Publié par Barbara Tornambé le mar, 24/10/2017 - 20:14

Il vient d'être choisi par Emmanuel Macron. Christophe Castaner, le secrétaire d'Etat chargé des Relations avec le Parlement et Porte-Parole du Gouvernement a été désigné pour prendre la direction de La République en Marche. Selon des informations confiées au journal "Le Monde", il a su se démarquer face à Benjamin Griveaux, le secrétaire d'Etat à l'économie et aux finances. Ce sera désormais au conseil national de La République en Marche d'approuver ce choix lors d'une convention à Lyon, le 18 novembre prochain.
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Ira... ira pas ? C'est la question que tout le monde se pose. Qui sera le nouveau patron d'En Marche ? Christophe Castaner, secrétaire d'Etat chargé des Relations avec le Parlement et Porte-parole du Gouvernement, est pressenti pour prendre la présidence. Mais il est vrai que cette décision ne dépend pas de lui. En attendant, Christophe Castaner botte en touche. Il s'est exprimé sur D!CI :
Le porte-parole du gouvernement devrait être élu à la tête du parti présidentiel le 18 novembre. Cet élu local au profil de gauche aurait été choisi par Macron «pour inventer un truc»
Ça pour une surprise… C’est donc Emmanuel Macron qui a choisi le futur patron de La République En marche (LREM). Christophe Castaner, porte-parole du gouvernement et secrétaire d’Etat aux Relations avec le Parlement, devrait remplacer la direction collégiale composée de l’ancien député socialiste Arnaud Leroy, la sénatrice Bariza Khiari et Astrid Panosyan. Officiellement, c’est le conseil national du mouvement qui doit «l’élire» au poste de délégué général, lors d’une convention, prévue à Lyon le 18 novembre.
Selon les Echos, le président de la République a pourtant annoncé sa décision lundi soir lors d’un dîner à l’Elysée en présence des deux membres du gouvernement qui étaient pressentis pour cette mission, Benjamin Griveaux et Christophe Castaner. Mardi après-midi, le porte-parole du gouvernement a mollement tenté un démenti pour effacer l’idée qu’il ne ferait qu’obéir au fait du prince. «La force de LREM est son collectif, ses 400 000 adhérents, rien n’est décidé et ne se dessine ainsi», assure l’intéressé dans un tweet, citant un nombre relativement élastique d’adhérents puisqu’en août, ils étaient 270 000 à avoir voté les nouveaux statuts de LREM. «Plusieurs sources gouvernementales et parlementaires» ont ensuite confirmé à l’AFP ce choix présidentiel.
Mordicus
Formé chez les jeunes rocardiens, Christophe Castaner, 51 ans, s’est imposé depuis cinq mois comme l’un des plus proches du chef de l’Etat, défendant mordicus toutes les décisions une à une et occupant le terrain médiatique dans une période d’adaptation pour la majorité. Depuis sa victoire, Macron sait en effet qu’il manque de snipers patentés et de relais solides hors de la capitale. Le choix de Castaner comble en partie ces deux lacunes. A l’heure où le lien se distend avec les Français, le Président fait le choix d’un élu local, ancien maire de la petite ville de Forcalquier et député des Alpes-de-Haute-Provence depuis 2012. Parfois raillé par ses ex-camarades du PS pour son accent du sud et son côté «bon sens populaire», Castaner est parvenu à tirer parti de ce profil antitechno. Avec Griveaux, autre macroniste de la première heure et ancien socialiste, ils avaient l’atout de présenter un visage d’homme de gauche à l’heure où la politique du gouvernement est critiquée pour pencher franchement à droite.
«Le seul défaut de Benjamin est d’être parisien», glisse un membre du gouvernement. Elu député de Paris avant de rejoindre le gouvernement comme secrétaire d’Etat à Bercy, ce dernier semblait tenir la corde pour le job. Mais difficile, par ailleurs, pour Macron de confier les clés du parti à un responsable politique qui ne cachait pas ses vues sur la mairie de Paris pour 2020 et aurait pu lui faire de l’ombre. D’autres noms - beaucoup d’hommes, peu de femmes - avaient aussi circulé sans s’imposer, tels ceux du secrétaire d’Etat Julien Denormandie ou d’Arnaud Leroy. «Depuis quelques jours, Macron testait des gens», raconte un ministre.
