Publié par Jean EYMARD le jeu, 29/03/2018 - 15:15

C'est donc ce samedi 24 mars que la cérémonie d’hommage aux victimes du crash de l’Airbus A320 de la compagnie Germanwings se déroulera à Digne-les-Bains et au Vernet, 3 ans après la pire catastrophe qu'ont connue les Alpes du sud.
Comme en 2017, les familles seront accueillies à l'aéroport de Marignane ce vendredi soir. Elles rejoindront en car Digne les Bains le samedi 24 pour participer à une cérémonie œcuménique en la cathédrale Notre Dame du bourg à 10h20. Puis elles rejoindront le Vernet pour se recueillir sur la stèle. Celles qui le souhaitent rejoindront le site du drame où une immense sphère a été installée. L’œuvre est composée de 149 pièces, comme le nombre de victimes, et contient des messages des familles.
La journée de mémoire aura commencé à 9h par un dépôt de gerbe par les autorités au cimetière du Vernet.
A 10h41, heure du crash, 1 minute de silence se déroulera symboliquement en la cathédrale.
Alors retour sur la cérémonie organisée il y a deux ans par D!Ci pour rendre hommage à tous ceux qui de près ou de loin sont intervenus dans la catastrophe.
En effet, en votre nom, nous avions remis un trophée aux représentants des populations, des forces de secours, des autorités, des élus qui ont œuvré sur les suites de la pire catastrophe qu'ont jamais connue les Alpes du Sud. C'est vous qui aviez désigné toutes ses personnes comme personnalités de l'année 2015 suite à notre consultation en fin d'année dernière.
C'est Louis Chiorino, Compagnon du Devoir de l'Argentière la Bessée, qui a réalisé ce superbe trophée qui a été remis à quelques jours du triste premier anniversaire de ce drame, alors que les impressionnantes structures d'accueil des familles sont en train d'être terminées. Plus de 1000 personnes sont attendues ce jeudi au Vernet sachant que la veille une grande cérémonie œcuménique aura lieu à 18h au Parc Chanot à Marseille.
Une cérémonie simple et particulièrement émouvante qui a démontré que la solidarité montagnarde n'était pas un vain mot.
ll y a un an, l'A320 de la Germanwings, une filiale à bas coût de la compagnie allemande Lufthansa, avait été délibérément précipité au sol par le copilote. Ce crash avait provoqué la mort de 150 personnes, 144 passagers et six membres d'équipage - dont le copilote allemand Andreas Lubitz. Les victimes étaient originaires de 19 pays, l'Allemagne et l'Espagne étant les plus touchés avec respectivement 72 et 50 morts.
Devant la stèle de pierre érigée peu après le drame, aux abords du village situé au coeur d'un cirque montagneux, les prénoms des 149 victimes seront lus et une minute de silence sera observée au cours de cette cérémonie qui aura lieu à l'heure exacte du crash dans les montagnes alpines, 10 h 41. Suivront des allocutions de leurs proches ainsi que des chants et des lectures avant un moment de recueillement et un dépôt de gerbe au cimetière du village. C'est là que les restes humains, non identifiés, ont été inhumés un mois après le drame. D'autres restes, découverts depuis et qui n'avaient pas encore été inhumés, y ont été déposés jeudi 17 mars dans une tombe commune. Les corps identifiés avaient été rendus aux familles quelques semaines après la catastrophe.
Organisatrice de la cérémonie d'hommage qui doit se dérouler dans l'intimité, à l'écart des médias, la Lufthansa a privatisé une zone réservée aux familles. Les proches des victimes pourront ensuite se rendre, ainsi que le vendredi 25, près du lieu de la catastrophe, à près de 1 500 mètres d'altitude, par un sentier de randonnée aménagé. Le site même du crash a été "sanctuarisé" sur plusieurs hectares. Sur l'autre versant de la montagne, une deuxième stèle, faite de 149 tiges de fer métalliques dressées vers le ciel, a été érigée.
