Publié par Jean Eymar le mer, 20/01/2021 - 13:10

Confusion une nouvelle fois à la frontière franco-italienne le week-end dernier comme nous l'avons évoqué : Le Collectif Maraude du Briançonnais s'indigne d'avoir vu l' hélicoptère du secours en montagne déposer une famille exilée au poste de frontière de Montgenèvre au lieu de l’amener à l’hôpital. La manière dont s’est déroulé ce secours, à plus de 2000m d’altitude, d’un nourrisson de quelques jours, de son frère d’à peine un an et de leurs parents constitue selon le collectif "une nouvelle escalade du gouvernement français dans le mépris des droits fondamentaux et la mise en danger des personnes exilées". Le même jour, samedi dernier, une vingtaine dont 1 de migrants on été interpellés par la PAF dont des enfants et des personnes âgées et des exilés venus pour la plupart d'Iran ou du pakistan. C'est alors que dans le secteur du télésiège des Chalmettes à Montgenèvre, pile à la frontière, qu'un couple s'est retrouvé en difficulté avec leur leur nourrisson de 20 jours et leur autre enfant de 11 mois. C'est alors que les secouristes du PGHM les ont déposé à la Police de l'Air et des Frontières alors que, selon le collectif, ils auraient du être conduit à l'hôpital de Briançon.
Du côté des autorités et du PGHM (le Dauphiné Libéré) , on explique qu"'il ne s'agissait pas d'un secours" et que la PAF était déjà avec les migrants quant ils sont arrivés. Ils en ont en substance simplement donné un coup de main en ramenant cette famille au poste frontière. La préfecture précise que leur état de nécessitait pas de soins.
Les exilés se sont vus notifier une obligation de quitter le territoire français assorti d'une interdiction de retour en France mais ils ont refusés d'être pris en charge par les autorités italiennes. Ils sont donc hébergés provisoirement à Briançon sachant que des recours ont été déposés.
L'unité mobile de mise à l'abri a permis depuis le mois de septembre dans le Briançonnais de porter assistance à 196 personnes dont :
- au moins 12 familles
- plus d'une cinquantaine d'enfants, dont 9 bébés (un avait 12 jours) et de nombreux enfants en bas âge ;
- une dizaine de personnes âgées ;
- 4 mineurs non-accompagnés
Le communiqué du député Européeen écologiste Damien CARÊME
Le harcèlement, lors des maraudes, à la frontière avec l’Italie doit cesser !
Depuis début janvier, l’État, en plus de militariser toujours plus la frontière, harcèle aussi maraudeur.se.s, médecins et bénévoles qui tentent d’apporter le minimum d’aide et de soins aux personnes qui arrivent, chaque jour, chaque nuit, en pleine montagne, dans des conditions hivernales extrêmes.
L'eurodéputé écologiste Damien CARÊME, membre de la commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures au Parlement européen, alerte :
« Les témoignages qui affluent de Montgenèvre sont glaçants. Les équipes d’aidants, médecins et bénévoles, font face à des traitements abusifs infligés par les forces de l’ordre. Dans la nuit du 8 janvier, un maraudeur a été contrôlé quatre fois par deux équipes de gendarmes alors qu’il maraudait dans Montgenèvre. La même soirée, il a été notifié de trois amendes alors qu’il était en possession de son ordre de mission délivré par l’association Tous Migrants, et de son attestation dérogatoire de déplacement en bonne et due forme. »
« Je demande : qu’en est-il du principe de fraternité ? Depuis le début du mois de janvier, la situation ne cesse de se dégrader. Les maraudeur.se.s, qui pourtant continuent d’effectuer leur mission avec les mêmes documents que ceux utilisés depuis le début de la crise sanitaire sans qu’aucune infraction ne soit notifiée, sont désormais verbalisés. Les sanctions tombent de façon totalement aléatoire : une maraudeuse signale ainsi que parfois, l’amende arrive ‘sans même qu’un regard ait été jeté à l’ordre de mission ou à l’attestation.’ »
« Ce harcèlement doit cesser immédiatement. Ces contrôles et amendes sont abusifs. L’État doit réagir tout de suite, pour éviter un drame. Des drames. Les maraudeuses et les maraudeurs sont les gardiennes et les gardiens de la dignité. Ce sont elles, eux, qui sans relâche, jour et nuit, en toutes saisons et en toutes circonstances, assurent le ‘aller-vers ces publics vulnérables’. Un principe en apparence si cher au gouvernement et à sa ministre Emmanuelle Wargon qui n’hésitait pas à le prôner, le 17 octobre dernier lorsqu’elle détaillait les mesures relatives à la campagne hivernale 2020-2021*. Le cynisme est total. La mise en danger d’autrui évidente. Ces pratiques doivent cesser de toute urgence. »
Photo : Arrestation d'un groupe de personnes exilées par la police de l'air et des frontières, Montgenèvre, 16/01/2021 - ©Baptiste Soubra, Collectif la Faille Le communiqué
Communiqué de presse du Collectif Maraude du Briançonnais
Ramené·es à la frontière plutôt qu’à l’hôpital
Samedi 16 janvier 2021, un peu avant 16 heures, l’hélicoptère du secours en montagne a déposé une famille exilée au poste de frontière de Montgenèvre au lieu de l’amener à l’hôpital. La manière dont s’est déroulé ce secours, à plus de 2000m d’altitude, d’un nourrisson de quelques jours, de son frère d’à peine un an et de leurs parents constitue une nouvelle escalade du gouvernement français dans le mépris des droits fondamentaux et la mise en danger des personnes exilées.
