Publié par Jean Eymar le lun, 31/07/2023 - 06:10

Edito
Les Alpes du Sud, au sens des Hautes-Alpes et des Alpes de Haute-Provence, s’étaient habituées ces dernières années à des saisons estivales très réussies pour le plus grand bonheur de leur économie si dépendante de la fréquentation touristique
Malgré l'incident, ponctuel, du non remplissage de la retenue de Serre-Ponçon lors de l'été 2022, les acteurs se posaient des problèmes de riches:
- Comment résoudre le problème de la sur fréquentation de la Montagne l'été?
- Comment avoir plus de monde en début et fin de saison?
- Comment gérer l'afflux massif de la clientèle du sud qui aller remonter en masse dans les montagnes pour fuir la canicule?
Las, cette saison estivale nous rappelle à l'humilité et aux fondamentaux...
La fréquentation est en net recul et on peut parler pour simplifier d'un mois de juin très mauvais et d'un mois de juillet mauvais tout court.
Tous les chiffres circulent : -13% en juillet dans les Hautes-Alpes, -19% en juillet en Ubaye, mais ils cachent de grandes disparités.
Ainsi les refuges font le plein d'une manière surprenante y compris pour leurs responsables. Certains spots s'en sortent bien comme la Baie-Saint-Michel au bord du lac de Serre-Ponçon mais avec beaucoup beaucoup de clientèle locale.
Ailleurs, c'est une impression déroutante de début de saison qui prédomine. Des villages touristiques vide le soir, des prestataires d'activités perplexes, des hébergements à - 40% en juin et -20 voire -30% en juillet...
Parmi les explications qui se complètent les unes et les autres, la volonté des français après le Covid d'aller faire un tour à l'étranger et on a assisté en effet cet été à une explosion de ces destinations.
Autre motivation de cette chute libre, le pouvoir d'achat: Notre territoire dont le coeur de clientèle se situe dans les couches moyennes est touché bien plus que d'autres par les budgets contraints des ménages et ( ou) l'ambiance pesante de la flambée des prix.
A cela s'ajoute le problème de l'image du lac de Serre-Ponçon. Le battage médiatique de l'année dernière sur le lac vide et les approximations du discours médiatique ont convaincu une bonne part de la clientèle que le lac était dorénavant vide...
C'est finalement le même syndrome que la chute de fréquentation après un hiver sans neige où la saison suivante est en berne alors qu'il y a de la neige.
Et en matière de "bad buzz", Serre-Ponçon a été servi jusqu'à la visite du président de la république venu à Savines illustrer le problème de l'eau en France!
Le lac est pourtant magnifique cette année mais le mal a été fait : on trouve même des touristes qui ont maintenu leurs habitudes et qui n'en reviennent pas de voir le lac aussi beau! Une campagne de presse et de com sur la beauté du lac n'aurait pas été un luxe.
Seulement voilà convaincus que les Alpes du Sud allaient se remplir toutes seules (comme le lac)! en juillet et août, les acteurs ont conservé leur stratégie visant à communiquer sur les débuts et queues de saison.... Raté.
Plus inquiétant, la montagne qui était en 2è position des choix des français derrière la mer et devant la campagne et la ville se retrouve cet été en dernière position... Quant à la fraîcheur, ils sont nombreux à être allé la chercher en Normandie ou en Bretagne.
Et comme si cela ne suffisait pas , les étrangers notamment les belges ont un peu disparus...
Conséquence un été en berne à ce stade qui sera, on l'espère sauvé par un bon mois d'aout si la météo est d'accord avec l'espoir, comme on l'a déjà vu ,d'une belle fin de saison accentuée par une rentrée scolaire tardive.
Quant à la saison 2024, on peut d'ores et déjà compter sur le "booster" que constituera le tour de France et qui restera globalement 4 jours dans les Alpes du Sud du 15 au 19 juillet et qui passera dans presque dans chaque vallée :
Arrivée à Super-Dévoluy et à Barcelonnette: le Sauze-Super Sauze , Départ de Gap et d'Embrun, des rendez-vous à confirmer et à affiner dans les semaines qui viennent.
Reste à minima ce début d'été difficile qui ne sera pas sans conséquences sur l'économie et qui doit appeler à notre sens à un travail encore plus collectif sur la destination globale et non pas sur chaque site.
A l'image de la corse qui connait le même problème, cette saison nous appelle à relever les manches et nous rappelle que ...
rien n'est acquis
Jean-Marc Passeron