Serre-Ponçon : EDF revoit son engagement de remplissage à la baisse: 8 années sur 10

Une peau de chagrin...

Le scénario pressenti dès le mois de mai par les acteurs de la retenue de Serre-Ponçon se confirme. Faute de vraie pluie (les orages n'ont fait gagné qu'1cm!) ; le lac va baisses inexorablement tout au long de l'été sachant qu'il est à présent à - 10 m de sa côte optimale.

Le résultat c'est déjà évidement une apparence moins attractive et loin de l'image paradisiaque habituelle mais aussi des décisions concrètes prises par les autorités :

Face aux risques d’enlisements et de noyades (profondeur importante à l’entrée dans l’eau), mais aussi en raison de la turbidité de l’eau empêchant une surveillance optimale, 3 plages sont
interdites à la baignade (en conséquence, elles ne seront pas surveillées). Il s’agit des plages  de Bois vieux à Rousset, de la Baie Saint-Michel à Chorges et de Chanterenne à Crots

Pour autant la baignade est autorisée et surveillée à ce stade sur 5 plages : La plage du Fein / Lautaret d’Ubaye Serre-Ponçon (Saint-Vincent-les-Forts), la plage de la Combette à Savines-le-Lac, Savin'Plage à Savines-le-Lac , Port Saint-Pierre au Sauze-du-Lac (05)
et celle de Trémouilles Chanteloube à Chorges. Sur ces cinq sites, les zones de baignade surveillée ont été agrandies et les équipes de sauveteurs des sapeurs-pompiers renforcées.
A cela s'ajoute évidement le plan d'eau d'Embrun.

Il est aussi utile de noter que les activités nautiques sont maintenues grâce aux efforts des professionnels et vous pouvez continuer à vous "éclater " sur le lac sachant que quand on est sur l'eau la différence avec une année normale n'est pas si importante hormis la queue de retenue.

Pour autant de semaine en semaine , il y a fort à craindre que les autorités soient contraintes de durcir les mesures et restreindre encore l'activité.

Alors bien entendu, des aides d’urgence sont prévues notamment via la Région Sud mais aussi par l’acheminement de matériel.

Mais l'enjeu n'est déjà plus la saison mais la suite ce qui fait dire à certains acteurs que la diversification et les aménagements qu’ils demandent depuis des années vont enfin pouvoir se faire (aménagement de plages, sentiers, voie cyclable...). A toute chose malheur est bon...

N'oublions pas que contrairement à l'impression qu'on peut avoir au premier abord, ce ne sont pas que les activités nautiques qui sont concernées mais peut-être jusqu'à 50% de l'économie estivale des Alpes du Sud Les conséquences sur la fréquentation en dehors des rives du lac seront-elles d'ailleurs prises en compte dans les aides envisagées? et puis il y a aussi la crainte de conséquences négatives sur les saisons suivantes...

                                                                                                          

                                                                                                                        La loi fondatrice de 1955 à revoir ?

 

Alors un chantier lourd et essentiel va devoir être mis en œuvre avec au cœur du sujet la gestion de l'eau et le juste équilibre entre le monde agricole qui utilise l'eau puisque la loi de 1955 ci dessous indique que le barrage et fait pour maîtriser la Durance, l'arrosage en Provence et la production hydroélectrique...

La question de revoir cette loi de 1955 se pose donc pour y intégrer la vocation touristique du lac car après tout est-il vraiment normal qu'un territoire qui cumule beaucoup de difficultés donne gratuitement sa principale richesse?

On avait même vu à une époque "notre" eau vendue et transportée par container à Barcelone...

Ce cadre légal doit forcément être revu puisque cette loi d'origine contraint les montagnards à s'en remettre au bon vouloir EDF. Mais qu'en sera t'il après 2051 lorsqu’un nouveau concessionnaire sera choisi? aura t-il la me bonne volonté sachant que la loi à ce stade ne le contraint pas à prendre en compte l'activité touristique d'une poignée de montagnards face aux enjeux énergétiques, agricoles et urbains?  Par anticipation, le département des Hautes-Alpes envisage d'ailleurs de prendre la gestion de la retenue en concession aux côtés d'EDF.

