Publié par Valentin Doyen le ven, 15/09/2017 - 20:05

Trois ans. Cela fait trois ans que Franck Di Iorio est décédé. Ce maçon de 45 ans, apprécié dans son village d'Aubignosc et aux alentours, manque à tous ceux qui le connaissaient. Trois ans après, l'émotion est toujours aussi immense. Tout comme la colère qui ne s'est pas dissipée.
Dans la nuit du 16 au 17 septembre 2014, au moins trois hommes cagoulés et gantés rentrent dans la villa de la famille Di Iorio, chemin de Malaga à Aubignosc. A l'intérieur, Franck, son épouse Corinne et leur plus jeune fils âgé de 15 ans. Les trois sont séquestrés et violentés. Franck se débat. Il mourra étouffé. Les voleurs repartent avec de l'argent et des bijoux. Légèrement blessés, Corinne et son jeune fils sont extrêmement choqués.
Ce fait divers sanglant secoue la petite commune tranquille d'Aubignosc et les communes aux alentours où la famille Di Iorio est connue et respectée.
Une marche blanche est organisée dans la commune, avant les obsèques où beaucoup de monde a fait le déplacement pour rendre un dernier hommage à Franck.
Une Justice mobilisée mais sans réponses
Très vite, le parquet d’Aix-en-Provence ouvre une information judiciaire pour “vol précédé ou suivi de violences ayant entraîné la mort”, “violence en bande organisée” et “séquestration en bande organisée”. Aujourd’hui, trois ans après les faits, il n'y a eu aucune interpellation. « Nous n'oublions pas cette famille. L'enquête et les recoupements se poursuivent. Nous savons que c'est toujours trop long pour les proches qui ont subi un traumatisme terrible. Ce que nous pouvons dire, c'est que nous ne lâchons rien. C'est un dossier suivi » indique le Pôle Criminel d'Aix en Provence. Des pistes ? Elles semblent minces. Celle du règlement de compte est rapidement écartée.
Selon nos informations, il pourrait s'agir d'une bande d'individus spécialisés dans le vol, venant, d'après une source qui a suivi ce dossier, d'Europe de l'Est. Une piste qui n'est pas confirmée.
Les voleurs ont-il taper au hasard ? Ou se sont-ils renseignés sur la famille Di Iorio, en s'imaginant qu'un artisan pouvait posséder du liquide chez lui ? Ces questions restent encore sans réponses précises.
Corinne, forte pour ses enfants
Les proches de Franck, eux, tentent de se reconstruire comme ils peuvent. Corinne Di Iorio, son épouse, a repris rapidement une activité de manucure dans la commune d'Aubignosc. Elle a aussi trouvé un nouveau logement. Dévastée et anéantie, elle reste digne, chaque jour, pour ses deux enfants. Le plus jeune, présent dans la maison au moment du drame, a obtenu son bac en juillet dernier. Le plus âgé a une bonne situation. Tout ce que des parents peuvent espérer pour leurs enfants. La preuve que, même dos au mur, la famille Di Iorio a réussi à rester soudée et unie.
Un village toujours sous le choc
Dans le village d'Aubignosc et aux alentours, personne n'a oublié Franck Di Iorio. Locaux ou récemment arrivés, tous les villageois connaissent la terrible histoire. Certains, en larmes, n'arrivent même pas à témoigner. Il faut dire que la victime ne laissait pas indifférent. Grand, brun, méridional, avec un large sourire et toujours à l'écoute. Festif aussi, puisqu'il faisait partie du Comité des Fêtes et s'impliquait dans la vie de sa commune.
La mairie au soutien
Pour le maire d'Aubignosc, René Avinens, chaque anniversaire est un crève-cœur. « Je me souviendrai toujours de cette nuit horrible. Vers deux heures du matin, on frappe à ma porte et là on m'annonce la nouvelle. « Ils viennent de tuer Franck ». Ces mots résonnent encore dans ma tête » indique le maire de la commune. « On a facilité l'obtention d'un local à Corinne. On sera toujours derrière elle et ses enfants. On attend qu'une seule chose : les coupables » poursuit René Avinens.
Hommage durant le week-end
Cette année encore, les gorges seront nouées en ce 16 septembre. Tout le monde à Aubignosc et aux alentours aura une pensée pour Franck, mais aussi pour son épouse, ses enfants et ses proches. Plusieurs personnes se mobilisent sur Facebook afin de faire vivre une page en hommage à Franck. Symboliquement, amis et anonymes sont invités à déposer une fleur sur le chemin de la maison des Di Iorio, afin de mettre un peu de couleur dans le cœur d'une famille meurtrie.
Trois après, Corinne témoigne
Jusqu'à présent, elle n'avait pas souhaité parler. Mais trois ans après le traumatisme qu'elle a vécu, Corinne Di Iorio accepte de briser le silence pour éviter que ce terrible fait divers ne tombe dans l'oubli. Entre colère, haine et ténacité, la mère de famille fait preuve d'un courage extraordinaire pour maintenir sa famille à quai. De nombreuses personnes à sa place auraient déjà abandonnées. Mais pas elle. Corinne Di Iorio répond aux questions de Valentin Doyen pour D!CI :
Corinne Di Iorio, trois ans après le drame, vous prenez la parole. Qu'avez-vous sur le cœur ?
« L'enquête se poursuit. Mes fils et moi-même restons déterminés jusqu'à ce qu'on retrouve les coupables et que justice soit faite. Je n'ai pas plus d'informations. Mais j'ai un appui soudé de l'équipe de Gendarmerie, des amis, de la famille et de la population » indique Corinne Di Iorio dans un premier temps.
Avant de poursuivre.
« Ce que j'ai sur le cœur ? De la colère. De l'injustice. Mais aussi une force extraordinaire qui ne nous donne pas le droit de baisser les bras. Nous gardons confiance en l'avenir, en nous et dans les autres ».
Vous évoquez la Justice. Que pensez-vous de son action ?
« C'est simple. La Justice ne sera jamais assez puissante » témoigne Corinne Di Iorio, qui développe son propos. « Ce sont les victimes qui paient toute leur vie. Les coupables, eux, pour le moment, sont en liberté et auront toujours gagnés trois ans de plus ».
Corinne Di Iorio, comment voyez-vous votre avenir ?
« L'avenir ? Ce sont mes enfants. L'essentiel aujourd'hui, c'est que mes deux fils se construisent leur avenir » indique la maman qui, malgré le chagrin, sera toujours là pour ses deux garcons. « Je reste à leurs côtés. Pour veiller sur eux. Au jour le jour ».
Quel regard portez-vous sur le soutien dont vous bénéficiez ? Votre histoire touche de nombreuses familles dans les Alpes de Haute-Provence mais aussi en France.
« C'est permanent. C'est fort. Je ne les remercierai jamais assez. Ces marques d'affections et ce soutien nous donnent du courage et de l'espoir ».
Quel message voulez-vous transmettre après ces trois années très difficiles ?
« On ne lâchera rien ».
Nous non plus Corinne, nous ne vous lâcherons pas...