Publié par Laura le lun, 23/05/2022 - 08:47

Les 12 et 19 juin prochain nous allons donc élire nos députés, un scrutin majeur pour notre République avec, à ce stade, une issue encore partiellement indécise, et c'est le cas aussi dans les Alpes du Sud.
D'où cette analyse précise et renseignée collectée par Serge Moro et Jean-Claude Eyraud
Ce sont des élections qui détermineront comment nous vivrons en France les prochaines années. Vous l'aurez compris, nous avons envie, si ce n'est pas déjà le cas, de vous convaincre d’aller voter et de ne pas laisser votre avenir dans la main, dans le choix des autres !
Depuis vingt ans, les élections législatives suivent de quelques semaines la présidentielle. On en parle moins que les présidentielles, beaucoup moins. Rendez-vous compte : le premier tour, c’est dans trois semaines... Les élections législatives sont pourtant tout aussi importantes que les présidentielles.
Elles permettent à tous ceux qui veulent bien aller voter de choisir les 577 députés qui vont fabriquer la loi et soutenir – ou pas - l'action du gouvernement.
Il ne faut pas dire que voter ne sert à rien… Au contraire, il n’y a que des bonnes raisons d’aller voter...
D’abord parce que la couleur politique du gouvernement, et donc les choix d’actions de la France dépendent quasi exclusivement de l'Assemblée nationale
Le président de la République doit respecter les résultats des législatives pour composer son équipe gouvernementale et en particulier pour le choix du Premier ministre. Sinon, à chaque vote, son action est bloquée…
Depuis 2002, le choix des députés suit de près les présidentielles. Mécaniquement, le président obtient une majorité absolue. On se souvient de la vague rose après l’élection de François Hollande, et de la déferlante LaRem en 2017…
Cette année, il peut y avoir un doute sur cet effet d’entraînement : avec la particularité des dernières présidentielles et la campagne atypique de NUPES...
Réélu le 24 avril avec 58,54% face à Marine Le Pen, les candidats portés par Emmanuel Macron ne sont pourtant pas toujours favoris.
Et s’il n’obtient pas la majorité à l’Assemblée Nationale, Emmanuel Macron devra appliquer le projet d’une autre tendance.
Il peut y avoir aussi une tentative d’alliance après les élections législatives, pour installer une majorité relative, avec une cohabitation à l'intérieur des différentes forces qui soutiennent le président de la République, en particulier avec les moins rigides des LR jusqu'aux socialistes allergiques à la gauche trop radicale.
Avec ce type de majorité, l’assemblée retrouve son rôle, avec un débat démocratique remis au goût du jour.
A l'inverse, si Macron l’emporte seul en juin avec Renaissance, après son élection à la Présidence, il sera habilité à dire que les Français ont accepté sans réserve son programme. Plus aucun procès en illégitimité ne peut lui être fait comme au lendemain du premier tour, notamment à gauche.
Alors, le suspense repose en fait sur le succès éventuel de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale, l'alliance arrachée, à force de discussions et de concessions, des formations de gauche.
On retrouve dans ce nouveau bloc La France insoumise (LFI), portée par les 22% de Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle, Europe Ecologie-Les Verts (EELV), le Parti socialiste (PS) et le Parti communiste français (PCF).
Et dans une approche très « marketing », qui semble prendre dans l’opinion, Jean-Luc Mélenchon a demandé aux Français de "l'élire Premier ministre", dans un amalgame improbable entre l'élection des députés et la désignation du patron de Matignon.
Par-delà cet objectif assez utopique, sa volonté plus réaliste est de s'installer comme la première force d'opposition. S’il obtient 150 députés, soit plus d'un quart des députés, Melenchon pèsera lourd !
Et Marine Le Pen dans tout ça ? Elle veut empêcher le président de faire ce qu'il veut... Après s’être une nouvelle fois qualifiée pour le second tour de la présidentielle, elle a encore échoué. Et elle aborde les élections législatives sans afficher l'ambition de gagner. Elle souhaite plutôt disposer d'une minorité de blocage.
Il faut dire que le RN souffre d’une faiblesse structurelle, et souvent les candidats sont des inconnus de la vie politique locale. Les électeurs sont souvent tentés de porter leur vote sur d’autres candidats, ceux qu’ils connaissent déjà, parce qu’ils vivent près d’eux.
