Publié par Jean Eymar le ven, 10/04/2020 - 16:28

C’était l’un des résidents secondaires les plus connus de Serre-Chevalier, Jacques Calvet ex patron de PSA est décédé à l’âge de 88 ans.
Il aimait été comme hiver profiter de la station du Briançonnais et du hameau des Pananches de la salle les Alpes
Il y a des patrons qui marquent leur époque au fer rouge. Jacques Calvet, qui vient de mourir à l'âge de 88 ans, était de ceux-là. Comble de la réussite professionnelle (pas toujours apprécié à sa juste valeur par les intéressés), ce diplômé de l'Ena avait même eu droit à sa propre marionnette dans Les Guignols de l'info de Canal+. Souvenez-vous... Alors PDG du groupe automobile PSA Peugeot Citroën (de 1984 à 1997), « Jacques Calouet » était celui qui « avait toujours des problèmes de ouature ». C'était au milieu des années 1990, au moment de la sortie de son modèle haut de gamme 605 – censé concurrencer les berlines allemandes – mais présenté par les Guignols comme « la voiture la moins polluante puisqu'elle ne roule que derrière les dépanneuses ».
La victime de la dérision acide des Guignols avait assez mal pris la chose et avait intenté un procès, finalement perdu. Avant même sa marionnette en latex, Jacques Calvet, connu pour son tempérament volcanique, conservateur pur jus, était déjà un personnage hautement médiatique. En octobre 1988, il est le premier chef d'entreprise invité à l'émission politique d'Antenne 2 L'Heure de vérité ! Face à François-Henri de Virieu, il pulvérise les scores de popularité des meilleurs ténors politiques en obtenant 71 % d'opinions favorables à l'issue de l'émission.
Évidemment, Calvet est aussi entré dans l'histoire avec… sa feuille d'impôt. En septembre 1989, un conflit social avait éclaté chez Peugeot à la suite du refus de la direction de procéder à des augmentations de salaire. Le Canard enchaîné avait, dans la foulée, publié un article détaillant l'évolution des rémunérations de Jacques Calvet et reproduisant les photocopies de ses trois derniers avis d'imposition. « M.Calvet met un turbo sur son salaire. Ses feuilles d'impôt sont plus bavardes que lui. Le patron s'est accordé 45,9 % de mieux en deux ans », écrivait le journal.
À l'époque, Calvet gagne 180 000 francs par mois, soit trente fois le salaire d'un ouvrier de ses usines. L'hebdomadaire fut ensuite condamné pour recel de photocopies provenant de la violation du secret professionnel. Puis, après l'appel des journalistes, la France fut condamnée pour violation de la liberté d'expression par la Cour européenne des droits de l'homme. C'était la première fois que le débat sur la rémunération des patrons envahissait le débat public. Ce n'est, en effet, qu'à partir de 2003 que les dirigeants des entreprises cotées auront une obligation de publication de leur salaire. Aujourd'hui, le salaire de Jacques Calvet paraît bien dérisoire. Carlos Tavares, l'actuel patron de PSA Peugeot-Citroën, a touché 5,2 millions d'euros en 2015…
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