Publié par Jean Eymar le mar, 31/12/2019 - 14:15

La loi qui permettra de déroger localement aux 80 km/h a enfin été promulguée vous le savez ce jeudi et sur ce sujet comme sur d'autres, le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner ne se cache pas derrière son petit doigt et redit sa pensée:
"Je sais le débat politique qui a eu lieu sur ce sujet". En marge d'un déplacement en Seine-et-Marne sur le thème de la sécurité routière, Christophe Castaner est en effet revenu sur l'abaissement de la limitation de vitesse à 80km/h sur les axes auparavant limités à 90.
"La baisse de la vitesse de 10km/h, c'est à dire quelques minutes de temps supplémentaire chaque jour quand on va de son domicile à son travail, a sauvé des vies", a t-il d'abord commenté, expliquant toutefois qu'en 2019, la neutralisation des radars "n'a pas permis d'avoir une vision complète de la réalité".
"Mais une chose est sûre : baisser la vitesse sauve des vies", martèle le patron de la place Beauvau, qui appelle toutefois à la responsabilité des présidents de département. Ils "auront tous les éléments d'informations nécessaires sans contrainte, et pourront prendre la décision s'ils le souhaitent d'augmenter la vitesse".
Christophe Castaner a également défendu la mesure, soutenue en son temps par le Premier ministre Edouard Philippe. "Pour être un élu rural des Alpes-de-Haute-Provence, ce que je sais aussi est que c'est dans la ruralité qu'il y a le plus grand nombre de morts. Dans un territoire "où chaque jour, on a besoin de sa voiture pour se déplacer, je suis un ardent défenseur de la voiture dans ce cadre". "Mais quelques minutes de plus pour se rendre à son travail, quand je sais que ça sauve des vies, ne serait-ce qu'une, c'est quelque chose qu'il faut avoir le courage politique d'assumer", a t-il insisté.
La hausse spectaculaire de la mortalité routière en août (+17,9% sur un an, avec 290 morts) avait été expliquée par les pouvoirs publics comme un effet persistant des destructions de radars, qui ont conduit de nombreux conducteurs à augmenter leur vitesse, malgré l'abaissement de la limitation à 80km/h sur les routes secondaires. En réponse, le gouvernement souhaite déployer 1.200 radars tourelles, plus difficiles à dégrader en raison de leur hauteur, d'ici à "fin 2020".
Dans certains départements, on s’impatientait en tout cas presque... Le texte va permettre de repasser à 90 km/h une partie des routes secondaires à double sens sans séparateur central. Depuis le 1er juillet 2018, la limitation de vitesse y avait été abaissée à 80 km/h, déclenchant une fronde d’automobilistes, de motards et d’élus.
Vingt-cinq départements (Cantal, Côte-d’Or, Corrèze, Haute-Saône, Loir-et-Cher, Lozère, Orne, Maine-et-Loire, Tarn...et les Hautes-Alpes ) ont d’ores et déjà annoncé leur intention de repasser une partie des routes à 90 km/h,
Les routes envisagées pour repasser à 90 km/h devront être soumises pour avis consultatif à une commission départementale de sécurité routière.
Mais "en menaçant les présidents de département de recours en justice de la part de victimes de la route, le gouvernement met clairement la pression sur les exécutifs départementaux", s’indigne le président de la Côte-d’Or, François Sauvadet.
Retour en septembre
Impatient, c'est le mot qui pourrait caractériser l'état d'esprit du président du Conseil départemental Jean-Marie Bernard. Il attend impatiemment le vote de la loi qui l'autorisera à remettre ses routes départementales à 90 km / h. Le projet de loi d'orientation des mobilités est en cours d'examination à l'Assemblée et au Sénat. D'autant qu'il a été complexifié, si bien que les portions à 90 km / h se ferait rare. Pour l'heure, Jean-Marie Bernard n'aura rien à annoncer à la prochaine séance plénière, mais il se tient prêt :