L'ancien préfet des Hautes-Alpes, Patrick Strozda, fusible idéal de l'affaire Benalla ?

L'ancien préfet des Hautes-Alpes, Patrick Strozda, sera-t-il le fusible idéal de l'affaire Benalla ? C'est probable pour ne pas dire très probable, selon les observateurs avisés qui considèrent que cela est d'ores et déjà écrit d'avance avant même son audition ce mardi par la commission d'enquête de l'Assemblée.

Patrick Strozda va "sauter" pour permettre au Président et à l’Élysée d'essayer de sortir de cette "affaire Benalla" qui secoue le gouvernement et la République depuis 7 jours.

Pas si sur d'ailleurs si on prend à la lettre l'intervention du Président de la République hier soir qui s'est dit responsable et qui à dit ne pas vouloir d'une république des fusibles.

Un haut-fonctionnaire d'une qualité exceptionnelle vous diront tous ceux qui l'ont croisé au fil d'une carrière réussie qui l'a souvent amené en montagne comme préfet des Hautes-Alpes ou à la direction des services du département de la Savoie ou encore comme sous-préfet de Saint-Jean de Maurienne et même secrétaire général du comité d’organisation des Jeux olympiques d'hiver de 1992 à Albertville.

Dans cette affaire, il est le premier à s'être exprimé. D'abord en répondant au journal Le Monde, qui s'apprêtait à révéler le scandale, puis aux questions de la police judiciaire, à peine saisie de l'enquête, il y a six jours.
Ce lundi, Patrick Strzoda, âgé de 66 ans et qui doit faire valoir ses droits à la retraite à l'automne, s'est retrouvé la cible commune des flèches, parfois aiguisées, de Gérard Collomb, du préfet de Police de Paris, puis du directeur de l'ordre public à la préfecture. Le voilà aujourd'hui désigné comme celui qui, au-delà des quinze jours de suspension qu'il a infligés à Benalla, était en position d'avertir le procureur grâce au fameux article 40.

Patrick Strzoda devient donc le coupable politique idéal au sommet de l'État. Mais le haut-fonctionnaire n'a peut-être pas dit son dernier mot. À l'Élysée, on affirmait lundi après-midi qu'il n'esquiverait aucune question.
Pour autant on voit mal ce fidèle serviteur de l’État terminer sa carrière en divulguant des secrets Elyséens et en évoquant par exemple l'implication directe du Président de La République, si c'est le cas, dans cette troublante affaire bien en contradiction avec les engagement d'Emmanuel Macron.

Une fin de carrière en queue de poisson s'annonce donc avec le sentiment pour tous ceux qui ont travaillé avec lui "d'une forme d'injustice mais qui fait partie du job", comme nous l'a indiqué quelqu'un qui le connaît bien et qui espère qu'il parviendra à s'en remettre.

Un fusible pour le "pétage de plomb" de Benalla ?

 

Son parcours

Titulaire d’une licence d’anglais obtenu à l'université de Franche-Comté, et d’une licence de droit obtenu à l'université de Strasbourg1, il commence sa carrière en tant que conseiller d’administration scolaire et universitaire au ministère de l’Éducation nationale en 1975. En 1983, il intègre l’ENA (promotion Léonard de Vinci) et rejoint la préfectorale comme directeur de cabinet du préfet de la Dordogne en 1985. Il devient ensuite sous-préfet de Saint-Jean-de-Maurienne en 1987, puis secrétaire général du comité d’organisation des Jeux olympiques d'hiver de 1992 à Albertville, toujours en Savoie.

Il devient secrétaire général de la préfecture de la Drôme en 1992, puis sous-préfet d’Arles (Bouches-du-Rhône) en 1995 et chef du service de l’information et des relations publiques (Sirp) au ministère de l’Intérieur en 1996. En 1997, il est nommé secrétaire général pour les affaires régionales de Rhône-Alpes (1997-2002) avant d'être promu préfet des Hautes-Alpes en 2002, puis préfet des Deux-Sèvres en 2004.

Il passe aux collectivités locales comme directeur général des services du conseil général de la Savoie en 2005, puis directeur général de l’office public d’aménagement et de construction du Rhône en 2008. Il retrouve le monde préfectoral en 2009 comme préfet des Hauts-de-Seine, puis assume la fonction de préfet de Corse entre 2011 et 2013, puis comme préfet de la région Bretagne de 2013 à avril 2016 où il devient directeur du cabinet du ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve. Il est ensuite nommé directeur de cabinet du Premier ministre en décembre 2016 lorsque Bernard Cazeneuve accède à cette fonction. Il est nommé préfet de Paris, préfet de la région Ile de France en avril 2017 avant de rejoindre quelques semaine plus tard le cabinet du nouveau président Emmanuel Macron.
 

Retour sur notre entretien, l'hiver dernier, à Montgenèvre

Ce n'est pas le moindre des paradoxes. La station de Montgenève, à la frontière franco-italienne, est l'une des plus attractives de la région. C'est aussi l'une de celles où le prix du mètre carré est le plus important. Et pourtant, chaque nuit, des migrants longent le front de neige pour rejoindre la France dans des conditions météo quelquefois dangereuses. Autant dire que cette situation n'a pu qu'interpeller le directeur de cabinet du Président de la République. C'est en effet Montgenèvre que Patrick Strozda, l'ancien préfet des Hautes-Alpes, a choisi pour quelques jours à la neige ; et il a justement évoqué ce sujet délicat et douloureux :

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