Publié par Laurie Charrié le mar, 20/10/2020 - 19:00

Les tensions semblent semblent s'afficher au grand jour entre Manosque et la DLVA. Le président de l'agglomération Jean-Christophe Petrigny a au moyen d'un communiqué de presse ce lundi pour le moins virulent appelé Camille Galtier, le maire de Manosque, "à la raison" suite à des propos que le maire de la cité de Giono a tenu vis-à-vis de ses relations avec la DLVA. La réponse de ce dernier ne s'est d'ailleurs pas faite attendre par un communiqué également circonstancié des 23 élus de la majorité municipale de Manosque, le point avec Laurie Charrié :
Le communiqué de Jean-Christophe Petrigny, Président de DLVA,
Vice-Président du Département (04), adjoint au maire de Saint-Martin-de-Brômes.
“Il y a un temps pour les élections et un temps pour l’action”
“À la lecture de l’article de La Provence, daté du 19 octobre 2020, je m’étonne de constater que Monsieur le maire de Manosque ne semble pas avoir pris conscience du sens et du
fonctionnement d'une intercommunalité. Pourquoi ces établissements publics ont été créés et comment ils fonctionnent, et l’un des principes fondateurs de l'intercommunalité est, et
demeure l’intérêt communautaire. Il en découle un principe de solidarité et de coopération.
La méconnaissance du maire de Manosque est peut-être la cause de ses erreurs de jugement. Nous avons pourtant souvent échangé sur ces sujets, mais aujourd’hui que des
contrevérités sont annoncées publiquement, je me dois de réagir. Je le regrette, car nous entrons dans des postures politiques, qui ne correspondent pas aux attentes des électeurs
lorsque ceux-ci se sont déplacés dans les bureaux de vote pour apporter aux 25 maires leur confiance. J’aurais souhaité qu’en cette période de tensions, sociale et sanitaire, que nous,
responsables politiques, puissions apporter à notre échelle un esprit de concorde et de coopération accrue.
Pour mémoire, une agglomération, grâce aux lois de décentralisation, gère des compétences qui lui ont été transférées en lieu et place des communes (une liste de compétence à retrouver ici >>> https://www.dlva.fr/nous-connaitre/missions- competences/competences-de-lagglomeration/).
Quand une orientation est prise sur telle ou telle compétence, c’est l’agglomération, donc
l’ensemble des communes qui la compose, qui met en œuvre l’action, de sa conception à sa
réalisation et à sa gestion.
Quand l’agglomération décide d’aménager une zone d’activités économiques, qu’elle soit à Manosque ou sur une tout autre commune, au titre de sa compétence économique, c’est
l’ensemble des élus qui prennent cette décision. À ce titre Monsieur le maire de Manosque se trompe et crée du trouble lorsqu’il annonce “sur toutes les compétences de
l’agglomération qui se passent sur Manosque, j’en serai évidemment le décisionnaire final (...) à la fin c’est le maire de Manosque qui signe.” En tant que Président je n’ai pas moi non
plus ce pouvoir. Ce sont les 60 élus, qui au final sont décisionnaires.
De même je ne peux laisser dire au maire de Manosque que “sans Manosque, pas d’agglomération”. Cela n’est pas entendable ni acceptable sur un plan territorial. Au-delà
d’une erreur de jugement, cette affirmation est une forme de mépris envers les 24 autres communes et les 62 000 habitants qui participent elles aussi à la richesse de DLVA.Je tiens à réaffirmer que, ni les élus de l’Agglomération, ni moi-même n’avons remis en question la place de Manosque au sein de l’intercommunalité. Elle est la commune centre et je sais tout ce qu’elle apporte au collectif. Mais je sais aussi ce que DLVA lui rend par
ailleurs en matière d’investissement sur la commune. Sur les 3.784.980 euros qu’a apporté la ville à DLVA, entre 2013 et 2019, l’Agglomération a investi, sur cette même période,
30.272.248 euros. (voir document ci-joint)
Mais je tiens à préciser ma pensée, que je réaffirme, lorsque j’annonce que Manosque est une ville comme les autres au sein de l’Agglomération : mon rôle de Président est de traiter de manière équitable tous les 62.000 habitants de l’agglomération que ça soit les 23.000 habitants de Manosque ou encore les 96 habitants de Saint-Laurent-du-Verdon.
