Publié par Jean Eymar le mer, 10/02/2021 - 07:18

Ce lundi 1er février, comme cela arrive de temps en temps, suite à une "panne matérielle"le TER Valence-Veynes a été remplacé par un autocar, un membre du collectif de l'étoile ferroviaire de Veynes présent lors du changement de véhicule raconte comment 50 personnes ont été "entassées" dans un bus pendant 3h30 en pleine pandémie sans la distanciation sociale qui devrait être respectée imposant normalement un siège sur deux. Une situation d'autant plus préoccupante qu'un des usagers avait été testé positif à la covid-19. Suite à ce témoignage, Pascale Boyer, députée des Hautes-Alpes, vient de demander au Ministre délégué chargé des transports Jean-Baptiste Djebbari de ré-ouvrir le débat sur la substitution de train de nuit Paris-Briançon par des autocars.
Communiqué : la SNCF dit enfin clairement pourquoi elle aime les bus sur l'étoile de Veynes
50 personnes entassées dans un bus pendant 3h30 en pleine pandémie, aucun problème puisque "les règles sont respectées"
Lundi 1er février, un membre du collectif de l'étoile ferroviaire de Veynes raconte comment 50 personnes se sont retrouvées entassées dans un bus pendant 3h30 au lieu de voyager en train sur la ligne Valence-Veynes (récit complet ci-dessous).
La réaction du service communication de la SNCF Paca à ce témoignage, publiée dans le Dauphiné Libéré ce 2 février, apporte enfin une message clair aux usagers : sur les lignes des Alpes, les bus peuvent vous transporter aussi bien que des trains, puisque la SNCF se fiche de votre confort, de votre temps et de votre santé.
- "Une quarantaine de personnes est montée à bord d'un bus de 55 places". Le service communication se considère manifestement mieux informé que les témoins directs et leurs photographies. Le chauffeur a compté au départ de Valence ville, il restait 4 places. 2 personnes sont encore montées à Livron.
- "La réglementation a évolué juste avant l’été 2020. Sur les recommandations sanitaires et par décision du gouvernement, le port du masque et les gestes barrières ont remplacé le un siège sur deux. On applique les mesures imposées" : c'est vrai. Les règles ne peuvent pas tout prévoir. Mais sur un trajet aussi long, qui ne se fait normalement pas en bus, quand tous les indicateurs sanitaires sont au rouge, que la France entière retient son souffle en attente d'un nouveau confinement, qui oserait enfermer 50 personnes pendant 3h30 dans un aussi petit volume ? Ce n'est pas illégal, c'est bien pire : c'est indigne et irresponsable. S'abriter derrière le respect d'une règle assouplie en juin dernier en période de déconfinement est la réponse la plus honteuse que la SNCF pouvait faire.
Cet aveu de mépris pour les usagers, enfin clair et assumé, lève les derniers doutes sur les raisons de l'obstination de la SNCF à remplacer les trains par des bus sur l'étoile de Veynes : sur Grenoble-Veynes pour encore 2 ans, et sur Valence-Veynes pour 9 mois à partir d'avril prochain. Nos voisins suisses font tous les travaux sur les voies sans interrompre les circulations ? Ici, on met des bus. Un collectif de cheminots, syndicats et usagers fait la démonstration du contournement par Cavaillon et Pertuis pour le train de nuit Paris-Briançon ? La SNCF convainc l'Etat de le remplacer par des bus. Le Briançon-Valence du matin a un "incident matériel", provoqué une fois de plus par le matériel roulant usé jusqu'à la corde de la région PACA ? On met un bus, y compris sur la rotation de l'après-midi, qu'importe le nombre de passagers et la durée du voyage.
Le collectif de l'étoile de Veynes réclame haut et fort l'arrêt définitif de cette dérive en faveur de la route, le réexamen immédiat du contournement ferroviaire pour le Paris-Briançon, le déblocage de moyens supplémentaires pour la maintenance des rames, un plus grand nombre de rames de secours ; et lorsqu'aucune solution ferroviaire n'est possible, le dédoublement des bus chaque fois que le comptage l'exige en fonction de l'évolution réelle de la situation sanitaire.
Communiqué de presse - 1er février 2021 - Valence-Veynes (Gap-Briançon), 50 personnes entassées dans un bus pendant 3h30 en pleine pandémie.
