Publié par Jean Eymar le ven, 03/04/2020 - 19:01

communiqué
Face à l’épidémie, le Gouvernement se mobilise pour maintenir les droits des femmes en matière d'IVG.
La crise sanitaire liée à l’épidémie de COVID-19 ne doit pas remettre en question nos valeurs les plus fondamentales : celles de l’émancipation des femmes et de leur droit à disposer de leur corps.
Mis en tension par l’épidémie, notre système de santé doit s’adapter pour prévenir les difficultés d’accès à l’IVG. Olivier VERAN, ministre des Solidarités et de la Santé et Marlène SCHIAPPA, secrétaire d’État chargée de l’Egalité entre les Femmes et les Hommes et de la Lutte contre les Discriminations prennent des dispositions pour assurer, dans le délai légal en vigueur, une réponse aux demandes d’IVG des femmes :
- L’ensemble des consultations nécessaires aux IVG médicamenteuses pourront être réalisées sous forme de téléconsultations, si la femme le souhaite et le praticien l’estime possible :
o Une téléconsultation d’information et de remise des ordonnances ;
o Une consultation de prise du médicament qui arrête la grossesse (antiprogestérone) : en cas de téléconsultation, la femme pourra aller chercher le médicament en officine, en lien avec le médecin ou la sage-femme. Le 2e médicament (prostaglandine) devant être pris 36 à 48h après le premier ;
o Une téléconsultation de contrôle dans les 14 à 21 jours qui suivent.
- Le ministre des Solidarités et de la Santé a saisi en urgence la Haute Autorité de Santé afin d’émettre un avis sur la possibilité d’étendre le délai de réalisation des IVG médicamenteuses hors milieu hospitalier de 7 à 9 semaines d’aménorrhée.
- Enfin, les Ministres encouragent l’ensemble des médecins en ville et les sages-femmes libérales à s’engager dans le maintien des IVG médicamenteuses et demandent aux établissements de santé d’assurer la continuité des IVG instrumentales.
L’avis de la HAS est attendu dès la semaine prochaine afin que l’ensemble de ces mesures rentrent en application dans les tout prochains jours, en liens avec les professionnels et acteurs concernés.
Pour les femmes mais aussi les professionnels qui souhaiteraient avoir des informations sur lieux de prise en charge disponibles, le Planning Familial maintient son numéro vert : 0800 08 11 11.
Il y a 55 ans, le Parlement rendait légale la pilule
L'Assemblée nationale puis le Sénat ont tenu à rendre hommage cette semaine à Lucien Neuwirth, député gaulliste de la Loire, père de la loi votée en 1967 sur « la régulation des naissances ».
Au côté d'associations militantes pour les droits des femmes, dont le Planning Familial, le parlementaire réussissait le tour de force de convaincre (une partie de) son camp, avec lui l'opposition, pour faire passer cette loi qui brisait un tabou. Depuis 1920, la diffusion, la vente ou l'utilisation de moyens de contraception étaient prohibées.
En permettant aux femmes et aux couples d'accéder à la contraception -notamment orale-, la loi Neuwirth a été une première étape vers le droit des femmes à disposer de leurs corps et ainsi leur permettre une plus grande liberté et une plus grande autonomie sociale et professionnelle. Même si le chemin ne fut pas facile dans les années suivantes, la loi permettant le remboursement de la contraception, la loi Veil -dont M. Neuwirth fut rapporteur- dépénalisant l'interruption volontaire de grossesse, puis sa généralisation et son remboursement quelques années plus tard, représentent des grands acquis du XXème siècle pour les droits des femmes.
Mise en place des centres de planification
La loi Neuwirth a également été à l'origine de la création des centres de planification qui garantissent sur tout le territoire, à toutes et tous, gratuité et confidentialité et qui s'avèrent toujours nécessaires pour l'accès à l'information et à la contraception, notamment pour des jeunes et les personnes en situation de précarité.
Marquer ce 55ème anniversaire est aussi pour nous toutes et tous l'occasion de rester mobilisé(e)s pour faire baisser le nombre de femmes dans le monde qui n'ont pas accès à des moyens de contraception, ni à des services de planification familiale. Plus près de chez nous, nous voyons bien comment des tendances sont à l'œuvre en France ou de l'autre côté de l'Atlantique, qui risquent de fragiliser cette émancipation. Plusieurs mesures ont été prises dans ce sens depuis 5 ans : accès gratuit et confidentiel pour les mineures, gratuité de la pilule du lendemain à l'université, création d'un site officiel d'informations neutres sur la contraception (http://choisirsacontraception.fr/), et d'une plate-forme d'information sur l'IVG (http://www.ivg.social-sante.gouv.fr/), ou encore suppression de la notion de « détresse » dans les conditions de recours à l'IVG ou l'obligation d'un délai minimal de réflexion d'une semaine.
⇒ Le dossier spécial sur le site de l'Assemblée nationale consacré aux 50 ans de la loi Neuwirth
Ecrit par Joël GIRAUD, député des Hautes-Alpes.