La pression monte autour de la perspective de voir les barrages de Serre-ponçon ou de Sainte-Croix privatisés

Voilà déjà 5 ans que nous pointons du doigt l'enjeu majeur que constitue la perspective de privatisation à terme des barrages en France. Les grandes réserves d'eau, mais aussi d'électricité sont évidemment stratégiques, et en France 433 sont la propriété de l'État et 75% sont exploités par EDF. Mais la Commission européenne dénonce ce monopole et demande à la France d'ouvrir à la concurrence.

Attisé par le débat autour de la privatisation d'Aéroport De Paris, le sujet monte en puissance : 107 élus de toutes étiquettes pressent le gouvernement de s’opposer à cette perspective  et demandent que les barrages soient considérés comme des services d’intérêt général. C'est le sens des déclarations du Ministre de l’Économie qui a déclaré " avoir la ferme intention d'obtenir gain de cause à Bruxelles".

Mais pour les députés contestataires, «le gouvernement actuel n’est pas clair sur ses intentions». D’ailleurs, seuls deux députés de la majorité ont signé la proposition de résolution: ils ne désespèrent pas de rallier d’autres marcheurs en appelant à leur liberté de conscience.

Mais dans les territoires touristiques comme les Hautes-Alpes et les Alpes de Haute-Provence, le débat prend une toute autre dimension : aux arguments relatifs à la sécurité, aux garanties pour l'agriculture, s'ajoute une autre dimension... le tourisme.

Dans notre région, Serre-Ponçon comme Sainte-Croix sont devenus de véritables poumons économiques : on imaginerait plus les Alpes du Sud sans le lac de Serre-Ponçon.

Problème, la loi ne prévoit pas cette vocation et c'est parce qu'elle le veut bien que l'entreprise EDF veille aux intérêts du territoire en garantissant par exemple, et ce n'est pas rien, le remplissage du lac l'été. De la même manière, elle participe à la gestion globale de la retenue.

Quid alors d'un privé qui n'aurait que pour impératif que la loi de 1955 : la production d’électricité, la régulation de la Durance, et l'irrigation de la Provence ?
La loi de 1955 à l’origine du barrage de Serre-Ponçon est très claire : elle donne à l’aménagement de la Durance et du Verdon trois missions : produire de l’électricité, assurer les besoins en eau pour l’irrigation de la Basse Durance et lutter contre les crues.

Certes, ainsi que certains l'avaient proposé, la loi aurait pu être depuis modifiée, mais ce type de combat n'avait pas retenu l'attention chez des élus où la vision et le courage politique n'est pas toujours la priorité. Aujourd'hui, l'inquiétude se fait jour à l'image de ses propos de Victor Berenguel, maire de Savines le Lac et président du syndicat qui gère les rives du lac.

Il faut le savoir : l’ensemble de la chaîne hydroélectrique Durance-Verdon rassemble 32 centrales. L’ensemble forme l’un des cinq plus importants sites hydrauliques de France.

Résultat, et même si ce n'est qu'en 2051 que le sujet se posera pour Serre-Ponçon, une vraie mobilisation se fait jour : ce vendredi d'abord où les collectifs France Insoumise de Barcelonnette et Digne-les-Bainsont organisé une réunion à Jausiers. Le mercredi 8 mai prochain ensuite : ce sera une manifestation à l'image de celle de l'année dernière sur le lac du Sautet.

Mais le temps fort est pour le mercredi 8 mai prochain : ils sont de plus en plus nombreux à se mobiliser pour se rassembler sur le Pont de Savines le Lac. Une initiative venant des rangs de gauche mais qui mériterait bien de transcender les couleurs politiques pour que notre territoire ne prenne pas le risque, aussi léger soit-il, de voir sa richesse et son économie... tomber à l'eau.

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