Alpes de Haute-Provence : la famille de l'instituteur de Barrême qui a mis fin à ses jours porte plainte contre X : une erreur de copier-coller pourrait être à l'origine du drame

Nous vous en avons parlé à plusieurs reprises et le sujet est très sensible et douloureux dans ce secteur de Barrême dans les Alpes de Haute-Provence. Jean-Pascal Vernet, un instituteur de 32 ans de l'école de Barrême, a mis fin à ses jours au début du mois de mai dans des conditions qui suscitent des interrogations et qui ont conduit le syndicat national des Instituteurs (SNUDI) Force Ouvrière à demander l'ouverture d'une enquête administrative et qui à présent font l'objet d'une plainte contre X de la famille puisqu'une erreur de copier-coller pourrait être à l'origine du drame. La famille a en effet décidé de porter plainte contre X pour dénonciation calomnieuse, harcèlement moral, homicide involontaire et non-assistance à personne en danger indique le journal le Parisien : lire ICI

Le drame s'est, en effet, produit quelques jours après qu'il a été mis à pied "à titre conservatoire" par l'administration de l'Éducation Nationale pour « suspicion d'attitude déviante »... et après qu'il a reçu en main propre un courrier indiquant « Vu par une mise en examen - en date du 17 avril 2018 - et un placement sous contrôle judiciaire »... ce qui n'était pas du tout le cas. Une erreur de « copier-coller » que reconnaît l'inspection académique et qui a été un  « choc » pour cet enseignant décrit comme « passionné », doublé d'une « erreur technique » sur son arrêté de suspension.

Un courrier rectificatif a bien été envoyé le 2 mai, mais Jean-Pascal Vernet met fin à ses jours à son domicile le jour même. « C'est tellement grossier que ce n'est plus une erreur, ça devient une faute, reproche Me André Pelissier. Cela a été fait dans la précipitation. Rien ne justifie une telle brutalité. »

 

« C'est une disparition dramatique qui nécessite une enquête sur la mise en cause initiale », explique Me André Pelissier, l'avocat de la famille de l'instituteur. À Barrême, Jean-Pascal Vernet enseignait dans la classe de maternelle de cette commune de 500 habitants. Le matin du 30 avril, il apprend qu'il est suspendu à titre conservatoire, et qu'il a rendez-vous avec l'inspection académique dans l'après-midi.

Gabrielle Joseph, secrétaire générale locale du syndicat Force ouvrière, connaissait bien l'enseignant avant les faits. C'est elle qui l'a accompagné à cet entretien qu'il appréhendait : « Il aimait enseigner et menait de nombreux projets numériques ou littéraires avec ses classes, raconte-t-elle. Les soupçons qui pesaient sur lui n'avaient rien de sexuels, c'était plutôt une attitude trop protectrice. »

« Durant l'entretien, on lui a bien précisé qu'il ne s'agissait en aucun cas d'une sanction, mais bien d'une mesure conservatoire, qui ouvrait une enquête. J'ai moi-même insisté sur ce point pour le rassurer », affirme-t-elle. Elle qualifie néanmoins que les questions qui lui ont été posées étaient parfois « vindicatives et insidieuses » : « Cela n'a pas aidé. Je suis même intervenue à un moment pour dire que ça allait trop loin. Même quand il hésitait à répondre, ça se retournait contre lui. »

Chamboulé par l'entretien, l'enseignant lit le soir l'arrêté de suspension qui lui a été remis à l'issue du rendez-vous. Le papier énonce : « Vu par une mise en examen - en date du 17 avril 2018 - et un placement sous contrôle judiciaire ». Sauf que l'intéressé n'a jamais été mis en examen. Une erreur administrative que Gabrielle Joseph identifie immédiatement : « Je lui ai dit de ne pas s'inquiéter, que ça ne pouvait être qu'une erreur ».

Une erreur de « copier-coller » que reconnaît l'inspection académique. Un professeur des écoles d'Entrevaux, une commune du même département, avait effectivement été mis en examen le 17 avril 2018 pour des faits présumés de corruption de mineur de moins de 15 ans.

 

 

 

 

Un drame et des questions
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