D’autre part, il ne faut pas oublier que si aujourd’hui Manosque porte une large partie du poids économique de DLVA, c’est aussi parce que les élus de l’Agglomération ont fait, en leur temps, le choix d’aider Manosque à se développer pour le bien d’un territoire, communautaire.
Sans l’agglomération, Manosque ne connaîtrait pas le rayonnement culturel, économique et touristique qu’elle connaît aujourd’hui. Mais aussi, bon nombre de services ne seraient pas assurés ou en projet tels que les transports, le centre aqualudique...
D’autre part, Monsieur le maire affirme que la ville de Manosque paie 70% des agents mutualisés. Cela est totalement faux.
Nous comptons 280 agents mutualisés. 98% de cette mutualisation s’est faite avec la ville centre. 210 agents sont rémunérés par l’agglomération. Nous sommes loin de ce qui est affirmé.
Comme je l’ai annoncé lors de mon élection, je ne souhaite pas qu’une forme archaïque de politique s'insère dans ce mandat. Nos concitoyens n’en veulent plus. Moi non plus. Tout le
monde doit jouer le jeu, tout le monde doit jouer collectif, il n’y a pas de cohérence territoriale sans solidarité financière et sans coopération entre les communes.
C’est dans cet esprit que s'est construite notre Agglomération, et c’est grâce à cela que DLVA a pu se développer, au profit de tous et au dépens d’aucun.
J'ose espérer pour le bon fonctionnement de notre établissement, des élus et des agents qui la composent, que Monsieur le maire de Manosque revienne à la raison et que nous
puissions continuer à travailler sereinement, sans ingérence, comme je l’ai toujours fait
depuis le début de mon mandat, pour le bien de notre territoire et de ses habitants.”
Jean-Christophe Petrigny
Président de DLVA
Le communiqué de la majorité municipale de la ville de Manosque :
Nous avons pris connaissance dans l’après-midi du communiqué de presse du président de la DLVA et nous sommes très surpris de la teneur de ce communiqué. Nous avons toujours été transparent dans nos échanges avec le Président de la DLVA. Nous ne faisons là aucune erreur de jugement, nous sommes parfaitement conscients des compétences que portent la DLVA et de son fonctionnement. La DLVA s’est administrativement construite autour de la ville de Manosque et de ses services avec toutes les charges que cela suppose pour la ville dans le cadre de la mutualisation.
Pour faire suite aux propos du Président de la DLVA concernant la mutualisation, nous faisons face à 2 incohérences majeures :
- Une problématique de répartition financière : o 22 services mutualisés qui rassemblent 553 agents o Dont 342 sont affectés à la commune soit 61,8% o Dont 211 sont affectés à la DLVA soit 38,2% Sur ces 553 agents mutualisés, c’est bien 70% de la masse salariale qui est payée par la ville de Manosque et seulement 30% supportée par la DLVA. Les chiffres parle d’eux-mêmes. Dans ce calcul, nous n’avons évidemment pas tenu compte des agents non mutualisés ce que n’a pas fait le Président de la DLVA dans les chiffes qu’il avance.
