Publié par Adrien CITEAU le jeu, 25/06/2020 - 07:02

Après l'importante opération anti-stupéfiants de ce mercredi matin dans le centre-ville de Gap, et plus précisément dans les locaux du Cesaï (centre d'accueil des demandeurs d'asile sous le coup d'une expulsion de justice), le centre a tenu a réagir par voie de communiqué. Selon le Cesaï, si des trafics de stupéfiants ont lieu en ses murs, c'est parce qu'il naît là où il y a de la misère. Le Cesaï blâme d'ailleurs le gouvernement d'avoir systématiquement refusé toutes les demandes de ses occupants pour travailler pendant le confinement, et venir en aide aux agriculteurs du secteur. La réponse de l'Etat a été "disproportionnée" et il aurait mieux valu, selon le centre, que cet argent public dépensé pour l'opération eu été attribué "à la prévention et à l'accompagnement de ces gens incriminés".
Communiqué du Cesaï :
Alors qu’on aurait aimé s’attendre à une opération de grande envergure de l’État en faveur des occupants du CÉSAÏ, ce fut une intervention policière de grande ampleur qui nous a été offerte. Une centaine de policiers, CRS, gendarmes, armés de fusils d’assaut et de tout unattirail pare-balle furent mobilisés dès 6h du matin pour une poignée de personnes non armées, suspectées et appréhendées pour stupéfiants.
Une personne solidaire s’est également vue fracturer sa porte et perquisitionnée. Comment peut-on en arriver là ?
En vérité, c’est la faute des législateurs s’il y a du trafic là où il y a de la misère. Les habitants du CÉSAÏ ont interdiction de travailler, d’avoir de l’argent liquide et d’avoir un compte en banque. Leurs ressources sont au mieux très faibles, au pire inexistantes. Les gens font simplement ce qu’ils peuvent pour se sortir de la galère. Quiconque prétend faire mieux en pareilles conditions se met certainement le doigt dans l’œil.
Le niveau de délinquance et de criminalité qui frappe une société est proportionnel aux inégalités qui la déchirent.
Pendant les 55 jours d’un confinement qui a exacerbé leur précarité, des habitants du CÉSAÏ se sont portés volontaires pour aider les agriculteurs demandeurs, mais cette démarche a également été stoppée par la préfecture.
Malgré les beaux discours, la grande solidarité des autorités s’est limité, au CÉSAÏ, à la présence régulière de l’ONG Médecins du Monde, qui ne peut pas suffire à surmonter toutes les difficultés auxquelles sont confrontées ces personnes.
Comment donc s’étonner de quelques écarts, qui sont finalement minimes face au déploiement totalement disproportionné de ces forces de « sécurité » ?
Interrogeons nous sur ces sommes d’argent public dépensées ! N’aurait-il pas été plus judicieux de les attribuer à la prévention et à l’accompagnement de ces gens incriminés... systématiquement discriminés ? N’oublions pas que le CÉSAÏ, depuis bientôt 2 ans, et après la maison Cézanne (2016-18), pallie aux carences de l’État en matière d’accueil et d’accompagnement des demandeurs d’asile.
Rappel des faits :
Une opération judiciaire de police anti-stupéfiant a eu lieu dans le Carré de l'Imprimerie, dans le centre-ville piéton de Gap ce mercredi matin à partir de 6 heures. Le quartier a été complètement bouclé et l'intervention a duré jusqu'à 9h30 avec au bout du compte l'interpellation de 5 personnes sans aucun incident à déplorer, ainsi que deux autres.
Une compagnie de CRS (la CRS 22 de Périgueux) a été engagée très tôt ce mercredi matin avec 65 hommes, assistée de trois équipes cynophiles, de la PAF et bien entendu de la Police Nationale de Gap soit en tout une centaine de fonctionnaires. Selon la police, il s'agissait d'une opération anti-stupéfiants au squat du Césaï, mais il ne s'agissait pas d'une expulsion. D'autres perquisitions ont eu lieu dans le centre-ville.
Selon nos informations, cette opération fait suite à une enquête ouverte il y a plusieurs semaines.de l'argent et de la résine de cannabis ont été saisis. 7 personnes ont été placées en garde à vue à la suite de cette opération qui entend démontrer la détermination de la Police Nationale à lutter contre les trafics de drogue.