Coronavirus: le témoignage de Tom, jeune Tallardien, parti "au front" comme volontaire dans les hôpitaux bruxellois

Depuis le 23 Mars à commencé mon volontariat au près des hôpitaux bruxellois ( l’institut Jules Bordet et le CHU Brugmann) .

Le premier jour est le plus dur. On est un peu perdu, on ne sait pas où sont les choses. Je ne savais pas à quoi m’attendre. Ce premier jour passé, je sais ce que j’ai à faire. Les gestes étaient moins assurés qu’avant, mais j’ai fait très attention à ce que je faisais et ça revient plutôt vite. J’ai prévu de consacrer tous mes jours à aider, dans le même service pour éviter de propager la contamination. c’est très dur physiquement surtout avec des 7km/8km par jour , mais ce n’est pas ça qui va m’arrêter.

 

Mon travail auprès des malades consiste surtout à assister l’infirmière (prise des constantes, médicaments, prise de sang , montage de perfusion et beaucoup de communication avec les patients car ils ont pas de visites de leurs familles cela est très dur pour eux ). L’âge moyen des patients tournait autour de 60-70 ans avec des co morbidité, le plus vieux d’entre eux avait 93 ans, avec quelques jeunes d’une trentaine d’années . Il y a aussi, heureusement, des gens qui sortent du service pour rentrer à domicile. Ils viennent chez nous parce qu’ils sont en détresse respiratoire ou parce qu’ils souffrent d’une asthénie très importante. On s’assure qu’ils soient bien hydratés, on leur administre du paracétamol ou des antibiotiques pour éviter la surinfection.

Parlons dés à présent des équipements que j’ai supportés pendant 21 jours . On passe son temps à s’habiller et se déshabiller : on porte une tenue à usage unique à laquelle on ajoute une sorte de surchemise également à usage unique qu’on garde la demi-journée. On avait des masques FFP2, un seul par jour à disposition pour économiser les stocks, que j’ai donc gardé 12h. Ça blesse le nez. Ce matériel n’est pas fait pour être porté sur de longues durées comme ça, donc c’est assez désagréable . Le fait de travailler en protection intégrale tient aussi très chaud. Les allers-retours pour s’habiller sont incessants et on prend aussi un certain temps pour s’habiller à chaque fois. En plus, ça complique les soins, parce que pour chaque chambre, il faut encore rajouter des lunettes anti-projections (visières). J’étais assez fatigué à la fin de la journée. Aujourd’hui j’ai l’impression d’avoir fait un marathon.

Que dire du covid 19 ?
Ce que j’ai pu voir du covid-19 : il s’agit d’une grosse pneumopathie avec un potentiel d’évolution beaucoup plus grave . Les patients souffrent d’une fatigue extrême, de douleurs, de difficultés à respirer avec des saturations à 82 pour-cent avec 15litres d’oxygène pour vous donner une idée de cette détresse, d’une toux très très importante et sèche. Ce qui est impressionnant, c’est le nombre de patients qui arrivent et le fait d’avoir à transférer certains d’entre eux en réanimation, sans quoi ils meurent ! On fait donc aussi beaucoup d’écoute des patients qui s’inquiètent. Quand on peut répondre, on le fait.

Ce que je retiens de mon bénévolat car oui j’étais contraint à arrêter hier Dimanche 12 avril 2020 pour suspicions COVID 19 avec des symptômes comme fatigue peut être dû à ce dévouement intense depuis quelques semaines et un peu de température du coup j’ai étais testé pour la deuxième fois + une gazométrie qui est parfaite , et des paramètres tout aussi parfait de plus c’est pour sa que j’ai le temps d’écrire un résumé sur mon expérience .

J’ai eu l’impression d’être sur un champ de bataille. Il y avait du matériel accroché sur tous les murs, des soignants habillés de la tête au pied, des cadres épuisés, inquiets, une agitation dans le service de jour comme de nuit. Je n’avais jamais vu ça. C’était des gens qui partent au front. Qui savent – malgré toute la sécurité mise en place – qu’ils sont face à une pandémie qui, aujourd’hui, tue. Des hommes et des femmes qui entrent dans les chambres, sachant qu’ils sont en première ligne. Des gens qui n’hésitent pas à dire qu’on peut les rappeler si besoin sur leurs jours de repos. Je ne suis pas inquiet pour le moment de qu’on est en train de vivre. On sera tous à la hauteur de ce qu’on peut donner. On sait faire et on est assez déterminés. Par contre, je me dis qu’il y aura aussi lendemain et on n’est pas à l’abri d’un craquage des professionnels de santé. Et il y aura aussi l’après-demain…

Il y aura indéniablement un avant et un après cette épidémie. C’est évident.
S’il y avait une leçon à tirer ?
Il y a des choses qui sont essentielles dans la vie, comme la santé, et elle est assurée par des soignants qui sont là 7 jours sur 7, 24h sur 24. On a un système de santé en souffrance, mais costaud dans son organisation générale.

Si j’avais un message à faire passer ? Pour désengorger les services, il faut que les gens restent chez eux. Le turn-over de patients est énorme. Dès qu’un lit se libère, il est repris par une nouvelle personne contaminée. On est en rush total. Ça n’a pas arrêté de toute la journée. Il est vraiment primordial que les gens respectent le confinement. Ça ne vaut pas le coup de risquer sa vie, juste parce qu’on n’a pas envie de respecter les règles. C’est jouer à la roulette russe .

Tom Chérino

 
Un marathon