Publié par Jean Eymar le mer, 01/04/2020 - 07:05

POISSON D'AVRIL !
Autant vous le dire tout de suite, il n'y aura pas de parc à loups dans le Champsaur cet été.
La présence de l'animal dans nos montagnes des Alpes du Sud est, vous le savez, matière à controverse. D'un côté, les pros, et de l'autre, les antis. En gros, d'un côté, les défenseurs de la biodiversité et de l'autre, les éleveurs et les syndicats agricoles.
Les éleveurs sont dévastés à chaque attaque, leur travail est anéanti et leur ras le bol augmente. D'autant que si la prédation du loup est avérée sur une attaque, seules les bêtes retrouvées mortes sont remboursées. Les brebis qui sont égarées en montagne ne le sont pas, soit une perte de 100 euros par brebis, 80 par agneau et 300 euros pour un bélier.
En revanche, les pros loup pensent que la cohabitation est possible. S'ils reconnaissent que les moyens de défense des éleveurs sont trop limités, avec des tirs d'effarouchement peu efficaces, tout comme les barrière électriques, il agissent pour la sensibilisation du plus grand nombre. Ainsi, on peut, par exemple, souligner le programme Pastoraloup, où vous pouvez pendant une ou deux semaines partir en montagne pour aider un berger à protéger son troupeau. Il n'est pas question de remplacer les patous par des loups , pour une raison simple : le loup est un animal sauvage, et s'il était apprivoisé, on appellerait ça... un chien. En revanche, la présence d'une meute de loups, même domestiquée dans un parc, pourrait envoyer un message olfactif fort aux meutes sauvages, mais pendant un temps seulement.
Toutefois, et c'est le mot de la fin, un parc à loups dans les Hautes-Alpes n'est pas une idée totalement saugrenue. On oppose souvent l'image de l'éleveur campagnard, contre les loups et contre tout, à celle du citadin, bien au chaud dans son appartement, à défendre une cause animale dont il ne connait finalement pas vraiment les enjeux. Ainsi, un parc à loups serait tout à fait de nature à sensibiliser les nombreux touristes qui viennent dans nos contrées chaque année. Ce serait en plus une manne financière importante : pour exemple, le parc du Gévaudan, l'un des parcs à loups les plus connus en France, attire chaque année 70 000 visiteurs.
Vous ne rêvez pas, un élevage de loups va voir le jour dans le Champsaur, et plus précisément en vallée de Champoléon. Un ancien éleveur originaire de l'Ardèche a choisi cet endroit pour élever en captivité six loups. Il a même pour objectif de remplacer les patous par ses bêtes. Le dossier :
On en sait encore peu sur ce projet d'élevage de loups dans le Champsaur. Mais selon nos informations, Daniel, un éleveur ardéchois, aurait choisi Champoléon pour y installer son élevage de six bêtes.
Découragé par les attaques incessantes sur son troupeau de brebis, il a décidé de jeter l'éponge. Face à la position du gouvernement sur le sujet, et les plans loups qu'il juge trop inefficaces, Daniel a tout arrêté lorsque, l'été dernier, son troupeau a subi trois attaques, dont une qui a tué 27 brebis en une fois. Daniel nous a confié son écœurement puisqu'il se sent abandonné par l'Etat. Selon lui, les actions "coup de poing" devant les préfectures ne fonctionnent plus et ne sensibilisent plus l'opinion publique.
L'idée a donc germé dans son esprit de créer un élevage de loups. En relation avec des centres de recherches et des parcs en France, il s'est informé et a recueilli des soutiens d'associations pour la protection de l'espèce. Daniel a pu obtenir un couple alpha, avec leurs quatre louveteaux. S'il a choisi les Hautes-Alpes, c'est pour repartir de zéro. Il a aussi la conviction que la présence contrôlée d'une meute de loups dans la vallée va décourager les meutes déjà présentes qui chercheront un autre endroit pour vivre. Enfin, son parc sera ouvert au public pour lui assurer un revenu le temps de mettre en oeuvre sa grande idée.
Car Daniel ne veut pas s'arrêter là : à terme, il souhaite que ses loups remplacent les patous, ces chiens de protection des troupeaux. Soutenu par des scientifiques, son projet va mettre de nombreuses années à voir le jour. Si les loups venaient à remplacer les patous, il se pourrait que les loups sauvages ne viennent pas les défier, avec en plus la présence du berger à leurs côtés. Difficile à vérifier sauf par l'expérimentation, cela explique la présence des centres de recherches dans son implantation.
Selon nos informations, les demandes auraient été effectuées en préfecture. Quant à l'installation du parc, Daniel espère être prêt dès cet été.