Publié par Jean Eymar le jeu, 26/10/2023 - 10:30

C'est le jeudi 2 novembre que sera présenté à Gap, le plan de Résilience de Serre-Ponçon sur la base de la consultation initiée par le SMADESEP ( le syndicat qui gère la retenue et ses rives) et après de nombreux ateliers de travail qui ont associés 500 personnes.
Ce sont des actions concrètes qui devraient être présentées dans le cadre du changement climatique avec entre autre le sujet, si compliqué, de la diversification touristique...
Il y a urgence: L'été 2023 a été mauvais pour ne pas dire catastrophique en Juillet sur les rives du lac et pour cause; Une année complète de Serre-Ponçon "bashing" après les problèmes de remplissage de la retenue en 2022. Un sacré coup dur avec des touristes potentiels convaincus que le lac était vide après le matraquage médiatique aidé, ,il est vrai ,par les institutions puisque le chef de l'Etat est venu en personne à Savines le Lac poser le problème et les enjeux.de l'eau en France ! Et évidement au moment où le lac était vide comme chaque hiver...
Un exemple parmi tant d'autre ICI
Aujourd'hui encore, il y a en France un "problème Serre-Ponçon" ce qui est faux, et on l'a bien vu cet été avec un lac magnifique.Il serait ...urgentissime d'éviter que Serre-Ponçon ne devienne l'emblème du problème de l'eau en France
Au regard de son poids essentiel pour l'économie des Hautes-Alpes et de l'Ubaye il y a semble t-il urgence à communiquer sur le lac par tous moyens jusqu'à faire le tour des rédactions parisiennes pour expliquer les choses et stopper cette forme de descente aux enfers en acceptant peut-être aussi l'idée de communiquer sur Juillet et Aout où ; on l'a vu, la forte fréquentation n’est pas un fait acquis....
Problème aussi , le fait que les Hautes-Alpes n'ont pas vraiment la main. Un coup de fil de Macron comme cette année après sa venue et EDF est encore plus vigilante que le cadre légal lui impose... Mais sans coup de fil ?
A ce stade, EDF promet un remplissage optimal 8 années sur 10 au regard de la forte demande d'eau en aval... à ce stade...
La loi fondatrice de 1955 à revoir ?
Alors un chantier lourd et essentiel va devoir être mis en œuvre avec au cœur du sujet la gestion de l'eau et le juste équilibre entre le monde agricole qui utilise l'eau puisque la loi de 1955 indique que le barrage et fait pour maîtriser la Durance, l'arrosage en Provence et la production hydroélectrique...
La question de revoir cette loi de 1955 se pose donc pour y intégrer la vocation touristique du lac car après tout est-il vraiment normal qu'un territoire qui cumule beaucoup de difficultés donne gratuitement sa principale richesse?
On avait même vu à une époque "notre" eau vendue et transportée par container à Barcelone...
Ce cadre légal doit forcément être revu puisque cette loi d'origine contraint les montagnards à s'en remettre au bon vouloir EDF. Mais qu'en sera t'il après 2051 lorsqu’un nouveau concessionnaire sera choisi? aura t-il la même bonne volonté sachant que la loi à ce stade ne le contraint pas à prendre en compte l'activité touristique d'une poignée de montagnards face aux enjeux énergétiques, agricoles et urbains? Par anticipation, le département des Hautes-Alpes envisage d'ailleurs de prendre la gestion de la retenue en concession aux côtés d'EDF.
Inscrire la vocation touristique du lac dans la loi devrait devenir une priorité pour l'économie mais aussi pour les autres conséquences comme les vents de sable autour d'Embrun.
Parmi les autres enjeux et questions, comment amener les arrosants de Provence à mettre en place un arrosage plus économe en eau, vaste chantier d'autant que le monde agricole ne se gène pas à rappeler en substance que nourrir les gens est plus important que de faire du bateau...
Une nouvelle convention signée avec EDF pour 2 ans : elle prévoit 2 années difficiles tous les 10 ans
En attendant, une nouvelle convention a été signée avec EDF le 25 juin 2022 ... pour deux ans ....
L'entreprise s'engage "à participer" aux financements des équipements mais EDF a aussi revu ses engagements de remplissage à la baisse .
C'est en 2008 que l'objectif moyen estival de 775 m a été mis au point puis a fait l'objet d'une convention spécifique en 2015 qui prévoyait toujours une côte moyenne estivale supérieure à 775 m "hors année particulièrement sèche dont l’occurrence est estimée à une fois tous les 10 ans". A cela s'était greffé à notre connaissance en 2015, l'objectif d'être à la côte maximale soit 780 au 1er juillet, l'essentiel étant bien entendu la moyenne sur l'été.