- Une problématique de sens et d’autonomie déséquilibrant le management et la gouvernance : l’ensemble du service des ressources humaines est affecté à la DLVA, tout comme la communication, le secrétariat général, les finances, l’informatique, alors même que les 3/4 de cette masse salariale est supportée par la ville de Manosque. Par ailleurs, Monsieur Petrigny précise que « sans l’agglomération, Manosque ne connaîtrait pas le rayonnement culturel, économique, touristique qu’elle connaît aujourd’hui. Mais aussi, bon nombre de services ne seraient pas assurés ou en projet tels que les transports, le centre aqualudique » Nous sommes bien conscients de ce qu’apporte la DLVA au quotidien, cependant nous tenons à rappeler sans prétention aucune que Manosque par ses atouts économiques historiques et son riche passé culturel existait avant la création de l’agglomération, qui a effectivement vocation à la bonifier. Lorsque le maire de Manosque annonce que « c’est le maire de Manosque qui signe à la fin » il est bien entendu évident que les projets portés par la DLVA sont votés à la majorité par les 60 élus communautaires. Le Président de la DLVA doit cependant entendre que les projets validés par les anciens élus communautaires en collaboration avec l’ancienne majorité municipale doivent pouvoir être débattus avec maturité et un regard neuf. Ce qui est également valable pour l’ensemble des communes doit l’être pour Manosque. Il nous semble opportun de rappeler que nous avons vocation à nous positionner sur les grands projets d’intérêts communautaires sur le territoire manosquin.
Il nous parait impensable qu’un projet structurant pour l’une des 25 villes du territoire de la DLVA puisse voir le jour sans consulter son maire et conseil municipal au préalable. Pourtant, c’est bien ce qu’il se passe actuellement pour la ville de Manosque. Nous sommes mis devant le fait accompli depuis 4 mois sans que notre avis puisse être pris en compte, pour exemple l’APD du centre aqualudique.
Monsieur Petrigny affirme également « je ne souhaite pas qu’une forme archaïque de politique s'insère dans ce mandat. Nos concitoyens n’en veulent plus. Moi non plus. Tout le monde doit jouer le jeu, tout le monde doit jouer collectif, il n’y a pas de cohérence territoriale sans solidarité financière et sans coopération entre les communes. ». Nous ne pouvons que souscrire à ces propos mais quand est-il des anciennes pratiques qui perdurent encore aujourd’hui au sein de la DLVA ? Nous sommes conscients que 25 communes composent la DLVA, il serait donc de bon ton que chaque commune puisse avoir son mot à dire sur les projets de son territoire, et non une gouvernance à quelques-uns autour d’une table. Pour exemple, le vice-président au développement économique n’a jamais sollicité le maire de Manosque et son équipe municipale en 4 mois alors même que nous avons connaissance de certains projets. Se permettant même des déclarations sur les questions d’aménagement du territoire et de PLU, qui nous le rappelons sont des compétences communales.
Enfin quand le Président de la DLVA évoque le sujet « des compétences transférées en lieu et place des communes », nous tenons à rappeler à juste titre comme il le dit si bien que l’intercommunalité est au service des 25 communes et qu’à ce titre il se doit en tant que Président de rendre compte de l’activité de son EPCI comme le précise l’article L. 5211-39 du CGCT. En effet, tous les ans avant le 30 septembre, le président de l’EPCI doit adresser au maire de chaque commune membre un rapport retraçant l’activité de l’EPCI avec le compte administratif arrêté par l’organe délibérant. Ce rapport est présenté par le maire au conseil municipal lors d'une séance publique au cours de laquelle les délégués communautaires sont entendus. Nous invitons donc le président de la DLVA à communiquer à l’ensemble des 25 communes ce rapport pour nous préciser les forces présentes au sein de l’intercommunalité, notamment ce que représente clairement la mutualisation pour la DLVA, chiffre à la clé. Aussi, il n’est pas sérieux de comparer sur la période 2013-2019 les chiffres d’investissement (30 000 000 d’euros) et l’apport de la ville à l’agglomération sans aucune explication. A titre d’information, pour rester dans les chiffres, le budget annuel de l’agglomération repose en partie sur des taxes prélevées auprès des entreprises. Rien que sur la CFE et la taxe d’ordure ménagère, Manosque contribue à hauteur de 11 000 000 d’euros par an. Ceci démontre bien l’absurdité des chiffres évoqués.
Nous invitons le Président à revenir à la raison pour le bien de notre territoire et de nos communes.
LES 23 MEMBRES DE LA MAJORITE MUNICIPALE DE LA VILLE DE MANOSQUE