Niveau de Serre-Ponçon : "On est tous dans le même bateau" reste à savoir s'il va pouvoir naviguer

 

Le bon côté c'est que toute le monde est réuni pour anticiper la crise qui s'annonce cet été autour du lac de Serre-Ponçon et de Sainte-Croix: L’État, les 2 départements, la CCI, la Région...

 

Le moins bon, c'est que chacun est conscient que cela va être très très difficile...tout en essayant de positiver devant la photo du lac aujourd'hui qui ne sera pas celle du 15 août !

 

Une gestion de crise mais en essayant de ne pas trop  le dire ...compliqué. D'autant qu'il faut être transparent pour éviter le "bad buzz" que serait celui de la déception des touristes découvrant sans en être avertis un lac pas sous sa plus belle apparence.

D'autant aussi que les socio-pro sont bien en place et imaginatifs pour gérer au mieux la situation et qu'à ce stade les activités nautiques se poursuivent sans difficultés majeures.

 

Très prudent EDF se contente d'annoncer -9m au 1er juillet  et - 13 au 14 juillet s'en remettant "au contexte" pour la suite.

 

Et ce ne sont pas de simples orages comme on vient de les connaître qui vont changer la donne: leur apport est de l'ordre du centimètre nous a expliqué le responsable d'EDF .... )

 

Alors des mesures s'organisent à court terme avec l'utilisation d'une partie des 5 millions d'euros du fond régional pour les entreprises qui seraient en difficulté dont la prise en charge des loyers d'occupation des rives mais aussi des aménagements de circonstance et d'urgence (pontons, graviers) ou encore la gestion de semaine en semaine des baignades surveillées ou non sachant qu'on semble souhaiter éviter des mesures de baignades interdites c'est à dire de plages vraiment fermées.

 

La réflexion s'engage aussi sur le moyen terme ( plages aménagées plus grandes, pontons adaptés...) ce qui n'enlève pas à la question du manque d'anticipation...qui doit prendre en compte aussi la diversification de l'offre estivale du territoire de Serre-Ponçon dont on parle depuis des années ( sentiers, pistes cyclables) mais qui est restée un vœux pieux jusque là... A toute chose malheur est bon, ces dossiers devraient à présent enfin avancer... 

L'enjeu est de taille; En effet dans cette affaire, et contrairement à l'impression donnée,  il n' y a pas que l'impact sur les activités aquatiques ou de plages qui est à craindre: C'est un enjeu pour un large espace touristique de Gap à Guillestre, d'Embrun à Barcelonnette avec des séjours qui intègrent le passage obligé des perspectives sur les eaux émeraudes de Serre-Ponçon. Les conséquences sur la fréquentation en dehors des rives du lac seront-elles prises en compte dans les aides envisagées? Reste aussi la crainte de conséquences négatives sur les saisons suivantes...

 

Il en va de même pour la mise en œuvre d'un arrosage plus économe en eau en Provence, vaste chantier d'autant que le monde agricole ne se gène pas à rappeler en substance que nourrir les gens est plus important que de faire du bateau...

 

Il devrait en aller de même du cadre légal au sujet de la loi d'origine qui contraint les montagnards à s'en remettre au bon vouloir EDF sachant que le sujet de l'opérateur qui prendra le relais en 2051 se pose :

 

Nul ne peut dire s'il aura envie de prendre en compte l'activité touristique puisque la loi ne l'y contraint pas... Par anticipation, le département des Hautes-Alpes envisage d'ailleurs de prendre la gestion de la retenue en concession aux côtés d'EDF.

 

Inscrire la vocation touristique du lac dans la loi devrait devenir une priorité pour l'économie mais aussi pour les autres conséquences comme les vents de sable autour d'Embrun.

 

En attendant, une nouvelle convention a été signée avec EDF le 25 juin... simplement pour les deux ans à venir....par précuation...

 

L'entreprise s'engage "à participer" aux financements des équipements mais aurait aussi revu ses engagements de remplissage à la baisse 

C'est en 2008 que l'objectif moyen estival de 775 m a été mis au point puis a fait l'objet d'une convention spécifique en 2015 qui prévoyait toujours une côte moyenne estivale supérieure à 775 m "hors année particulièrement sèche dont l’occurrence est estimée à une fois tous les 10 ans".

A cela s'était greffé à notre connaissance en 2015, l'objectif d' être à la côte maximale soit 780 au 1er juillet, l'essentiel étant bien entendu la moyenne sur l'été.

La convention signée avec EDF le 25 juin cette année prévoit que dans l'avenir l'occurence de ne pas pouvoir tenir la côte moyenne de 780 serait de 2 fois tout les 10 ans plutôt qu'une. Elle vise à anticiper en prévoyant un plan d'investissement sur 10 ans d'un montant de 10 à 20 millions d'euros auquel participera EDF.

 

 

 

 

Dans le détail :

"Le S.M.A.DE.SE.P. et EDF Hydro Méditerranée ont signé une convention dite de « compatibilité touristique » le 01 Juillet 2015 par laquelle EDF Hydro Méditerranée s’engage à intégrer dans la
gestion multiusage de la ressource en eau de l’aménagement de la Durance placée sous sa responsabilité, un objectif de moyen visant à atteindre une côte estivale supérieure à 775 m
NGF. Si la communauté scientifique établit aujourd’hui que le territoire peut être soumis, toules 10 ans en moyenne, à une sécheresse exceptionnelle ne permettant pas de répondre
pleinement à cet objectif, elle évalue à partir de l’étude R2D2 que cette occurrence pourrait progressivement être doublée"


"Le développement résilient du lac de Serre-Ponçon ne remet pas en cause les principes de gestion et la côte de compatibilité touristique de 775m établie par cette
convention. Il vise à anticiper une occurrence d’années particulièrement sèches plus fréquentes. Aussi, la première étape de la présente démarche consiste à définir, en
étroite concertation avec les collectivités de Serre-Ponçon, une programmation suffisamment qualitative et ambitieuse pour répondre à l’hypothèse d’une année
difficile deux fois tous les 10 ans.
Le développement

 

Pour mémoire

 

Le barrage est déclaré d'utilité publique par une loi du 5 janvier 1955 , dans le cadre de l'aménagement de la Durance. Les aménagements de la Durance, dont le barrage de Serre-Ponçon, sont concédés à EDF par un décret du 28 septembre 1959.