La convention signée avec EDF le 25 juin 2022 prévoit que dans l'avenir l'occurrence de ne pas pouvoir tenir la côte moyenne de 775 serait de 2 fois tout les 10 ans plutôt qu'une. Elle vise à anticiper en prévoyant un plan d'investissement sur 10 ans d'un montant de 10 à 20 millions d'euros auquel participera EDF.
Le titre "l'eau vive" de Jean Giono pour raconter l'histoire du barrage parait décidément bien inspiré...
Jean-Marc Passeron
Retour sur notre édito de cet été
Les Alpes du Sud, au sens des Hautes-Alpes et des Alpes de Haute-Provence, s’étaient habituées ces dernières années à des saisons estivales très réussies pour le plus grand bonheur de leur économie si dépendante de la fréquentation touristique
Malgré l'incident, ponctuel, du non remplissage de la retenue de Serre-Ponçon lors de l'été 2022, les acteurs se posaient des problèmes de riches:
- Comment résoudre le problème de la sur fréquentation de la Montagne l'été?
- Comment avoir plus de monde en début et fin de saison?
- Comment gérer l'afflux massif de la clientèle du sud qui aller remonter en masse dans les montagnes pour fuir la canicule?
Las, cette saison estivale nous rappelle à l'humilité et aux fondamentaux...
La fréquentation est en net recul et on peut parler pour simplifier d'un mois de juin très mauvais et d'un mois de juillet mauvais tout court.
Tous les chiffres circulent : -13% en juillet dans les Hautes-Alpes, -19% en juillet en Ubaye, mais ils cachent de grandes disparités.
Ainsi les refuges font le plein d'une manière surprenante y compris pour leurs responsables. Certains spots s'en sortent bien comme la Baie-Saint-Michel au bord du lac de Serre-Ponçon mais avec beaucoup beaucoup de clientèle locale.
Ailleurs, c'est une impression déroutante de début de saison qui prédomine. Des villages touristiques vide le soir, des prestataires d'activités perplexes, des hébergements à - 40% en juin et -20 voire -30% en juillet...
Parmi les explications qui se complètent les unes et les autres, la volonté des français après le Covid d'aller faire un tour à l'étranger et on a assisté en effet cet été à une explosion de ces destinations.
Autre motivation de cette chute libre, le pouvoir d'achat: Notre territoire dont le coeur de clientèle se situe dans les couches moyennes est touché bien plus que d'autres par les budgets contraints des ménages et ( ou) l'ambiance pesante de la flambée des prix.
A cela s'ajoute le problème de l'image du lac de Serre-Ponçon. Le battage médiatique de l'année dernière sur le lac vide et les approximations du discours médiatique ont convaincu une bonne part de la clientèle que le lac était dorénavant vide...
C'est finalement le même syndrome que la chute de fréquentation après un hiver sans neige où la saison suivante est en berne alors qu'il y a de la neige.
Et en matière de "bad buzz", Serre-Ponçon a été servi jusqu'à la visite du président de la république venu à Savines illustrer le problème de l'eau en France!
Le lac est pourtant magnifique cette année mais le mal a été fait : on trouve même des touristes qui ont maintenu leurs habitudes et qui n'en reviennent pas de voir le lac aussi beau! Une campagne de presse et de com sur la beauté du lac n'aurait pas été un luxe.
Seulement voilà convaincus que les Alpes du Sud allaient se remplir toutes seules (comme le lac)! en juillet et août, les acteurs ont conservé leur stratégie visant à communiquer sur les débuts et queues de saison.... Raté.
Plus inquiétant, la montagne qui était en 2è position des choix des français derrière la mer et devant la campagne et la ville se retrouve cet été en dernière position... Quant à la fraîcheur, ils sont nombreux à être allé la chercher en Normandie ou en Bretagne.
Et comme si cela ne suffisait pas , les étrangers notamment les belges ont un peu disparus...
Conséquence un été en berne à ce stade qui sera, on l'espère sauvé par un bon mois d'aout si la météo est d'accord avec l'espoir, comme on l'a déjà vu ,d'une belle fin de saison accentuée par une rentrée scolaire tardive.
Quant à la saison 2024, on peut d'ores et déjà compter sur le "booster" que constituera le tour de France et qui restera globalement 4 jours dans les Alpes du Sud du 15 au 19 juillet et qui passera dans presque dans chaque vallée :
Arrivée à Super-Dévoluy et à Barcelonnette: le Sauze-Super Sauze , Départ de Gap et d'Embrun, des rendez-vous à confirmer et à affiner dans les semaines qui viennent.
Reste à minima ce début d'été difficile qui ne sera pas sans conséquences sur l'économie et qui doit appeler à notre sens à un travail encore plus collectif sur la destination globale et non pas sur chaque site.
A l'image de la corse qui connait le même problème, cette saison nous appelle à relever les manches et nous rappelle que ... rien n'est acquis
Jean-Marc Passeron