On peut vraiment penser que celle qui a été au 2ème tour des présidentielles va avoir une très faible représentation de députés à la future Assemblée.
Il reste le cas d'Eric Zemmour et de son mouvement Reconquête.
Le parti d'extrême droite Reconquête va tenter d’avoir pour la première fois des députés. Ce sera très difficile à la vue du faible nombre de candidats connus pour cette élection, et à l’analyse de leur ancrage local.
Les jeux sont ouverts...
Par-delà les couleurs politiques, il y un enjeu moins connu pour les partis lors de ces législatives : l'enjeu financier. Et il est énorme ...
C'est une élection capitale pour les partis, pas seulement pour leur place dans l'hémicycle, mais aussi pour leur trésorerie.
Vous devez le savoir, un seul député "rapporte" à son parti 37 400 euros par an.
Un simple groupe de 20 députés permet à un parti de percevoir 3,7 millions d'euros sur l'ensemble du quinquennat. Mais surtout, en décrochant au moins 1% des suffrages exprimés dans au moins 50 circonscriptions au premier tour, les partis reçoivent 1,64 euro par voix et par an.
Prenons l’exemple de La France insoumise : avec environ 2,5 millions de voix aux dernières législatives, elle a pu compter sur une dotation de 20,5 millions d'euros de 2017 à 2022.
C’est pour cela que vous voyez sur les circonscriptions des Hautes-Alpes des candidats venus d’ailleurs, comme ceux de Lutte Ouvrière ou de Reconquête, et qui ne mettront ni avant, ni après, les pieds dans notre département.
Ces dotations financières sont essentielles pour les partis. Et on sait que certains sont en grande difficultés après les présidentielles ou leur candidat n’a pas atteint les 5% synonymes de remboursement. On pense à Anne Hidalgo et Valérie Pecresse en particulier.
Posons-nous maintenant la question de l’abstention ?
Traditionnellement, l'abstention est plus forte lors des élections législatives que pour la présidentielle qui se déroule juste avant. En 2017, plus d'un électeur sur deux s’était abstenu au premier tour.
Cette abstention joue un rôle important pour le second tour pour lequel trois candidats, ou plus, peuvent accéder. Un candidat doit totaliser plus de 12,5% des voix des électeurs inscrits. Avec une abstention à 50%, il faut dépasser les 25% des voix exprimées pour être au second tour. Ce seuil rend quasiment impossible les triangulaires.
Les listes de candidats dans les circonscriptions des Alpes du Sud
1ère circonscription 05
Véronique Buisson (Lutte Ouvrière)
Michel Philippo (Nupes)
Fabienne Pratali (Animaliste)
Christine Gamerre (Le Trèfle)
Roland Scaramozzino (Écologie au centre)
Lise Recotillet (Régionaliste)
Pascale Boyer (Ensemble)
Kévin Para (Les Républicains)
Camille Herbaut (Debout la France)
Patricia Hours (Reconquête)
Eric Sarlin (Rassemblement National
2ème circonscription 05
Boris Guignard (Lutte Ouvrière)
Capucine Mounal (NUPES)
Rémi Roux (sans étiquette)
Yann Passereau (Animaliste)
Joël Giraud (Ensemble)
Carole Chauvet (Les Républicains)
Sandrine Bessonnier (Les Patriotes)
Margot Pelissier (Reconquête)
Louis Albrand (Rassemblement National)
2ème circonscription 04
Dans cette deuxième circonscription (Manosque-Sisteron-Forcalquier-Ubaye),
13 candidats se présentent. Christophe Castaner, député sortant, se présente à
sa succession sous l'étiquette de la majorité présidentielle.
Hervé Guerrera (Oui la Provence)
Marie Ferreira (sans étiquette)
Clémence Razeau (Divers droite)
Myriam Cadenel (Reconquête)
Nathalie Hue-Courtin (Ecologie au centre)
Frédéric Kechra (Lutte Ouvrière)
Danièle Daux
Aurélie Abeille (Rassemblement National)
Laurent Vicente7
Jean-Luc Soler
Christophe Castaner (Ensemble)
Léo Walter (NUPES)
Thierry Begnis (Animaliste)