Retour en image et vidéo sur la visite d'Emmanuel Macron hier dans les Hautes-Alpes

 

C’était une visite que l’on pouvait qualifier "d’historique" au sens régional du terme tant les visites officielles de Président de la République ont été extrêmement rares dans l’histoire d’Hautes-Alpes. Que l’on soit pour ou contre la politique gouvernement, et bien entendu la réforme des retraites…c'est un fait et autant se satisfaire que, pendant toute la mi-journée, les Français aient entendu parler du département des Hautes-Alpes et du lac de Serre-Ponçon qui, pour autant ne s’est pas montré sur son plus beau visage ce qui est bien normal à cette époque de l'année puisqu’il est partiellement vide comme c’est le cas chaque mois de février et mars. On peut même se demander si ce n'est pas négatif de montrer le lac ainsi alors qu'il devrait être plein cet été au regard du manteau neigeux sous réserve de pluies de printemps normales. Reste, on le sait, que le souci existe sur le long terme, puisque même EDF considère qu’il y a un risque de ne pas pouvoir tenir le lac plein 2 années sur 10 au regard de la forte demande en aval.
 

La visite officielle du Président, la république s’est déroulée pour autant comme prévu. Il a rejoint le pôle du XXe à Savines le lac, après s’être posé à Orange, puis avoir rejoint les Hautes-Alpes en hélicoptère à Embrun d'où il est reparti vers 15h30.
Il a ainsi rejoint Savines à midi où les élus et les acteurs du territoire ainsi que des experts faisaient le point sur la sécheresse dans la région et sur les conséquences du réchauffement climatique.

Avant cela Emmanuel Macron a pris quelques minutes pour aller au bord du lac en compagnie des élus majeurs du territoire dont le président de la région Renaud Muselier ou encore le député Joël Giraud nouvellement nommé "Monsieur montagne du gouvernement ", en charge de travailler sur la montagne de demain.

Et même du bord du lac, on entendait les cris, les sifflets et les slogans "Macron démission " ou "Macron à l'eau" lancés par les manifestants présents depuis 10 heures le matin dans le centre-ville de Savines le lac, ce qui n’a pas été sans poser quelques problèmes de circulation. Devant les micros et sur les rives du lac, Le Président a finalement balayé d’un revers de main ce "comité d'accueil" insistant volontairement sur le fait qu’il n’y avait qu' à peu près 200 manifestants … "Il y a 200 manifestants aujourd'hui, est-ce que la République doit s'arrêter ?"

On a pour autant assisté à des tensions inhabituelles dans notre département avec deux personnes interpellées avant l’arrivée du président et la sortie des gaz lacrymogènes...Un jeune homme a été interpellé et placé en garde à vue pour outrage et rébellion et un peu plus tard, un homme plus âgé a été emmené et menotté par les forces de l’ordre, apparemment blessé au front. Les choses se sont ensuite calmées.Une enquête pour "violences volontaires aggravées sur personne dépositaire de l'autorité publique" a été ouverte. Aucune décision n'a encore été prise par le parquet.

Puis ce fut le temps des interventions dans une salle où ne se trouvaient que 200 invités triés sur le volet en l'absence surprenante du maire de Gap..

Parmi elles, le sénateur Jean-Michel Arnaud ou Joël Bonnafoux qui ont pu interpeller le Président sur le sujet délicat de la compétence eau ou celle du Président de Région, Renaud Muselier, qui a rappelé tous les efforts de la région Sud sur le sujet de l'eau indiquant que la bataille de l'eau n'aurait pas lieu en Provence. Des assises de l'eau vont d'ailleurs se tenir en juin.

Et enfin ce fut le discours d’Emmanuel Macron (à retrouver ci-dessous) avec ces mots en conclusion en s'adressant au maire de Savines le Lac «  « Monsieur le maire, je voulais vous remercier, vous et les habitants plus anciens. Je ne sous-estime pas ce qu’ils ont dû faire. Il faut savoir reconnaître l’effort de chacun pour nous permettre d’avoir de l’eau aujourd’hui. Ceux qui expliquent à la Nation qu’il ne faut rien faire, ce sont les mêmes qui auraient dit non pour Serre-Ponçon. Merci de cette leçon donnée par votre commune ». Victor Berenguel a remis dans la foulée la médaille d’honneur de la ville avant un déjeuner discret avec les élus majeurs.

C’est finalement, au bout du compte, dans une ambiance de camp retranché avec un dispositif policier impressionnant que le Président a présenté ce "plan eau" du gouvernement, dont vous retrouvez les détails par ailleurs et que l'on peut résumer par "On aura moins d'eau et donc on payera plus cher" ce qui n'est pas un scoop.

Pas de bain de foule, contrairement à son habitude  et des organes de presse "verrouillés" par un dispositif empêchant tout mouvement (même de sortir !), tout contact ou images, si ce n'est celles du pool officiel... On aurait pour autant bien voulu aborder bien d'autres sujets locaux avec le Président...

 

Voilà pour cette visite.

On aurait préféré évidemment une toute autre ambiance et une autre organisation, pour ce qui constituait le premier déplacement du chef de l’État depuis le déclenchement du 49.3 concernant la réforme des retraites et la crise sociale qui a suivi .

