Publié par Laurie Charrié le jeu, 09/01/2020 - 16:33

On les connaît très déterminés, les enseignants du collège Henri Laugier de Forcalquier montent une nouvelle fois au créneau. Les professeurs ont adressé ce jeudi une lettre aux députées des Alpes de Haute Provence, Emmanuelle Fontaine-Domeizel et Dephine Bagarry, assurant qu'ils ne baisseraient pas les bras concernant leurs droits et ils espèrent que les députés feront remonter leurs revendications devant l'Assemblée nationale :
Objet : Les professeurs et les personnels de l'éducation nationale en ont assez! Trop, c'est trop !
Après une première période marquée par des conditions de rentrée particulièrement difficiles dans l’Education Nationale, les enseignants s’adressent à leurs députés afin qu’ils usent de leur rôle d’élus de la République pour infléchir la politique du gouvernement dans le sens de l’amélioration du Service public, dont la qualité est aujourd’hui menacée par les réformes récentes et à venir.
En collège, la rentrée s’est faite à moyens constants alors que les effectifs augmentent, ce qui dégrade les conditions d’étude des élèves et de travail des personnels en alourdissant les classes.
En lycée, la mise en place de la Réforme à marche forcée est source de déstabilisation voire d’angoisse tant pour les élèves que pour les professeurs , devant s’adapter à des emplois
du temps peu soucieux des réalités pédagogiques, devant anticiper sur des exigences encore floues-et pour cause- de Parcoursup : tout cela crée une insécurité pédagogique qui ne permet
pas la réussite et l’épanouissement de nos élèves.
Ce n’est pas non plus sans conséquence sur la santé des personnels, confrontés chaque jour à des situations pénibles, et qui ne reçoivent de leur Ministre qu’indifférence voire mépris.
La Loi de transformation de la Fonction Publique votée cet été prive les personnels des garanties que leur offrait le paritarisme : garanties pour les agents, mais surtout garanties pour
la qualité du Service Public d’Education.
De plus,ultime provocation, nous n’accepterons pas que la réforme des retraites décrite par M le premier ministre porte une nouvelle atteinte au statut : le traitement continué est et
doit rester le principe de calcul de la pension, comme aboutissement d’une carrière. Nous sommes prêts à rester mobilisés pour lutter contre ce projet de réforme destructeur des
solidarités intergénérationnelles, et qui entraînera une baisse de toutes les pensions.
Nous refusons la double peine pour les femmes dans la fonction publique qui découlerait de la mise en place de ce projet malgré les déclarations d’intention du gouvernement sur l’égalité
femmes / hommes. Profondément attachées à la solidarité, nous refusons la division entre générations et catégories professionnelles et de laisser nos jeunes collègues subir cette réforme.
Nous n’accepterons jamais de sacrifier nos enfants et petits-enfants.
Pour nous, la retraite à 64 ans, c’est non.
Plus que jamais, nous continuons à revendiquer :
▪ Une amélioration et une consolidation de nos retraites, avec le maintien des régimes existants, notamment le Code des pensions civiles et militaires et la Caisse nationale de retraite des agents
des collectivités locales, ce qui passe par le retrait du projet gouvernemental
▪ Une meilleure prise en compte de toutes les formes de pénibilité
▪ Des augmentations générales de salaire avec, en particulier, une revalorisation immédiate du point d’indice et l’attribution de points d’indice supplémentaire de manière uniforme.
▪ Des créations d’emplois statutaires dans les nombreux secteurs qui en ont besoin, et un plan de titularisation des contractuels.
▪ La défense des missions publiques et donc l’abandon de toutes les formes d’externalisation et de privatisation.
▪ Le renforcement du Statut Général, garantie pour le citoyen d’un service public neutre et impartial et, par voie de conséquence, l’abrogation de la loi dite de transformation de la Fonction
publique. Le Président et le gouvernement doivent nous entendre et vite, car nous ne céderons pas ! S’agissant des revalorisations de carrière annoncées – qui oublient de nombreuses
catégories professionnelles, comment accorder le moindre crédit à des interlocuteurs qui refusent systématiquement et depuis des années la moindre augmentation de la valeur du point,
d’un coût pourtant nettement inférieur ?
Nous profitons aussi de ce courrier pour que vous puissiez dire au ministère de l’Education Nationale d’arrêter la manipulation qu’il opère avec les chiffres des grévistes dans
notre secteur (manipulation qui était déjà appliquée sous les gouvernements antérieurs). Nous demandons à ce que le chiffre des grévistes soit calculé sur le nombre de professeurs ayant
cours et non sur le nombre total de professeurs. Il faudrait aussi que le nombre total de grévistes sur la journée soit comptabilisé : ce qui n’est pas le cas actuellement, le dénombrement se faisant
à une heure donnée, les chiffres du ministère ne tiennent pas compte des grévistes prenant leur service ultérieurement.
Si on y ajoute le gel du point d’indice, les menaces sur la carte de l'éducation prioritaire, les primes au mérite, la redéfinition de notre métier alors que la souffrance au travail du monde
enseignant est bien trop grande, vous comprendrez, que c’en est trop !
Madame la députée, persuadés que vous partagez notre attachement au Service Public d’éducation nous vous demandons d’entendre notre exaspération et de porter nos revendications devant l’Assemblée Nationale pour en assurer la défense et l’amélioration, au bénéfice de tous les citoyens.