Les maraudeuses et maraudeurs présent·es à Montgenèvre samedi sont resté·es stupéfait·es en voyant l’hélicoptère se poser devant le poste de la police de l’air et des frontières (PAF) et faire descendre la famille. Ce n’est pas une pratique habituelle des secours en montagne et cela constitue clairement une mise en danger de cette famille.
« Il est impossible d’estimer l’état de santé d’un nourrisson à l’intérieur d’un hélicoptère. Ils auraient dû être emmené·s à l’hôpital ! D’ailleurs ils l’auraient certainement été s’ils n’étaient pas exilé·es » - Justine Wyts, médecin généraliste bénévole maraudeuse pour Médecins du Monde, ayant assisté à la scène.
Ce samedi, cette famille et 18 autres exilé·es sont resté·es une dizaine d'heures dans les locaux de la PAF. Une fois n’est pas coutume, les services de la PAF ont, en pleine nuit, confié à l’association Tous Migrants la charge de mettre à l’abri ces 22 personnes :11 adultes dont 4 personnes âgées et 11 enfants. « Je veux les confier à votre association » a dit un policier à une bénévole de Tous Migrants en l’appelant autour de 1h du matin. C’est seulement le lendemain, dans la presse, que nous apprenons qu’avant de les relâcher, la préfecture leur à délivrer des Obligations de Quitter le Territoire Français, et des Interdictions de Retours sur le Territoire Français.
Un des bénévoles appelé par la PAF cette nuit-là, était convoqué le 18 janvier pour une audition libre au motif d'aide à l'entrée de personnes en situation irrégulière, suite à une interpellation le 11 janvier. Cette audition libre a étrangement été annulée suite aux évènements du 16 janvier.
L’État militarise la frontière, traque les exilé·es et les reconduit quasi systématiquement en Italie sans même vérifier s’ils souhaitent demander l’asile en France. Cela constitue une violation du droit d’asile, des droits fondamentaux des personnes exilées à la frontière et, comme en témoigne la multiplication des secours en montagne et des hospitalisations, poussent ces derniers à prendre de plus en plus de risques pour rentrer en France.
Au lieu d’accueillir, l’État français rejette le problème, ferme les yeux et ose réprimer les citoyennes et citoyens qui appliquent le principe de fraternité et de solidarité. Ces dernières semaines les forces de l’ordre présentes à la frontière italienne ont augmenté la répression contre les Solidaires. Les contrôles arbitraires, notifications d’amendes, auditions libres et autres pressions envers les citoyens et citoyennes qui chaque soir essaient de porter assistance aux exilé.es se sont multipliés.
« La nuit du 8 janvier 2020, j’ai été contrôlé 4 fois par deux équipes de gendarmes alors que je maraudais dans Montgenèvre. Cette même soirée, j’ai été notifié de trois amendes alors que j’étais en possession de mon ordre de mission et de mon attestation dérogatoire de déplacement délivrés par l’association Tous Migrants ». – Un maraudeur
Les maraudeurs et maraudeuses dénoncent cet harcèlement qui n’a pour but que de fragiliser les dynamiques de solidarité qu’elles et ils ont construites depuis 2015. Entre le 8 et le 13 janvier, près d’une trentaine de notifications d’amende pour non-respect du couvre-feu ont été faites à l’encontre des maraudeurs et maraudeuses. Faut-il rappeler que les maraudes citoyennes, ainsi que l’unité mobile de mise à l’abri de Tous Migrants et Médecins du Monde rentre dans le cadre des dispositifs d’aides maintenus pendant le couvre-feu ? Du moins c’est ce que confirme Emmanuelle Wargon dans le communiqué du ministère chargé du logement daté du 17 octobre 2020 : « les maraudes et équipes mobiles auront leur activité maintenue grâce aux attestations que salariés et bénévoles pourront remplir et faire valoir ». La Préfecture des Hautes-Alpes et le Procureur sont informés de ces dispositifs. Les séries de contrôles et d’amende envers les maraudeurs et maraudeuses sont donc totalement abusives et doivent cesser. La solidarité ne peut être criminalisée.
L'unité mobile de mise à l'abri a permis depuis le mois de septembre de porter assistance à 196 personnes dont :
au moins 12 familles
plus d'une cinquantaine d'enfants, dont 9 bébés (un avait 12 jours) et de nombreux enfants en bas âge ;
une dizaine de personnes âgées ;
4 mineurs non-accompagnés
Les pompiers et unités de secours n’arrivent pas toujours à temps. En militarisant la frontière et en criminalisant la solidarité, l’État se rend responsable des drames qui ont lieu aux frontières. Il n’est pas trop tard pour ouvrir les yeux. Le gouvernement français doit prendre ses responsabilités et cesser cette politique illégale, illégitime, dangereuse et barbare. Il en va de vies humaines.