On aurait préféré une toute autre ambiance et une autre organisation pour une l'une des rares visites politiques d’importance qu'ait connu le département des Hautes-Alpes...

 

Les annonces d’Emmanuel Macron sur l'eau

Lire par exemple ICI

https://www.liberation.fr/environnement/sobriete-tarification-fuites-ce-quil-faut-retenir-des-annonces-demmanuel-macron-sur-son-plan-eau-20230330_NGXCAD3F6VHEDMBIBJCYZTETQU/

 

Emmanuel Macron veut "repenser la tarification de l'eau" pour aller vers une "tarification progressive généralisée" en France. "Les premiers mètres cubes sont facturés à un prix modeste, proche du prix coûtant" et "ensuite au-delà d'un certain niveau, le prix du mètre cube sera plus élevé", a-t-il expliqué.

Sur le sujet épineux des stockages artificiels d'eau pour les agriculteurs, le président a défendu l'utilité de ces ouvrages, du type de celui de Sainte-Soline (Deux-Sèvres) où des affrontements très violents ont eu lieu samedi. Ces retenues ou bassines pompent durant l'hiver l'eau des nappes phréatiques afin que les agriculteurs puissent arroser leurs cultures l'été.

Mais il a proposé que les prochaines retenues prennent mieux en compte la raréfaction de l'eau liée au changement climatique, et qu'elles soient conditionnées à des "changements de pratiques significatifs", à commencer par des économies d'eau et une réduction de l'usage des pesticides par les agriculteurs.

"Il ne s'agit pas de privatiser l'eau. Ou de permettre à certains de se l'accaparer", a-t-il déclaré, en répétant que l'eau était "indispensable à notre souveraineté alimentaire".

Lors de sa présentation, Emmanuel Macron a également annoncé son objectif d'ici 2030 de réaliser "10% d'économie d'eau dans tous les secteurs". Une promesse un peu en-deça de celle faite lors des assises de l'eau en 2019 où il avait promis une diminution des prélèvements dans les milieux, les nappes, les lacs, les rivières de 10% d'ici 2025 et de 25% d'ici 2035, soit plus de 3 puis 8 milliards de mètres cubes d'eau douce d'économies à trouver.

Le gouvernement annonce également que la France va devoir "réadapter son modèle agricole" car les "sols changent" en raison du changement climatique. "Est-ce que les filières d'aujourd'hui sont encore adaptées au climat de demain", a-t-il lancé avant d'affirmer qu'il "est évident qu'on aura des territoires qu'il va falloir rapprocher vers d'autres schémas de cultures et d'autres schémas agricoles, qu'on a des productions agricoles qu'on connaît dans certains territoires qui vont sans doute migrer vers d'autres territoires qui ne les pratiquent pas aujourd'hui et qu'il va falloir réinventer".

Autre grand enjeu de ce plan : la réutilisation des eaux usées. "Notre ambition est désormais de 1% de l'eau usée retraitée et utilisée à 10% d'ici à 2030", a annoncé Emmanuel Macron. "Pour ça, nous avons décidé de lancer 1000 projets en cinq ans" pour rattraper le retard de la France dans ce domaine.

Le chef de l'État veut ainsi lever les "verrous" qui peuvent être administratifs et qui bloquent certains projets avec un objectif : réutiliser "300 millions de m3 soit trois piscines olympiques par commune ou 3500 bouteilles d'eau par Français et par an".

Comme attendu, le président annonce également un important investissement pour lutter contre les fuites d'eau en France, qui atteignent un litre sur cinq en France et peuvent atteindre un litre de perdu pour un litre consommé dans certaines communes. Une situation "inacceptable" pour Emmanuel Macron.

"Ces 180 millions supplémentaires" dans les "170 points noirs" en France vont permettre de mettre en place les travaux nécessaires pour diminuer le gaspillage, a expliqué le président.

premier axe évoqué par Emmanuel Macron : la préparation de l'été à venir après celui de 2022 touché par une sécheresse historique. Il rappelle qu'une quinzaine de département sont déjà en vigilance et une dizaine "en alerte ou alerte renforcée dans certaines zones".

"Mais il faut aller beaucoup plus loin", indique Emmanuel Macron qui explique que le gouvernement va "mettre en place en Ecowatt de l'eau pour responsabiliser chacun" avec un outil qui "sera disponible dès le début de l'été" pour que tout le monde puisse connaître "les gestes à adapter" en "fonction de la situation". Un indicateur qui sera créé sur le modèle de ce qui a été mis en place sur l'énergie cet hiver.

Le chef de l'État annonce également qu'un "plan de sobriété sur l'eau" va être mis en place pour chaque secteur, comme précédemment sur l'énergie, comme le tourisme, l'industrie ou encore l'agriculture.

"Cette politique française a été particulièrement adaptée pour faire face à tous les défis environnementaux autour de l'eau qui se posaient à l'époque", a encore souligné le chef de l'État, rappelant que le "défi qui est le nôtre" a changé avec l'enjeu

 

On aurait préféré une toute autre ambiance...