Hautes-Alpes : Abandon du projet de plan d'eau à Gap: "une conséquence du changement climatique" selon le maire

Cela va en réjouir beaucoup et en décevoir certain, le maire de Gap Roger Didier à décidé d'abandonner son projet de plan d'eau Plaine de Lachaup. Ce projet divisait la population avait été  chiffré à 4 millions d'euros maximum. Hors les entreprises ne sont pas bousculées et un seul devis à 7 millions d'euros a été déposé!

Les autres arguments qui pourront surprendre après des mois de travail, d'études et donc de dépenses est... la dimension écologique. " Avec le changement climatique et après un été marqué la sécheresse, les conséquences de la création de ce plan d’eau auraient pu être graves, notamment pour l’approvisionnement en eau". Il n'est jamais trop tard ... pour réfléchir diront ses opposants.

 

Hier, a société alpine de protection de la nature ( SAPN ), en s'appuyant sur un rapport de la MRAE (Mission régional de l'autorité environnementale),  avit juge "irresponsable" le projet du plan d'eau de Gap.  Les associations écologistes pointaient du doigt l'alimentation de celui-ci. En effet, la municipalité comptait utiliser de l'eau potable pour l'alimenter. 

Voici le communiqué de la SAPN : " Nous questionnions et mettions en garde M. le Maire par un courrier du 15 avril 2019, lui signifiant l’importance des problèmes environnementaux posés par le projet. Dans un courrier en date du 4juillet 2019, celui-ci nous répondait, assuré et rassurant, sur les différents points soulevés. A ce jour, l’appel d’offres des travaux est en cours et nous attendons l’enquête ou la consultation du public sur ce projet bien avancé. L’avis du 23 août 2019 de la Mission régionale d’autorité environnementale (MRAE) de la DREAL PACA vient pourtant confirmer les inquiétudes pointées par la SAPN. Celui-ci revient sur la qualité de l'étude d'impact du projet et les différents enjeux environnementaux soulevés. Sur la forme, la MRAE relève notamment :

- une incompatibilité avec le Schéma directeur d’aménagement des eaux (SDAGE) : « aucune démonstration n’est faite quant à l’adaptation aux effets du changement climatique, ni le partage de la ressource en eau, ou encore la préservation des milieux aquatiques... »
- un choix de site insuffisamment justifié au regard de la ressource en eau ;
- l’aménagement d’une zone humide que la commune s’était engagé à préserver en compensation des destructions de milieux occasionnées par la création de la ZAC « village automobile »il y a 8 ans ;
- des inventaires écologiques incomplets ;
- des mesures compensatoires insuffisantes ;
Sur le fond, de graves impacts sont pointés principalement sur la ressource en eau, les risques sanitaires et la biodiversité. Le projet menace de dégradations majeures les eaux de la Luye, en qualité comme en quantité, et prévoit un prélèvement de secours sur le réseau d’eau potable. Pour rappel, l’approvisionnement principal s’effectuerait sur la nappe d’accompagnement de la Luye (19m3/h) déjà déficitaire en été, celle-ci interagissant avec les eaux de surfaces, ce qui équivaut à pomper quasi directement dans la rivière et par un pompage d’appoint dans la nappe de Lachaup (15m3/h).
Sur ce point M Didier nous répondait que « la profondeur des captages, leurs distances entre eux et par rapport à la rivière, ainsi que le débit nominal prélevé, ont été étudiés pour que le prélèvement n’impacte pas le débit superficiel du cours d’eau. » Mais « L’autorité environnementale relève que ces deux pompages sont distants de 100 m environ et qu’ils concernent la même nappe d’accompagnement, et ne peut valider ces affirmations ». Elle ajoute que « du fait des liens existants entre la nappe et le cours d’eau, les pompages dans la nappe auront une incidence sur le débit de la Luye, qui sera abaissé ».
Le projet va donc va donc entrainer une baisse du débit de la Luye que nous avons déjà dénoncé. Or, on sait à quel point la Luye est régulièrement déficitaire en période d’étiage estival, cela conduit à deux risques importants :

- La capacité de dilution des eaux de la station d’épuration (STEP) est menacée. Alors que déjà on constate en aval de la STEP de la ville une qualité chimique médiocre. La MRAE affirme qu’« aucune mesure de suivi et de réévaluation du débit minimal permettant de s’assurer d’une bonne dilution des eaux de la station n’est assurée ».
- le projet prévoit une ressource de secours en pompant directement dans le réseau d’eau potable à hauteur de 15m3/h. La MRAE affirme qu’« aucune donnée n’est fournie quant à la réelle disponibilité de cette ressource ». De fait, elle ne l’est pas en période d’étiage, où des restrictions sont mises en place, sur des périodes de plus en plus élargies et au moment où le plan d’eau serait le plus fréquenté. Rappelons que l’alimentation en eau potable de l’agglomération Gapençaise n’est toujours pas assurée puisque la prise d’eau des Choulières dans le Champsaur n’est pas opérationnelle. Des risques sanitaires sérieux existent. En l’état, la configuration du projet ne permettra pas d'assurer une qualité de baignade conforme :

