Publié par Romain HIRT le ven, 25/09/2020 - 16:11

Alors que cela fait maintenant près d'un mois que le collectif et les réfugiés du Césaï ont élu domicile "Chez Roger" comme ils l'appellent à Gap, dans un bâtiment désaffecté appartenant à titre privé au Maire de Gap Roger Didier, depuis près d'une semaine, tous vivent sans électricité. Une équipe de la société Enedis accompagnée par des policiers est venue couper le courant sur place la semaine dernière. En plus de cela, comme nous l'explique Julie, une des représentantes du collectif, les anciens réfugiés du Césaï rencontrent des difficultés pour récupérer leurs affaires laissées au moment de leur expulsion du bâtiment :
Le communiqué du collectif :
Vendredi 4 septembre, les expulsé-es du Cesaï ont été conviés dans un lieu tenu secret jusqu'à la dernière
minute, à venir chercher leurs affaires "considérées comme objet de valeur". Celles-ci avaient été
sélectionnées et inventoriées par l'huissier Me Scarcella durant l'évacuation du 19 août 2020.
Entre temps, durant des jours, sa consoeur ainsi que le représentant du propriétaire des lieux auront fait -
tour à tour- espéré à la cinquantaine d'habitants du lieu, récupérer leurs affaires. Uniquement les "biens
de valeur" - nous a t-on dit - ont été répertoriés avec soin par chambres, dûment numérotées et identifiées
par habitant lors de la descente de police du 24 juin. Rappelez-vous, la nécessaire et importante opération
anti-stupéfiants qui n'a abouti à rien !
Beaucoup d'espoir, donc, pour les habitants, qui a été une première fois douché, par l'huissier. Seuls une
quinzaine était concernée par LA LISTE établie par Me Scarcella.
Pour les autres, rien.
Il faut savoir que des familles habitaient là depuis plus de 18 mois ainsi que de jeunes étudiants mineurs.
Ils n'ont eu que quelques minutes, dans la précipitation, devant des hommes armés, pour faire une valise
laissant tout le reste, sur place. Lit, frigo, cuisinière, meubles, vêtements, chaussures, poussettes, vélos,
fers à repasser, baignoires et vêtements de bébé, couches, ordinateurs, écrans etc. Bref des objets de toute
une vie au quotidien. Sans compter la nourriture (sacs de riz, conserve, viande etc.) dans les cuisines
individuelles. Seule la réserve de nourriture gérée par le collectif au rez-de-chaussée avait pu être
récupérée lors de l'expulsion. Et puis, plusieurs faisaient état de papiers administratifs importants restés
dans les meubles. C'est dire si les habitants de Cesai attendaient beaucoup de cette restitution de leurs
biens qu'on leur promettait depuis le 19 aout.
La nouvelle du peu de personne concernée -et d'une seule famille sur les 4 présentes - a été vécu comme
un désespoir que seul le collectif a porté car l'huissier leur avait fait faire le sale boulot d'annonciateur de
mauvaises nouvelles. Contacter, demander, vérifier et s'assurer des bonnes personnes propriétaires des "
affaires de valeur". Ceci bien sur afin que tout se passe bien, et surtout vite, lors de la restitution.
Le jour J, ce matin du vendredi 4, ils étaient donc une poignée à être là mais confiants car ils savaient au
moins le peu qu'ils allaient récupérer. Certains, à l'école ou au travail, en avaient mandaté d'autres pour
cet unique rdv. A prendre ou à laisser !
Or, à l'ouverture du container, surprise ! LA LISTE ne correspondait pas à l'inventaire décrit comme si
soigneux de l'huissier. En clair, des objets étaient manquants et d'autres en surnombre. De vieux vélos
hein, pas des écrans plats dernier cri ! Et puis il y avait des sacs remplis d'un fatras d'affaires. Des objets
répertoriés dans les mauvaises chambres. Seuls des vélos, deux poussettes, quelques vieilles chaines hifis,
4-5 écrans, une commode, un canapé, une table, une guitare, un lit de bébé pliant cassé ont été récupérés.
Et tout le reste ?
Il a été muré à l'intérieur de Cesaï !
Ses habitants qui ne possédaient déjà pas grand chose ont été dépouillés de leurs seuls biens, spoliés au
bénéfice du propriétaire immobilier du 5 rue de l'imprimerie. Pire, les fameux sacs non répertoriés ont
révélé un contenu miteux, de vêtements couverts de poils de chiens appartenant à un sans-abri français.
L'huissier a préféré saisir comme "bien de valeur" des gamelles appartenant à un chien plutôt que des
baignoires de bébé africain. Quelle honte !
Et pour continuer dans le registre du mépris, une boite à pizza avec des restes a été retrouvée mais pas la
nourriture, condamnée à pourrir dans les frigos maintenant sans électricité. Quand aux papiers laissés sur
place, on vous laisse imaginer ce que le propriétaire a décidé d'en faire...