Publié par Samir MATHIEU le dim, 19/04/2020 - 11:59

Hautes-Alpes : C’est dans nos deux départements la municipalité la plus éprouvée par le coronavirus. La ville de Briançon a en effet été dès les premiers jours de mars l’un des "cluster" de la pandémie en France avec une origine bien connue : le retour à leur domicile des évangélistes après le rassemblement dit de Mulhouse, de triste mémoire. Dans le Briançonnais en quelques jours l’épidémie s’est étendue à tous ceux qui avaient croisé les évangélistes depuis leur retour jusqu’à atteindre plus d’une centaine d’hospitalisation dont une bonne trentaine de passage en réanimation. Au bout des décès comme encore ce vendredi ou le week-end dernier mais aussi beaucoup de personnes qui sont sortis guéries de l'hôpital des Escartons qui dépend du Chicas, le Groupement hospitalier de territoire qui comprend Briançon, Embrun, Aiguilles, Sisteron, Barcelonnette et Gap.
À la mi-avril, la situation donne toute l’apparence d’être sous contrôle y compris dans les EHPAD, y compris aux Mas des Roseaux ou deux patients handicapés moteurs lourds ont perdu la vie. À tout cela une raison le confinement décrété dès les premiers jours pour tous ceux qui avaient été en contact avec le virus et qui que ce soit d’ailleurs : policiers, pompiers… y compris le maire lui-même confiné 14 jours en pleine campagne électorale et jusqu’au lendemain du premier tour des élections où il se présentait à sa propre succession ! Dans tout cela aussi une adaptation extraordinaire et un combat de l’ensemble de l’hôpital des Escartons qui a affronté de front la maladie avec toutes les précautions et avec détermination. Un peu comme si dans la plus haute ville d’Europe, les personnels c’étaient transmis de générations en générations, le courage et les gestes hérités des grands combats que les établissements ont déjà mené auprès entre autre des tuberculeux.
Il est en effet pas si loin le temps des "sanatorium" avec les malades de la tuberculose confinés comme on l'est aujourd'hui sur les hauteurs de Briançon dans des établissements qui évolueront ensuite vers le climatisme et d'autres pathologies. A cette époque, comme aujourd'hui, un luxe de précaution pour éviter ceux qui se sentaient presque "pestiférés" et des mesures drastiques pour préserver les habitants de toute relation avec eux. Alors ce week-end, après 33 jours de confinement nous sommes retournés faire un tour de la belle ville de Briançon, la "petite ville au grand renom" où la maxime est presque devenue "du passé répond l'avenir" comme écrit sur la porte de Pinerolo près du Champ de Mars.
Nous avons rencontré le maire de Briançon Gérard Fromm qui est aussi le président de la communauté de communes et qui pilote chaque jour une cellule de crise en compagnie de son opposition. De jour en jour, les nouvelles se font de plus en plus rassurantes. Le virus marque le pas et on pense même à réouvrir à l’hôpital des soins traditionnels. Reste la préparation du déconfinement, s'il se confirme d’ailleurs. Là aussi habitué aux arbitrages de crises les montagnards gardent leur bon sens à l’image du maire de Briançon qui, plus que des grands discours, préconise une approche pragmatique mais associée à la plus grande humilité.