR aime à citer le

passage de votre livre « Révolution » dans lequel vous citez

Gap comme l'une des villes devant bénéficier d'un moyen de

communication rapide avec les territoires qui l'environnent.

Je concède qu'à vos yeux ce septuagénaire professionnel de la

politique n'incarne peut-être pas ce renouvellement et ce

rajeunissement que vous prônez. Mais Monsieur le Président,

ne craignez-vous pas qu'à trop faire de jeunisme, le risque

prévaut de se passer de l'expérience teintée de bon sens de vos

aînés ?

D'ailleurs, vos choix dans le domaine des candidatures à cette

échéance des législatives si primordiale pour vous et votre

projet tendent dans les Alpes du Sud à démontrer que les faits

sont déjà souvent éloignés des paroles.

Plutôt que de renouvellement, ne devrait-on pas plutôt parler

de recyclage puisque dans les Alpes du Sud, trois de vos

candidats - Delphine Bagarry, Pascale Boyer et Christophe

Castaner - ne sont autres que des transfuges du PS. Et que l'on

peut en dire autant du quatrième, Joël Giraud, ex-PRG qui

marche désormais avec vous et vers un quatrième mandat….

Ce qui est pour le moins cocasse pour un nouveau parti qui a

fait campagne en promettant de mettre un terme au cumul des

mandats et à la multiplication de ceux ci ?

La vie politique est souvent faite de situations ambiguës, je

vous le concède. Mais, Monsieur le Président, n'oubliez jamais

que « le bonheur, c'est lorsque vos actes sont en accord avec

vos paroles. » Cette phrase n'est pas de moi mais d'une

certaine Indira Gandhi…

Avec tout le respect qu'il vous doit, à bon entendeur, le

Colporteur vous salue bien.

Edito