- l’eau des bassins de baignade doit faire l’objet d’un débit constant (ce qui évite prolifération bactérienne et des algues) : ce qui implique un renouvellement constant de l’eau du bassin contrairement à ce que prévoit la commune.
- une eau polluée issue de la nappe de Lachaup : « manganèse, ammonium, nitrites et fluorures » que le traitement UV prévu ne peut contenir ;
- la nécessité de maintenir un débit de renouvellement de l’eau « incompatibles avec les débits prévus sur les pompages... » Les menaces sur la biodiversité sont conséquentes destruction de zones humides. Ces destructions doivent faire l’objet de compensation, or, le site même du plan d’eau avait été désigné comme « zone de protection des prairies humides » comme mesure compensatoire de l’aménagement de la ZAC « village automobile ». La gestion de ces prairies aurait dû être confiée au CEN (Conservatoire des Espaces Naturels) huit ans auparavant. Pour compensation, le projet de plan d’eau propose une destruction « La surface de destruction annoncée est de 2 996 m2, incluse dans le périmètre de la mesure compensatoire de la ZAC Village automobile localisée au sud du site (1,8 ha annoncé dans l’étude d’impact de 2010)». La MRAE conclut qu’ « en l’absence de la prise en compte de la première mesure compensatoire et des effets cumulés qui sont liés, l’autorité environnementale considère que l’équivalence écologique n’est pas atteinte. Si les atteintes liées au projet ne peuvent pas être compensées de façon satisfaisante, celui-ci ne peut pas être autorisé en l’état, en application de
l’article L.163-1-I (2) du code de l’environnement (loi Biodiversité) et des orientations du SDAGE. »

En conclusion, on voit mal comment ce projet pourrait aboutir tant il semble incompatible avec les enjeux essentiels de la préservation de la ressource en eau, des milieux naturels, du bouleversement climatique en cours ou la santé des populations. Ce projet de plan d’eau payant parait être la démonstration d’une politique environnementale d’un autre temps : ignorante des enjeux environnementaux actuels comprenant périodes de sécheresse de plus en plus fortes et étendues, chute de biodiversité, bétonisation et morcellement des paysages. L’ensemble, notamment en engageant l’avenir de la ressource en eau à Gap, en qualité comme en quantité,semble tenir de l’irresponsabilité."

 

L'article de marie france Sarrazin dans TPBM à lire ICI

Alors que la sécheresse a de nouveau sévi cet été à Gap, le maire Roger Didier a annoncé cet après-midi qu'il préférait abandonner la construction du plan d'eau dont l'ouverture était prévue en juillet 2020.

En juillet 2020, un plan d'eau devait ouvrir au sud de la ville de Gap, plaine de Lachaup, sur un site constitué de zones humides, de champs et d'une aire de grand passage pour les gens du voyage. Ce plan d'eau, dont le coût était estimé à 3,5 M€ HT, devait être à la fois un lieu de baignade, de pêche, de promenade et de loisirs avec des jeux d'enfants, terrains de boules, pédalos... Après un été de sécheresse, Roger Didier et sa majorité municipale ont décidé de ne pas poursuivre le projet. Car Il était prévu que le pompage principal se situe à 1,8 km, dans la nappe phréatique de la Luye.

« Avec mon équipe, nous avons pris cette décision courageuse, qui s'impose à nous et qui, en même temps, est un déchirement. Le changement climatique s'impose à nous et, effectivement, les données de 2014 ne sont déjà plus celles d'aujourd'hui. Si le plan d'eau avait déjà existé cet été, nous aurions dû avoir recours à une autre ressource que la Luye pour compenser l'évaporation inhérente au fonctionnement de tout plan d'eau de loisirs. Il y a deux alternatives : le Canal de Gap, dont une branche arrive dans le secteur de Belle-Aureille, et le réseau d'eau potable. Dans les deux cas, cela pose question. Les Gapençais sont-ils prêts à l'éventualité, en fonction des aléas climatiques, de puiser jusqu'à 4,4% de leur consommation quotidienne d'eau potable pendant une partie de l'été pour alimenter un plan d'eau ? En tout cas, moi, je n'y suis pas prêt ! », lance le maire.

Dans son rapport daté de fin août, la Mission régionale d'autorité environnementale avait également émis des réserves sur le sujet. « J'ai ainsi pris connaissance avec attention de l'avis de l'Autorité environnementale, qui soulève plusieurs réserves. Même si cet avis est simplement consultatif et ne s'impose nullement à nous, certains points ne peuvent pas être écartés d'un revers de manche », admet le maire.

Des travaux qui auraient coûté le double des prévisions

Deux autres arguments ont fini de convaincre la municipalité. L'un d'eux est le coût. « Nous en étions à l'étape de consultation des entreprises pour l'attribution des marchés. Plus de 40 entreprises avaient retiré le dossier de consultation, mais nous n'avons eu qu'une seule offre d'un groupement d'entreprises. Le chiffrage est de près de 7 M€ HT, soit le double des prévisions », explique M. Didier. Mais aussi la nécessité d'effectuer des fouilles archéologiques préventives, dont on ne sait quand elles auraient pu être menées par les services de l'Etat.

Même si le plan d'eau ne se fera pas, ce site n'accueillera plus d'aire de grand passage pour les gens du voyage, « comme je m'y étais engagé auprès des riverains. Cette aire va être déplacée. Je ne peux malheureusement pas vous en dire plus sur ce sujet, car nous avons sollicité l'Etat il y a six mois, et nous n'avons pas encore eu de réponse ». Quant à l'avenir du site, le maire répond qu'il réfléchira à un projet pour cet espace en concertation avec les riverains.

Le site nettoyé

Conformément à une injonction de la Dreal datant de deux ans, la Ville de Gap a procédé, avant l'été, au nettoyage du site qui était auparavant un lieu de dépôt des déchets inertes. L'entreprise Abrachy a effectué cette opération d'un coût de 450.000€. « Nous allons procéder au reboisement du site », annonce le maire.

 

 

 

 

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