Nommer un membre du gouvernement à la tête de LREM redonne corps à l’idée d’un remaniement dès cet automne. Toutefois, l’intéressé ne voit pas d’incompatibilité avec le job de patron de parti. Mardi matin, avant même la fuite dans la presse, Castaner s’est attaché à bétonner sa place au gouvernement. «Il n‘y a pas d‘usage sur cette question. C’est une fonction bénévole donc, de toute façon, celui ou celle qui en prendra la responsabilité aura d’autres activités», a-t-il expliqué sur Public Sénat.
Discours
Sans dévoiler ses ambitions, Castaner esquissait, la semaine dernière en petit comité, les lignes directrices d’une formation âgée de 18 mois : «L’enjeu, c’est de faire de ce parti quelque chose, inventer un truc, faire un mouvement et pas un parti traditionnel.» Imaginant la «mission passionnante d’inventer le premier parti de France», il évoquait la nécessité de «réinvestir aussi certains quartiers», et déroulait l’idée de recréer une «démocratie horizontale», où «le militant de base aurait son influence». Un discours qui ne colle pas tout à fait avec les statuts actuels de LREM. Au sein du futur conseil national, la fameuse base n’aura droit qu’à un quart des sièges, le reste étant réparti entre les élus LREM et les 110 référents départementaux, tous choisis par la direction.
Le point sur la situation avec le magazine hebdomadaire économique "Challenges" :
La cause est entendue en haut lieu élyséen : En Marche ne peut plus rester un Mouvement sans incarnation. Sans tête(s) ! Sans dirigeant(s), qui donne(nt) des impulsions et un suivi à une force perdue depuis qu'elle a porté son champion, sa raison d'être au sommet. Il faut donc trouver à la fois un projet, une stratégie pour les prochaines échéances électorales, et un chef qui ait la confiance du Chef, ainsi que celle des marcheurs qui ne sauraient se contenter d'être des godillots. Deux noms reviennent le plus souvent, Benjamin Griveaux et Christophe Castaner, avec une prédilection actuellement pour ce dernier.
Quelques députés LREM en pincent pour Gérald Darmanin, le ministre du Budget, qui lui sait faire de la politique, brosser dans le sens du poil les élus, tailler en pièces les adversaires à l'Assemblée nationale. " Darmalin ", il est vrai, n'a pas froid aux yeux, puisqu'il n'a pas hésité longtemps avant de choisir d'affronter Marine Le Pen le 9 novembre sur le ring de l'émission politique de France 2 lors de sa tentative de résurrection médiatique. Mais il n'est pas la famille, même s'il en est le chouchou. Il vient de la droite sociale, mais de la droite quand même, et il ne fait pas partie des marcheurs des origines, ceux qui ont pris tous les risques…
Un provincial de Provence
Benjamin Griveaux est de ces " premiers apôtres ! Proche du communicant stratège Ismaël Emelien, cet HEC promu secrétaire d'état auprès de Bruno Le Maire s'est fait tout particulièrement remarquer pendant la campagne présidentielle par son mordant et sa niaque. Sous le sourire charmeur luit l'éclair de la dent. Il bénéficie de son expérience socialiste, en particulier auprès des réseaux strauss-khaniens qui se sont retrouvés autour d'Emmanuel Macron et ont fait élire plusieurs d'entre eux au parlement. Mais bien que bourguignon d'origine, il est tenu pour " trop parisien ", autrement dit beaucoup trop préoccupé par la future bataille de Paris contre Anne Hidalgo. Ce qu'il dément, mais…
Mais Christophe Castaner est lui un provincial de Provence…Ce porte-parole du candidat en campagne, puis du gouvernement a la tchatche. Ex-député PS, il s'est révélé, y compris à lui même, après avoir eu la " révélation " Macron, et il est capable non seulement de faire feu à volonté, mais d'avancer sur ses deux pieds, autrement dit sans oublier le gauche. Car le pouvoir claudique aujourd'hui, et notamment par défaut d'un mouvement qui le soutienne, et plus encore l'aide à se projeter dans l'avenir. Car l'époque des feux de camp des joyeux marcheurs est terminée. L'ère des expérimentations de démocratie de base va se poursuivre, mais avec impulsion et coordination d'en haut. Un nouveau défi qui n'est pas pour déplaire à Christophe Castaner.
" Casta ", autrement surnommé " la Castagne ", manquerait certes au gouvernement s'il devait prendre cette responsabilité mouvementiste. Certes il pourrait demeurer ministre et se déployer sur les fenestrons audiovisuels. Il y a pris goût et n'exclut rien. Mais il faudrait alors qu'il mette en avant une escouade de francs-tireurs prêts à monter au créneau. Les repérages sont quasiment faits, et les jeunes loups sont impatients de montrer qu'ils n'ont pas des dents de lait !
Source : Challenges.fr