Publié par Adrien CITEAU le lun, 15/05/2017 - 18:58

Chaque semaine durant cette campagne législative 2017, Jean Beveraggi, tels ces colporteurs qui autrefois transportaient marchandises et nouvelles d'une ferme, d'un hameau, d'un village à l'autre, viendra vous livrer quelques réflexions sur les coulisses de cette Présidentielle. Un billet au ton parfois décalé, souvent dubitatif, mais toujours placé sous le signe de la bonne humeur.
N°11 : Petite lettre ouverte au Président
Monsieur le Président, je vous fais cette lettre, que vous lirez
peut-être, si vous avez le temps… N'ayez crainte, je n'ai pas la
prétention de me prendre pour Boris Vian et ma missive n'a
rien d'antimilitariste. Mais en ce début de mandat, entre
Berlin et le Mali, et maintenant que votre premier ministre est
au travail, je tenais simplement à vous inviter à venir
découvrir les Hautes-Alpes !
Président de tous les Français, je ne doute pas que vous aurez
à cœur de voir comment se déroule le quotidien dans un tout
petit département de montagne où la confiance des gens en
l’État est inversement proportionnelle à la hauteur des
nombreux sommets qui jalonnent son territoire.
Pour venir chez nous, oubliez la solution du train. La liaison
ferroviaire de nuit demande entre 12 à 13 heures en ce
moment, dans des wagons vétustes, inconfortables, et d'une
hygiène douteuse. Il y a de fortes chances de surcroît pour que ce train tombe en
panne et qu'il ne rallie à terme Gap et Briançon avec beaucoup de retard.
La solution routière m'apparaît en fait la plus adaptée pour
que vous nous retrouviez à partir de Grenoble. Vu la
configuration et l'état du réseau routier, le service du protocole
de l’Élysée - qui gère tous vos déplacements - devra veiller à ce
que vous utilisiez cette fameuse et confortable DS 7 Crossback
dont vous vous êtes fait l'ambassadeur. Mais prévoir aussi un
dispositif spécial pour assurer votre sécurité … dans la mesure
où vous traverserez des zones dépourvues de réseaux pour les
téléphones portables, et de médecins proches pour les
personnes ayant besoin de soins urgents.
Votre nouveau directeur de cabinet , Patrice Strzoda, fin
connaisseur des Hautes-Alpes où il a occupé son premier poste
de préfet de 2002 à 2004, vous le dira, zones blanches et
déserts médicaux sont des constantes dans ces zones de
montagne où les thématiques de désenclavement ont usé des
générations de politiques locaux et décrédibilisé à jamais la
parole de l’État.
A Gap, vous pourrez saluer alors Pierre Bernard-Reymond,
figure emblématique de la région et l'un de vos soutiens lors de
la récente campagne électorale. 18 ans maire de Gap, 13 ans
conseiller général, 12 ans député européen, 8 ans conseiller
général, 7 ans sénateur, quasiment 4 ans comme secrétaire
d’État… et toute une vie à se battre pour la poursuite de
l'Autoroute A51 !
Européen convaincu à votre image, PBR aime à citer le
passage de votre livre « Révolution » dans lequel vous citez
Gap comme l'une des villes devant bénéficier d'un moyen de
communication rapide avec les territoires qui l'environnent.
Je concède qu'à vos yeux ce septuagénaire professionnel de la
politique n'incarne peut-être pas ce renouvellement et ce
rajeunissement que vous prônez. Mais Monsieur le Président,
ne craignez-vous pas qu'à trop faire de jeunisme, le risque
prévaut de se passer de l'expérience teintée de bon sens de vos
aînés ?
D'ailleurs, vos choix dans le domaine des candidatures à cette
échéance des législatives si primordiale pour vous et votre
projet tendent dans les Alpes du Sud à démontrer que les faits
sont déjà souvent éloignés des paroles.
Plutôt que de renouvellement, ne devrait-on pas plutôt parler
de recyclage puisque dans les Alpes du Sud, trois de vos
candidats - Delphine Bagarry, Pascale Boyer et Christophe
Castaner - ne sont autres que des transfuges du PS. Et que l'on
peut en dire autant du quatrième, Joël Giraud, ex-PRG qui
marche désormais avec vous et vers un quatrième mandat….
Ce qui est pour le moins cocasse pour un nouveau parti qui a
fait campagne en promettant de mettre un terme au cumul des
mandats et à la multiplication de ceux ci ?
La vie politique est souvent faite de situations ambiguës, je
vous le concède. Mais, Monsieur le Président, n'oubliez jamais
que « le bonheur, c'est lorsque vos actes sont en accord avec
vos paroles. » Cette phrase n'est pas de moi mais d'une
certaine Indira Gandhi…
Avec tout le respect qu'il vous doit, à bon entendeur, le
Colporteur vous salue bien.