Une descente fatale
La veille de l'hommage au Vernet, les familles seront réunies à Marseille pour une cérémonie sans prise de parole, également dans l'intimité. Aucun chef d'État n'est attendu pour ces commémorations. Au lendemain du crash, le 25 mars, les chefs d'État français, allemand et espagnol, François Hollande, Angela Merkel et Mariano Rajoy, s'étaient recueillis sur les lieux de la catastrophe. À Barcelone, en Espagne, d'où l'avion avait décollé le 24 mars à 9 h 30, et Düsseldorf, en Allemagne, où l'appareil se rendait, des plaques commémoratives vont être déposées au moment des cérémonies en France.
L'enquête judiciaire en France, toujours en cours, et celle du Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA) avaient rapidement conduit à la mise en cause du copilote du vol GWI18G Barcelone-Düsseldorf. Ce dernier, profitant de l'absence momentanée du pilote dans le cockpit avait "intentionnellement réglé les consignes du pilote automatique" pour commander la descente fatale une demi-heure après le décollage. Enfermé dans la cabine de pilotage dont le système de verrouillage interdisait tout accès de l'extérieur, Lubitz avait refusé d'ouvrir la porte pendant la descente, malgré les demandes répétées de l'équipage, et "les coups frappés à la porte". Dix minutes plus tard, l'appareil s'écrasait sur le relief montagneux, se disloquant sous l'effet du choc.
Absence de poursuite contre Lufthansa
Les semaines suivantes, jusqu'à 1 696 personnes ont été mobilisées pour retrouver les boîtes noires, les restes humains et les débris de l'avion. Les travaux de dépollution du site ont pris fin sept mois après le crash. Très rapidement le dossier médical d'Andreas Lubitz a fait apparaître qu'il souffrait d'une grave dépression. Quinze jours avant le crash, un médecin privé avait encore diagnostiqué "une psychose possible" et recommandé un traitement en hôpital psychiatrique. Mais, secret médical oblige, les autorités aériennes n'en avaient pas été informées. Un an plus tard, dans son rapport définitif publié le 13 mars, le BEA a mis la rupture du secret médical, en cas de troubles psychologiques d'un pilote, en tête de ses recommandations. De son côté, l'Allemagne devrait prochainement renforcer les contrôles médicaux des pilotes.
Si la lumière semble faite sur les causes de l'accident, une partie des proches des 149 victimes refusent de se satisfaire de l'absence de poursuites contre la compagnie et ont entamé un bras de fer autour des compensations financières.
Le droit allemand ne reconnaît pas la responsabilité d'une entreprise en tant que "personne morale" dans ce type d'affaires et il n'existe pas à ce stade de soupçons suffisants sur d'éventuelles responsabilités individuelles de responsables des compagnies. Le ton s'est durci entre les avocats de certaines des familles allemandes et le géant du transport aérien. "Les gens sont plus désespérés que jamais. Ils n'ont pas l'impression que Lufthansa s'implique activement à trouver une solution", tacle l'avocat Elmar Giemulla, qui défend avec Christoph Wellens 71 familles.
Indemnisations jugées trop basses
En juillet, plusieurs de ses clients ont refusé une première offre d'indemnisation, jugée trop basse - 25 000 euros pour chaque victime assortis de 10 000 euros pour chacun des deux parents, après une première aide de 50 000 euros. Elmar Giemulla réclame "au moins 200 000" euros par victime. Dans la foulée, des familles ont adressé une lettre ouverte courroucée au patron de Lufthansa, Carsten Spohr, se disant "insultées" par la proposition.
"Lufthansa s'emploie à trouver un règlement rapide et juste pour toutes les demandes justifiées de dommages et intérêts", a répondu un porte-parole de la compagnie, précisant que "jusqu'à présent", l'ensemble des familles avaient reçu au total de 11,2 millions d'euros. Lufthansa a "tout fait pour (..) atténuer les souffrances des proches", a affirmé M. Spohr jeudi. "Un nombre réduit d'avocats allemands représentant de nombreux proches (...) retardent" la procédure, alors que les pourparlers sont "positifs" avec "la plupart des avocats" (48 au total), soupire-t-on chez Lufthansa. Façon de désigner, sans les nommer, Elmar Giemulla et Christoph Wellens qui pointent sans relâche les "négligences" supposées des compagnies dans le drame. L'éventuelle responsabilité des deux entreprises est en cours d'examen par la justice française à Marseille, où l'enquête va se "poursuivre jusqu'au bout", a indiqué une source judiciaire.
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