      Le communiqué de Renaud Muselier et de la Région Sud       Notre région se prépare à l’année la plus sèche de son histoire : un hiver qui a enregistré un déficit d’enneigement de 70 %, un printemps à la pluviométrie limitée, des épisodes caniculaires dès le mois
de juin. Ces événements ont pour conséquence un niveau de réserves historiquement bas pour le lac
de Serre-Ponçon.
Plus grand barrage en terre d’Europe et plus grand lac artificiel de France, le poumon touristique estival de nos Alpes est en danger.
Cette situation menace une partie des activités de nautisme et de loisirs (9 plages, 7 écoles de voile, 15 bases nautiques, 12 ports, 1 100 anneaux), mais aussi les activités agricoles, comme l’usage de la
ressource en eau par nos concitoyens tout au long de l’été.
La situation est prise au sérieux depuis ce printemps, de nos agriculteurs qui dépendent de cette réserve d’or bleu pour leur production, jusqu’à la production énergétique, tous rationalisent son
utilisation au quotidien.
« Face à cette situation, j’ai décidé d’activer immédiatement le Fonds Régional d’Adaptation au Réchauffement Climatique que nous avons adopté le 24 juin dernier. Dès demain, nous mettons en
place une veille quotidienne de la situation, pour ajuster nos investissements, sur la base de l’évaluation financière des impacts de cette saison.

  Doté de 5 millions d’€ par an, ce fonds unique en France nous permet, par des investissements importants, d’adapter nos installations aux nouveaux enjeux du dérèglement.
La solidarité aval-amont, qui fait la fierté de notre territoire est déjà à l’œuvre et la Région Sud y prendra toute sa part. Durant l’été, avec le soutien de Chantal EYMEOUD et de François de CANSON,
tout sera mis en œuvre pour construire l’avenir du site et de l’ensemble des activités en lien avec les
ressources du Lac.
Nous restons également attentifs plus largement à la situation des affluents de la Durance, du Verdonet de ses retenues. A la demande de la Région, la Société du Canal de Provence (SCP), notre délégataire,
prépare un protocole de mesures permettant de limiter les prélèvements dans les lacs du Verdon en  mobilisant des réserves complémentaires.
Dans le cadre de ses compétences, la Région apporte immédiatement des réponses face à cette manifestation très claire de la crise climatique en région Sud » a déclaré Renaud MUSELIER, Président
de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, Président délégué de Régions de France.
   

Retour il y a 15 jours

La question qui vise à savoir si la saison estivale à Serre-Ponçon va être catastrophique ne se pose plus. Au bord du plus grand lac artificiel d'Europe les sociaux professionnels en ont pris leur parti : ils vont vivre l'une des saisons les plus difficiles depuis la création du lac il y a 62 ans, une situation peut être encore pire que ce que l'on avait connu en 1989 ou en 2005.

Aujourd'hui le lac est à - 7 mètres par rapport à la côte de référence de 780, mais faute de précipitations, il continue à baisser chaque jour.

 

 

Autant dire que le 1er juillet, date à laquelle il doit être théoriquement plein, le lac sera à - 8 ou -9 mètres. 

S'il ne pleut pas beaucoup d'ici là ce sera alors le début d'une descente aux enfers, avec une perspective de voir le lac mi-août à -18 ou -20 mètres, c'est-à-dire quasiment inexploitable.

 

Alors sur les rives du lac, on reste philosophe avec d'ores et déjà des décisions conséquentes comme la non-embauche de beaucoup de saisonniers.

On n'en veut pas trop à EDF qui a, semble-t-il fait au mieux et qui évidemment n'y peut rien s'il n'a pas neigé cet hiver.

 

On entend pour autant certains se reposer la question de la bonne utilisation et la maîtrise de l'eau par les irrigants de la Provence, mais c'est surtout sur l'absence d'anticipation que les commerçants se font critiques :

Pourquoi ne pas avoir emménagé des plages en gravier comme à la Baie st Michel plus bas? Pourquoi les idées lancées il y a bientôt 20 ans comme les pistes cyclables, les chemins, les sentiers,... pour sécuriser l'offre n'ont-t-ils pas été créées ? Pourquoi les toilettes sont-elles toujours insuffisantes dans des secteurs qui accueillent jusqu'à 3000 personnes ? 

 

Alors cet été s'annonce comme une véritable peau de chagrin avec la perspective à présent de voir des plages fermées comme Chanterenne à Crots ou celle de  Saint-Vincent-les-Forts. A Rousset (bois-vieux, le professionnels vous accueillent avec le sourire, il n'y a simplement pas les piscines flottantes qui ne peuvent être amarrées.

 

Elles devraient même tout simplement pas ouvrir et pour cause :  les vacanciers vont se retrouver dans quelques jours les pieds dans la vase.

Mais cela n'enlève rien à la détermination des professionnels d'en découdre avec la saison et d'offrir des vacances réussies dans les Alpes du Sud.

On retrouve au bord de l'eau Jean-Marc Passeron avecEric Giliotos, il connaît le sujet par cœur ... voilà 21 ans qu'il travaille au bord du lac de Serre Ponçon.

peau de chagrin