Publié par Barbara Tornambé le mar, 03/10/2017 - 19:48

LE BILLET DU COLPORTEUR
Les bons comptes de Monseigneur
Bonjour à toutes et à tous,
Ceux qui me connaissent un peu doivent se demander ce qui a bien pu retenir mon attention dans la longue litanie déclinée cette semaine sur votre Télé de proximité. Et bien, très chers frères et sœurs, ce sont incontestablement les propos du nouvel évêque du diocèse de Gap et d'Embrun lors de son passage dans le confessionnal du Père Passeron.
Mgr Xavier Malle, qui a la lourde charge de succéder à l'évêque le plus cathodique de l'épiscopat français, n' a pas usé de langue de bois pour qualifier la crise financière qui touche le diocèse qu'il vient de récupérer. Va donc falloir se serrer la chasuble…, pardon la ceinture ! Et prendre peut-être de lourdes décisions concernant certains projets afin d' éviter que la situation n'empire.
A ce stade là, des voix - discrètes mais bien réelles - s'élèvent déjà au sein de la communauté catholique pour demander que toute la lumière soit faite sur l'origine du trou de 800 000 euros qu'ils imputent à la gestion de Mgr Di Falco.
Force est de reconnaître que ce dernier aura réussi durant les 49 années de son sacerdoce (dont 14 dans les seules Hautes-Alpes) à diviser autant qu'à séduire, à charmer qu'autant à irriter.
Pour ce grand communicant qui affirmait qu'il ne voulait pas « d'une église qui sente le renfermé », se servir des médias, de sa notoriété et de celle de ses amis - qu'ils soient membres du show- bizz, du monde de la culture ou de la grande finance - n'a jamais rien eu d'infamant. Puisque, ajoutait-il encore pour expliquer l'aventure des PrêtresCchanteurs, c'est ma façon à moi d'annoncer l'évangile.
Mgr Di Falco, c'est en fait un personnage qui fait penser à une boule à facettes, ces boules dotées de petits miroirs qui réfléchissent la lumière, créant ainsi une ambiance lumineuse particulière.
Avec pour commencer un côté étincelant. Avant même l'arrivée des nouvelles techniques et l'émergence des réseaux sociaux, l'ancien porte parole de la Conférence des Évêques de France et créateur de la chaîne de télévision KTO savait déjà comment faire le buzz diront les uns, ou plutôt comment faire parler de lui rectifieront les autres.
On atteint là son côté provocateur, Jean Michel Di Falco étant passé maître dans ce registre. On se souvient de l'exposition dans la cathédrale de Gap et en pleine Pâques de l’œuvre de Paul Fryer, représentant le Christ sur une chaise électrique. Ou encore de cette célébration - le jeudi de l'Ascension 2008 à ND du Laus - de la reconnaissance par l'église du caractère surnaturel des apparitions dont bénéficia Benoîte Rencurel. Pour marquer les esprits et marteler l'année de ces premières apparitions, l'évêque de Gap s'était appuyé sur la plus célèbre des bières d'un grand brasseur alsacien, la 1664… Peut-être aurions-nous dû lui conseiller d'évoquer plutôt la hauteur du col du Noyer, lequel culmine à la même altitude et au plus près des cieux…
On passera rapidement sur quelques autres exploits de ce roi de la « provoc », sur ses originales campagnes de pub pour le denier du culte, sur son soutien inconditionnel au trader Jérôme Kerviel, sur son combat contre la RATP qui avait refusé les affiches d'un concert des « Prêtres » au prétexte que la mention « Pour les Chrétiens d'Orient » y figurait.
Pour finalement découvrir un autre aspect du charismatique homme d'église, sa facette obscure. Celle qui lui vaut régulièrement de figurer au chapitre faits divers des grands médias nationaux avec de vieilles affaires ayant trait à de sordides actes de pédophilie. L'an dernier encore, Mgr Di Falco, qui reste présumé innocent précisons-le, s'est vu assigné au civil par l'un des anciens élèves du collège qu'il dirigeait à l'époque...
Ses propos sur l'homosexualité et sa prise de position contre « La Manif pour tous » n'auront fait que rajouter au trouble.
Lui, désormais à la retraite, préférera se rappeler la formidable aventure menée avec son groupe de chanteurs. De ces « Prêtres » que d'aucuns voyaient surtout comme ses faire-valoir et qui lui auront permis de briller comme il l'aime tant sous les feux de la rampe. Du divan de Drucker à la table de Patrick Sébastien, des concerts à Tahiti aux visites des école à Madagascar, on le sentait là pleinement heureux.
Comme il l'était lorsqu'il recevait à déjeuner et en grandes pompes dans sa somptueuse maison épiscopale de Gap les notables haut-alpins et surtout ses amis comme Robert Hossein, Robert Druon, Francis Perrin, Jean Piat, Jean Marie Bigard... et tant d'autres.
Reste qu'à ce jour, la plus grosse pierre que Mgr Di Falco ait apporté aux Hautes-Alpes s'avère chancelante. Le formidable développement du sanctuaire de ND du Laus auquel il a tant contribué va-t-il marquer le pas ? Le projet de nouvelle église est-il enterré ?
On en revient à une histoire de gros sous et à ce trou dans les finances du diocèse. Même si les prestigieux amis de Jean-Michel Di Falco sont de précieux soutiens. Même si la collecte effectué via un site internet approche les 250 000 euros...
Finalement, le seul regret à avoir, c'est que le jeune Jean-Michel, alors élève au Lycée Professionnel Le Châtelier à Marseille, ait choisi de passer un CAP de fraiseur ! Si seulement il avait fait « gestion-comptabilité »…
A bon entendeur, le Colporteur vous salue bien...