Inscrire la vocation touristique du lac dans la loi devrait devenir une priorité pour l'économie mais aussi pour les autres conséquences comme les vents de sable autour d'Embrun.

 

Parmi les autres enjeux et questions, comment amener les arrosants de Provence à mettre en place un arrosage plus économe en eau , vaste chantier d'autant que le monde agricole ne se gène pas à rappeler en substance que nourrir les gens est plus important que de faire du bateau...

                                                                                                  Une nouvelle convention signée avec EDF pour 2 ans : elle prévoit 2 années difficiles tous les 10 ans

 

En attendant, une nouvelle convention a été signée avec EDF le 25 juin... simplement pour les deux ans à venir....par précaution...

L'entreprise s'engage "à participer" aux financements des équipements mais EDF a aussi revu ses engagements de remplissage à la baisse .

C'est en 2008 que l'objectif moyen estival de 775 m a été mis au point puis a fait l'objet d'une convention spécifique en 2015 qui prévoyait toujours une côte moyenne estivale supérieure à 775 m "hors année particulièrement sèche dont l’occurrence est estimée à une fois tous les 10 ans". A cela s'était greffé à notre connaissance en 2015, l'objectif d'être à la côte maximale soit 780 au 1er juillet, l'essentiel étant bien entendu la moyenne sur l'été.

La convention signée avec EDF le 25 juin cette année prévoit que dans l'avenir l'occurrence de ne pas pouvoir tenir la côte moyenne de 775 serait de 2 fois tout les 10 ans plutôt qu'une. Elle vise à anticiper en prévoyant un plan d'investissement sur 10 ans d'un montant de 10 à 20 millions d'euros auquel participera EDF.

 

Le titre "l'eau vive" de Jean Giono  pour raconter l'histoire du barrage parait décidément bien inspiré...

Jean-Marc Passeron

 

 

Dans le détail :

"Le S.M.A.DE.SE.P. et EDF Hydro Méditerranée ont signé une convention dite de « compatibilité touristique » le 01 Juillet 2015 par laquelle EDF Hydro Méditerranée s’engage à intégrer dans la
gestion multiusage de la ressource en eau de l’aménagement de la Durance placée sous sa responsabilité, un objectif de moyen visant à atteindre une côte estivale supérieure à 775 m
NGF. Si la communauté scientifique établit aujourd’hui que le territoire peut être soumis, tous lles 10 ans en moyenne, à une sécheresse exceptionnelle ne permettant pas de répondre
pleinement à cet objectif, elle évalue à partir de l’étude R2D2 que cette occurrence pourrait progressivement être doublée"


"Le développement résilient du lac de Serre-Ponçon ne remet pas en cause les principes de gestion et la côte de compatibilité touristique de 775m établie par cette
convention. Il vise à anticiper une occurrence d’années particulièrement sèches plus fréquentes. Aussi, la première étape de la présente démarche consiste à définir, en
étroite concertation avec les collectivités de Serre-Ponçon, une programmation suffisamment qualitative et ambitieuse pour répondre à l’hypothèse d’une année
difficile deux fois tous les 10 ans.

 

 

Entretien avec Renaud Muselier

Tout le monde connaît le contexte avec la saison très difficile qui s’annonce pour l’ensemble de l’économie autour du lac de Serre-Ponçon et du lac de Sainte-Croix dans le Verdon.
Alors nous avons fait le point avec le président de la Région Sud, Renaud Muselier. Outre le déblocage de fonds en urgence pour cet été, il évoque au micro de Jean-Marc Passeron l'avenir et les questions de fond qu’il va falloir régler.

 
peau de chagrin