Publié par Theo Manzon le lun, 19/08/2019 - 09:42

Pas de l’Ours : un chantier complexe et des engagements pour cet hiver
C’est un des chantiers les plus importants de ces dernières décennies. Dans le Haut-Guil, le Département construit une nouvelle route afin de desservir les villages d’Abriès et de Ristolas, privés d’une voie pérenne à la suite du glissement de terrain du Pas de l’Ours. Engagé depuis bientôt un an, le chantier de construction de la nouvelle route se poursuit et apporte régulièrement son lot de surprises.
‘‘Qu’il y ait quelques surprises et des aléas sur un chantier aussi important est tout à fait normal’’, note Marcel Cannat, vice-Président du Département en charge des routes et infrastructures. ‘‘Depuis que le glissement de terrain a commencé, le Département a tout mis en œuvre pour que les villages d’Abriès et Ristolas ne soient jamais coupés du monde. Ce, moyennant la construction d’une route provisoire dans des délais on ne peut plus respectables. Et en construisant une nouvelle route en versant opposé au glissement de terrain avec un objectif clair : ne pas passer deux saisons d’hiver avec des conditions de circulation dégradées.’’
Le vice-Président s’y était engagé, notamment lors de la dernière réunion publique qu’il a organisée sur place à la fin du mois de mars dernier, avant que les travaux ne reprennent après l’hiver. Et il n’entend pas que les aléas techniques et administratifs aient raison de ses bonnes résolutions.
D’un point de vue technique, le plus grand des ouvrages de soutènement (la paroi clouée dite 2090, de 250m de long pour 30 mètres de haut côté Abriès) pose quelques difficultés. ‘‘Depuis le début, nous sommes confrontés à un terrain déstructuré, qui montre de nombreuses cavités sur un peu plus d’un tiers de la longueur de la paroi clouée. En conséquence, les équipes ont beaucoup de difficultés à ancrer les clous dans le sol. Tant et si bien qu’à l’heure actuelle, de nouveaux sondages sont en cours pour mieux apprécier les caractéristiques du sol et adapter l’ouvrage à ce paramètre’’, explique Marcel Cannat.
‘‘Nous avons déjà des pistes très sérieuses et précises pour faciliter la circulation à ce niveau l’hiver prochain et faire en sorte que les engagements qui avaient été pris par le Département - à savoir offrir des conditions de circulation très nettement améliorées par
rapport à l’hiver dernier (circulation alternée de courte durée) - soient tenus’’, note Marcel Cannat. En outre, la paroi clouée dite 1665 située au niveau du premier lacet dans la descente vers Abriès est bien engagée. Il n’y reste qu’environ trois semaines de travail
avant qu’elle ne soit terminée.
Un peu plus loin, la configuration du terrain a nécessité la création d’un massif renforcé (ouvrage de soutènement en remblais), suivi d’une paroi clouée (dite 1250) et d’un deuxième massif renforcé. La paroi clouée est pratiquement terminée et les travaux ont
donc pu commencer sur les massifs renforcés. ‘‘Les entreprises sont en train de réaliser les fondations de ces deux ouvrages. Il faudra ensuite six semaines pour réaliser le premier et dix semaines pour le deuxième, étant entendu que les deux seront construits
en même temps. Mais pour cela, les entreprises auront besoin de matériaux’’, explique Marcel Cannat.
Côté Aiguilles, le projet comporte une succession de six lacets dont cinq sont d’ores et déjà terminés. Le terrassement du dernier est réalisé à 90%, cette partie de la route ne pose aucun problème particulier.
Plus à l’est, un décaissement de 40 000 m3 de matériaux se poursuit. ‘‘Les matériaux y semblent d’assez bonne qualité. Ils sont en cours d’analyse en vue d’un éventuel réemploi, souligne Marcel Cannat. ‘‘Ce n’était pas prévu initialement mais le besoin en matériaux est tel que ça peut être une solution très intéressante.’’
« La route nécessite des volumes importants de matériaux spécifiques, qu’il aurait été inconcevable d’acheminer depuis la vallée de la Durance. Ainsi depuis l’origine du projet, une solution locale d’approvisionnement en matériaux a été recherchée. », précise Marcel Cannat. Ces réflexions ont conduit à privilégier l’aménagement de la plage de dépôt du Peynin, préconisée dans le plan de gestion du Guil. En effet en cas de crue importante, une telle plage permet d’absorber les matériaux mobilisés et d’éviter une inondation.
Une enquête publique est en cours pour permettre au Département de se fournir dans le torrent du Peynin. Elle devrait aboutir à un arrêté préfectoral allant dans ce sens courant septembre.
‘‘Nous avons là un petit problème de calendrier. Entre le délai administratif et l’autorisation qui devrait être donnée mi-septembre. Et le besoin en matériaux de chantier depuis déjà quelques semaines’’, analyse Marcel Cannat. ‘‘Le prélèvement de ces matériaux est salué de tous parce qu’il évitera de faire circuler des camions et parce qu’il est prévu dans le plan de gestion du torrent. Il faut garder à l’esprit qu’en cas de crue, le Peynin est tout à fait susceptible d’apporter des matériaux dans le Guil, provoquant des barrages et inondations dans la plaine. Le Département, par voie de convention avec la Communauté de Communes, compétente en la matière, ne propose donc rien d’autre que de faire d’une pierre trois coups : régler un risque naturel, éviter la circulation de centaines de camions d’approvisionnement et fournir le chantier en matériaux.’’
Face à l’urgence des besoins, le Département a été autorisé par les services de l’État à prélever 2000 m3 dans le Peynin. ‘‘C’est peu au regard des 50 000m3 nécessaires à la réalisation des travaux mais ça permet aux entreprises de commencer’’, commente
Marcel Cannat.
A ceci, vont s’ajouter 60 camions pour un apport de 600 m3 de matériaux. ‘‘J’aurais préféré les éviter mais le besoin est trop pressant’’, ajoute l’élu. ‘‘Sur la période de deux à trois semaines au cours de laquelle ils vont livrer, ils passeront relativement inaperçus,puisque ça ne représente que quatre véhicules par jour. Mais il ne faudrait pas que cette situation s’inscrive dans le temps et le Département y travaille.’’
‘‘Entre 60 et 70 personnes travaillent quotidiennement sur ce chantier de création de la nouvelle route’’, conclut Marcel Cannat. ‘‘C’est important pour un territoire comme le nôtre et je salue toutes les bonnes volontés et initiatives qui sont prises pour faire en
sorte que tout soit fait intelligemment et dans l’intérêt du territoire, de ses habitants et vacanciers. La solidarité est à l’œuvre dans le Queyras pour faire en sorte qu’un phénomène naturel soit converti en nouvelles opportunités et en développement. Ensemble, nous irons plus loin’’.