Ce lundi 1er février, comme bien trop souvent, une "panne matériel" a entraîné le remplacement du TER par un autocar sur la ligne Valence-Veynes, en milieu de journée dans les deux sens.
Le rallongement du temps de trajet (1h20 de plus) et la perte de confort (mal de coeur assuré pour tous les passagers sensibles aux virages du col de Cabre, pas de transport de vélos, pas de toilettes pendant 3h30) devraient suffire à ne réserver le recours aux autocars qu'en cas de situation absolument exceptionnelle.
Mais la direction TER a démontré définitivement à tous ceux qui en doutaient encore, qu'elle considérait ses passagers comme du bétail.
Malgré l'information disponible sur le nombre de passagers présents (dans leur grande majorité titulaires de billets combinés avec le TGV), elle a choisi de n'affréter qu'un seul autobus. Une quarantaine de personnes embarquent à Valence-TGV à 14h40, puis une dizaine se rajoutent à Valence Ville.
"Si une règle obligeait à n'utiliser qu'un siège sur deux, on l'aurait appliquée", me rétorque l'agent présent devant le bus à qui je demande si la SNCF avait eu vent de la crise sanitaire que traverse le monde.
Pas de règle, donc pas de cerveau, pas d'intelligence, pas de bon sens : on entasse 50 personnes dans un autobus au coude à coude, pour un voyage de 3h30, en se disant que ça ira bien et qu'il n'y aura pas de contagion. Sans considération pour le volume d'air partagé 5 fois, 10 fois inférieur dans un bus de 50 places que pour le même nombre de personnes dans une rame TER de 120 places.
En arrivant à Veynes (où il reste encore une bonne trentaine de personnes) je fais part à mon voisin de ma colère d'intermittent du spectacle songeant aux concerts que l'on nous interdit depuis des mois alors que l'on espaçait les gens à 1,50m les uns des autres pendant à peine une heure en plein air ou dans des grands volumes aérés.
C'est là qu'il me confie, tout pâle, qu'il venait de se faire tester positif au covid, qu'il était obligé de rentrer chez lui, et qu'il avait fait exprès le détour depuis Grenoble pour éviter de prendre le bus (la ligne Grenoble-Veynes est à l'arrêt pour 2 ans...), comptant sur une place isolée en fond de voiture.
C'est décidé : cette histoire folle, je la raconte, et cette photo prise au départ de Valence (désolé pour la qualité ça bougeait!), je la diffuse.
Dans quelques semaines, la ligne sera fermée pour 9 mois de travaux. Dans les pays qui respectent le rail et les voyageurs, on a toujours su rénover les voies sans interrompre les circulations. Pour la SNCF, les gens peuvent bien prendre le bus, avoir le mal de mer et envie de pisser, et tant qu'on y est se contaminer au covid : ils ne sont que du bétail.
Puisse ce témoignage aider tous ceux, cheminots, syndicats, élus, usagers qui se battent pour qu'un jour la priorité soit réellement donnée au rail, pour que les moyens nécessaires soient consacrés à la maintenance du matériel et du réseau, que des rames de secours soient disponibles en permanence en cas d'avarie, et que le recours aux autobus, au lieu d'être la règle, devienne l'exception assortie d'un remboursement intégral et immédiat des titres de transport.
En attendant ce jour improbable, il aurait suffit aujourd'hui d'un second bus, direct Valence TGV-Die-Veynes tandis que le premier assurait Valence Ville, Livron, Crest et Saillans, pour assurer à la fois le minimum de sécurité sanitaire et de respect de l'horaire. Voire même, à moyens constants, d'orienter le maximum de passagers vers le TER quittant Valence TGV à 13h58 pour Grenoble, d'où partait à 16h le bus SNCF direct pour Veynes où il est arrivé à 17h40, près d'une heure avant celui dans lequel j'étais. Cela aurait supposé d'avoir accès à l'horaire de ce bus depuis Valence TGV... mais il n'existait pas sur internet, donc aucun agent, y compris au guichet, n'a réussi à le trouver... Il n'existait que dans la réalité. Je vous jure que c'est vrai, j'ai vérifié.
Au fait - les malheureux qui auraient du arriver à Briançon à 18h30 par le TER régulier, ont été invités à attendre à Veynes jusqu'à 19h40 pour avoir une correspondance pour Gap et Briançon.
Vive le train, honte aux bus !
pour le collectif de l'étoile ferroviaire de Veynes.